Le général d’armée Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’ANP, s’est déplacé hier au Brésil pour prendre part à la 13e édition de l’Exposition de la Défense et de la Sécurité (LAAD-2023), qui s’ouvrira aujourd’hui à Rio de Janeiro.
Répondant à l’invitation du secrétaire des produits de la Défense brésilienne, le major-brigadier Rui Chagas Mesquita, le général d’armée Saïd Chanegriha effectue sa visite en tant que représentant du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Selon un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN), cette visite, première du genre pour le général d’armée Saïd Chanegriha au Brésil, vise à renforcer la coopération entre l’ANP et les forces armées brésiliennes.
Outre la coopération en matière de défense et de sécurité, cette visite sera également une opportunité pour les deux parties d’«examiner les questions d’intérêt commun», a précisé le communiqué du MDN. Avant de se rendre au Brésil, le chef d’état-major de l’ANP s’est déplacé en France puis en Serbie. La coopération militaire entre l’Algérie et le Brésil existe depuis de longues années.
En effet, en 2008, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, alors chef d’état-major de l’ANP, s’est rendu à Brasilia à l’invitation de son homologue brésilien où il a eu à visiter les sites de production de l’industrie de l’armement dont dispose ce grand pays de l’Amérique du Sud. En 2018, l’Algérie a signé un accord de coopération de défense avec le Brésil.
Cet accord, qui a été ratifié par le Sénat brésilien en 2022, prévoyait l’intensification des échanges en matière de renseignement ainsi que la formation de personnels et l’acquisition d’armes, d’équipements militaires et de systèmes d’armes.
Pays émergent avec un maillage industriel conséquent, le géant latino-américain a pu s’imposer, au fil des ans, comme acteur important dans le marché global de l’armement. Avec plus de 150 entreprises, le secteur de l’armement pèse plus de 64 milliards de dollars dans ce pays. L’ANP pourrait ainsi bénéficier de l’expérience brésilienne en matière de fabrication de certains équipements militaires essentiels.
Plusieurs fournisseurs en course
L’Algérie s’emploie depuis de longues années à diversifier son armement. Outre la Russie qui demeure son principal fournisseur en armement stratégique, l’Algérie s’est, au cours de ces 20 dernières années, tournée vers d’autres grands fabricants d’armes comme l’Allemagne, l’Italie, la Chine, la Grande Bretagne et les Etats-Unis.
En 2011, un grand contrat de plus de 14 milliards de dollars a été signé avec les grosses entreprises industrielles allemandes qui font aussi dans la fabrication d’équipements militaires, comme MAN, Rheinmetall, Daimler, ThyssenKrupp et European Aeronautic. L’ANP a même ouvert une usine Mercedès-Benz à Tiaret en coopération avec le Fonds d’investissement Emirati Aaba, premier actionnaire du constructeur automobile Daimler, détenteur des marques Mercedes-Benz, Smart et Maybach.
Aussi, l’armée algérienne s’est dotée d’un bâtiment de guerre italien capable de transporter plus de
400 hommes, des chars et trois hélicoptères ainsi de plusieurs frégates multi-missions furtives du constructeur italien Ficantierri. Lors de la visite à Alger en mai 2022 de son homologue italien Sergio Mattarella, le président Tebboune avait annoncé que la coopération avec l’Italie allait s’étendre au domaine de la construction navale militaire.
En février dernier, le ministre des Forces armées britannique, James Heappey, a effectué une visite en Algérie où il a rencontré le général d’armée Saïd Chanegriha. Dans un entretien accordé au site TSA, ce haut responsable britannique avait précisé que son pays cherchait à coopérer avec l’Algérie «en matière d’industrialisation de la défense» et de l’aider à «diversifier son équipement en matière de capacités de défense».
Un mois après, c’est la sous-secrétaire d’Etat américaine au contrôle des armements et à la sécurité internationale, Bonnie Denise Jenkins, qui a été reçue par le président Tebboune. Les opportunités de coopération militaires qui s’offrent à l’Algérie sont donc nombreuses.
Celle avec le Brésil est aujourd’hui appelée à se développer davantage avec notamment le retour au pouvoir de la figure historique du Parti des travailleurs brésilien, Lula da Silva. En plus de la coopération militaire, l’Algérie œuvre à avoir le Brésil comme soutien à son adhésion aux BRICS.
L’adhésion de l’Algérie à cette alliance économique de grande envergure a déjà eu le soutien de la Chine, de la Russie et de l’Afrique du Sud.