Publié hier, le rapport de la première réunion des experts du Comité d’urgence du règlement sanitaire international consacrée à la recrudescence de l’épidémie de Mpox en 2024, et à laquelle a pris part le 1er responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), fait état de l’«inquiétude» du Comité d’urgence de règlement sanitaire international face à «l’évolution de la recrudescence multiforme de la Mpox, y compris les nombreuses incertitudes qui l’entourent et les capacités en place pour contrôler sa propagation».
Dans les conclusions de sa réunion à huis clos, le Comité a «reconnu le rôle essentiel de la coopération internationale coordonnée pour soutenir les efforts des Etats parties». Il a cependant indiqué, lit-on dans le rapport, «qu’il était nécessaire d’élaborer des approches stratégiques pour que les Etats parties deviennent plus autonomes dans la lutte contre la propagation de la Mpox».
Avant d’arriver à ces conclusions, le Comité a fait état en séance plénière de la situation épidémiologique mondiale liée à la propagation de la Mpox. Ainsi, durant les six premiers mois de 2024, il est noté que 1854 cas confirmés ont été signalés par les Etats parties de la Région africaine ; ce qui représente 36% des 5199 des cas observés dans le monde.
Parmi eux, 95%, soit 1754 (sur les 1854) ont été enregistrés en République démocratique du Congo (RDC), qui connaît, selon le rapport, «une recrudescence» des contaminations. Cette recrudescence, souligne le rapport, «est due à des épidémies associées à deux sous-clades du virus de la variole du singe (MPXV) de clade I – clade Ia et clade Ib.
Le clade I du virus de la variole du singe a été classiquement décrit dans des études menées par l’OMS dans les années 1980 comme ayant un taux de mortalité d’environ 10%, la plupart des décès survenant chez les enfants.
Les données disponibles pour 2024 montrent un taux de mortalité agrégé de 3,6%, et la propagation est probablement soutenue par de multiples modes de transmission, y compris la transmission de personne à personne suite à une introduction zoonotique dans une communauté», expliquent les experts dans leur compte rendu.
«Surinterprétation» des données ?
L’épidémie associée au clade Ib en RDC touche principalement les adultes et se propage rapidement, soutenue en grande partie, mais pas exclusivement, par une transmission liée au contact sexuel et amplifiée dans les réseaux associés au commerce du sexe et aux travailleurs du sexe.
Les experts de l’Oms estiment que la présentation clinique de la Mpox associé au clade Ia du MPXV a toujours été caractérisée par une maladie plus grave que celle associée au clade II du MPXV.
Pour les auteurs du rapport, «il n’y a pas encore suffisamment d’informations disponibles pour caractériser pleinement la gravité de la Mpox au clade Ib», car, expliquent-ils, «les données émergent et, jusqu’à présent, peu de décès ont été enregistrés, ce qui empêche les analyses stratifiées par âge». Ils mettent en garde contre une «surinterprétation des données disponibles pour calculer les taux de létalité bruts par différents clades/épidémies».
Pour faire face à cette situation, l’OMS évoque des mesures «déjà prises pour soutenir les interventions de préparation et de réponse dans les Etats parties confrontés à une recrudescence des cas et à un tel risque», tel que «la libération de 1,45 million de dollars du Fonds de réserve de l’OMS pour les situations d’urgence ; le lancement du processus d’inscription sur la liste d’utilisation d’urgence de deux vaccins Mpox, la coordination avec les partenaires et les parties prenantes pour faciliter l’accès équitable aux vaccins, aux traitements et aux diagnostics, l’élaboration d’un plan de réponse régional, dont le coût initial s’élève à 15 millions de dollars, et plus encore».
Pour le comité, la Mpox «constitue un risque de santé publique pour d'autres Etats par le biais de la propagation internationale de la maladie». Des recommandations permanentes ont été transmises à tous les Etats parties de l’Oms, prolongées d’ailleurs jusqu’au 20 août 2025.
Elles consistent à inciter les Etats parties à «élaborer et mettre en œuvre des plans nationaux de lutte contre la Mpox, qui s’appuient sur les orientations stratégiques et techniques de l’OMS».
D’autres mesures sont également recommandées comme, entre autres, inclure la Mpox comme une maladie à déclaration obligatoire et renforcer les capacités de diagnostic de cette maladie virale appelée anciennement variole du singe, transmise par contact physique avec une personne infectée, un animal ou des objets contaminés.
Plus de 18 700 cas suspectés ou confirmés enregistrés en Afrique
L’Agence de santé de l’Union africaine (Africa CDC) a fait savoir que «18 737 cas suspectés ou confirmés de Mpox ont été enregistrés depuis le début de l’année en Afrique, dont 1200 en une semaine».
Dans un communiqué repris par des médias, l’Africa CDC a précisé qu’«il s’agit de 3101 cas confirmés et de 15 636 suspectés, tandis que 541 décès ont été enregistrés au total dans douze pays du continent», faisant remarquer que «plusieurs variants du virus ont été répertoriés».
La même source a noté que «plus de cas ont été dénombrés depuis début 2024 que durant toute l’année précédente (14 838)». Pour rappel, en République démocratique du Congo (RDC), épicentre de l’épidémie, 16 800 cas suspectés ou confirmés de Mpox ont été enregistrés. Les vingt-six provinces de la RDC – où habitent 100 millions de personnes – ont signalé des cas.
Le Burundi, frontalier de la RDC, a enregistré, pour sa part, 173 cas (134 suspectés et 39 confirmés), un nombre de cas en hausse de 75% en une semaine, selon les autorités. La semaine écoulée, Africa CDC avait déclaré «une urgence de santé publique», son plus haut niveau d'alerte, face à l'épidémie de Mpox en cours dans plusieurs pays du continent.
«La Mpox a désormais traversé les frontières, touchant des milliers de personnes à travers notre continent (...) J'annonce, le cœur lourd mais avec un engagement indéfectible envers notre peuple, envers nos citoyens africains, que nous déclarons la Mpox comme une urgence de santé publique» continentale, a dit le président de l'Africa CDC, Jean Kasenya, lors d'une conférence de presse.