Sid Ahmed Benaïssa, immense artiste, comédien et metteur en scène, est décédé vendredi dernier en France à l’âge de 78 ans. A Sidi Bel Abbès, les hommages pleuvent puisqu’il avait eu à diriger le Théâtre régional (TRSBA), durant les années 1990.
Sa disparition a suscité une profonde tristesse au sein de ses proches, amis et compagnons de scène. «Une voix rugueuse, des éclats de rire, du charisme», témoigne, en quelques mots, Hanitet, musicien-compositeur. Né à Nedroma (Tlemcen), Sid Ahmed a passé son enfance à Sidi Bel Abbès puis est parti s’installer à Alger.
Véritable icône du mouvement théâtral, acteur hors pair, colérique mais d’une rare sensibilité, «Ahmed a une présence imposante sur scène. Personne ne peut le nier», a publié, vendredi, sur sa page Ahmed Cheniki, auteur et universitaire.
Et d’ajouter : «Benaissa n’arrête pas de bouger, un bout de cigarette, une cigarette ‘morte au feu du tantôt’, une autre pollue encore plus les mots, il parle, volubile, s’arrête brusquement, puis raconte son enfance, Nedroma, Bel Abbés, ses péripéties françaises, ses bêtises, ses belles choses, ses amours, le théâtre, le cinéma. Ahmed est lui-même un théâtre (…) Il se met à se taper la poitrine, rit aux éclats, reprend une cigarette, il se met à sautiller, à courir sur place…»
A à peine 17 ans, celui que ses amis surnommaient affectueusement «la tempête» rallie l’Institut des arts dramatiques de Sidi Fredj, attiré très tôt par la magie des tréteaux. Homme de grande culture, doté d’une prestance remarquable sur scène, mais surtout à l’écran, Sidi Ahmed Benaissa a interprété des rôles dans la plupart des œuvres de Kateb Yacine. En 1971, Benaissa commence sa carrière au cinéma avec le film Étoile aux dents réalisé par Derri Benrkani.
Il a mis en scène sa première pièce Adjajbiya wa Ajaieb, en 1986, produite par le Théâtre national algérien (TNA). Il est surtout connu en Algérie pour ses rôles dans le cinéma, une trentaine de longs métrages et s’était distingué dans de grands rôles, notamment dans Bab El Oued City de Allouache, Hors-la-loi de Bouchareb, Morituri d’Okacha Touita, Bouamama de Benamar Bakhti, Les portes du silence de Amar Laskri et la comédie populaire le Clandestin.
A noter enfin que le Théâtre régional de Sidi Bel Abbès (TRSBA) a ouvert hier un livre de condoléances qui sera de mise jusqu’à mardi prochain et cela afin de permettre aux amis, proches, compagnons de la scène du défunt et autres admirateurs de lui rendre un ultime hommage dans le hall de ce théâtre qu’il a dirigé durant les années 1990.