Décès du chanteur Arno : Icône de la scène rock belge

25/04/2022 mis à jour: 01:16
AFP
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Photo : D. R.

Le chanteur Arno, figure belge de la scène rock, connu pour sa voix cassée mâtinée d’un accent flamand, sa chevelure en bataille et ses excès, est décédé samedi à l’âge de 72 ans, des suites d’un cancer

L’artiste, icône nationale dans son pays et parfois comparé à Alain Bashung ou Tom Waits, avait annoncé en février 2020 souffrir d’un cancer du pancréas. 

«Putain, putain c’était vachement bien. Il va nous manquer à tous, mais il sera toujours là grâce à la musique qui l’a fait tenir jusqu’au bout», a écrit son agent belge Filip De Groote. Né le 21 mai 1949 à Ostende, ville côtière flamande à laquelle il est resté très attaché et qu’il évoque dans ses chansons, Arno Hintjens avait débuté au sein du groupe TC Matic dans les années 80, avec la chanson Putain, putain («C’est vachement bien, nous sommes quand même tous des Européens»), reprise récemment en duo avec un autre Belge, Stromae. 

C’est en solo qu’il s’était ensuite révélé à un plus large public, grâce à des chansons comme Les yeux de ma mère. «C’est un immense chanteur et poète, le monument national belge. Et un monument d’Europe avec Putain, Putain...» «Il part au moment où on a le plus besoin d’Europe», a réagi auprès de l’AFP Boris Vedel, directeur du festival du Printemps de Bourges. 

«ÂME EUROPÉENNE» 

Le 21 février dernier, dans son habituel costume noir de scène, Arno avait été reçu au palais royal de Bruxelles par le roi Philippe, qui l’avait qualifié d’ «icône de la scène belge». 

Le chanteur, qui assurait «n’avoir pas de frontières dans la tête», «incarnait une certaine belgitude, l’âme européenne et bien sûr tant de poésie», a abondé la ministre wallonne Céline Tellier. «Rust zacht (repose en paix) Arno. C’était magnifique !», a réagi le Premier ministre belge, Alexander De Croo, en bilingue. 

Ostende «en deuil» a salué «une légende vivante», «l’un de ses principaux ambassadeurs» et précisé que les cendres de l’artiste seront dispersées en mer du Nord au large de sa ville natale. 

A Bruxelles, dont il était citoyen d’honneur, «nous ne verrons plus sa silhouette dans le quartier Sainte-Catherine. Putain putain, il nous manque déjà», s’est désolé le maire Philippe Close, tandis que ses titres résonnaient samedi soir sur la Grand-Place. 

Arno avait annoncé sa maladie en pleine promotion d’un album («Santeboutique», sorti en septembre 2019). 

Il avait dû interrompre sa tournée pour subir une opération. La pandémie a ensuite contrarié la reprise des spectacles, même s’il a pu enregistrer un nouvel album («Vivre», avec le pianiste français Sofiane Pamart, sorti fin mai 2021). 

Il était finalement remonté sur scène en février 2022, programmant une demi-douzaine de dates à Bruxelles et à Ostende pour une tournée baptisée «Vivre», ces cinq lettres éclairant en rouge une scène plongée dans le noir. 

«SEULE COMPTE LA VÉRITÉ» 

Durant ses derniers shows, l’artiste, assis devant un micro, visage amaigri, faisait régulièrement allusion à son état de santé et évoquait ses excès passés avec des titres comme Lady Alcohol. 

Après un morceau dans lequel il sifflotait accompagné au piano, il avait ironisé sur ses hésitations : «Désolé pour le sifflement, ça marche plus comme avant, c’est comme mon zizi», déclenchant les rires de l’assistance. 

Père de plusieurs garçons mais discret sur sa vie privée, Arno a souvent évoqué sa mère, décédée prématurément. 

Récemment, après avoir chanté Les Yeux de ma mère, un de ses titres-phares, il avait confié au public qu’il allait bientôt aller la rejoindre «là-haut». 

Le chanteur avait dû annuler la dernière date de cette mini-tournée, le 15 mars à l’Ancienne Belgique (AB), salle rock mythique de Bruxelles. 

«Dans l’état où je suis, le passé n’existe plus, seule compte la vérité», confiait Arno le 23 mars lors d’un ultime entretien à France Inter. 

«La musique me sauve encore en préservant mon état d’esprit», ajoutait-il, assurant qu’il se préparait à interpréter un titre avec... Mireille Mathieu, réorchestration d’une chanson de celle-ci, «Paloma Adieu». Mireille Mathieu enregistrait justement samedi sa partie dans un studio du sud de la France. 

«J’ai appris la terrible nouvelle à la fin de la séance, son départ me touche au plus profond de moi», a-t-elle indiqué à l’AFP. 

«Son désir presque testamentaire était d’enregistrer un duo avec moi. Il y a deux semaines à Bruxelles, il a enregistré sa voix avec beaucoup de courage. Arno était un véritable poète, avec une façon bien particulière de se raconter à travers ses chansons», a-t-elle poursuivi. 

«J’ai eu une vie merveilleuse», avait également observé Arno sur France Inter. «J’ai voyagé partout dans le monde grâce à la musique, j’ai joui de la vie. Je prends ce bonheur avec moi. Merci la vie !» 

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