Décès de Régine, reine de la nuit : Une dame «d’affaires»

04/05/2022 mis à jour: 00:55
AFP
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Régine gérera au total une vingtaine de clubs fréquentés notamment par Andy Warhol, Liza Minelli, les Rothschild ou les Kennedy

Longtemps reine des nuits parisiennes, chanteuse populaire et femme d’affaires, Régine, décédée dimanche à l’âge de 92 ans, était connue du public pour des chansons comme La grande Zoa, Azzurro, Les p’tits papiers ou Patchouli Chinchilla. 

De grands noms de la chanson française, comme Charles Aznavour ou Barbara, ont signé des tubes pour cette battante pragmatique, mélancolique et pleine d’humour, à la voix envoûtante et légèrement éraillée. Elle a aussi fait du cinéma, figurant au générique d’une dizaine de films. Régina Zylbergerg est née le 26 décembre 1929 à Anderlecht (Belgique), de parents juifs polonais. 

Dans le sud-est de la France, en 1941, elle échappe à la déportation grâce à des Français non juifs, auxquels elle vouera une reconnaissance éternelle. 

A la Libération, son père ouvre un bar à Paris. Elle prend goût aux sorties en boîte de nuit. Un ami lui confie l’animation d’une discothèque dans le centre de Paris, Le Whisky à gogo. Elle s’amuse parfois à y danser avec un verre plein sur la tête, mais se targue de ne jamais boire d’alcool. En 1956, elle inaugure sa première discothèque, Chez Régine, dans le quartier latin. Elle enchaîne avec le New Jimmy’s, à Montparnasse, où l’on danse des twists endiablés. «Le temps passé à dormir est du temps perdu», assurait-elle. Puis suivront New York et Monaco, le Brésil, la Malaisie... Régine gérera au total une vingtaine de clubs fréquentés notamment par Andy Warhol, Liza Minelli, les Rothschild ou les Kennedy. 

La femme au boa 

Elle découvre le music-hall dans les années 60. Après être passée par l’Olympia à Paris, elle chante au Carnegie Hall de New York en 1969, devenant - avec notamment Edith Piaf - une des rares françaises à avoir conquis l’Amérique. Parallèlement, avec son second mari, l’homme d’affaires Roger Choukroun, épousé en 1969, elle continue l’expansion de ses entreprises. Elle crée notamment une carte de membre donnant accès à tous ses clubs dans le monde. Jusqu’à 20.000 personnes paient fort cher pour cette carte dans les années 1980. Le couple investit dans l’hôtellerie, la restauration, lance des lignes de vêtements, de parfums, parraine des croisières luxueuses... Régine sait mobiliser les «célébrités» pour des causes importantes à ses yeux comme la lutte contre la drogue, lançant l’association «SOS Drogue international».

 En 2008, son «ami», le président Nicolas Sarkozy, qu’elle accompagne en déplacement en Israël, l’élève au rang d’officier de la Légion d’honneur. Ironie du sort, une perquisition cause en 1996 la fermeture du Palace, club mythique qu’elle possédait depuis quatre ans, après la découverte de produits stupéfiants. En 2004, elle se sépare de la plupart de ses clubs. Et divorce de son mari. Deux ans plus tard, elle perd son fils unique, le journaliste Lionel Rotcajg, né d’un premier mariage. «Je suis exhibitionniste. Mais j’ai toujours été malheureuse avec dignité», lâche-t-elle, soucieuse de ne pas étaler sa peine sur la place publique. En 2009, elle doit vendre sa discothèque Chez Régine près des Champs-Elysées, longtemps rendez-vous incontournable de la jeunesse dorée parisienne. Celle qui disait dépenser une fortune chaque jour affirme alors être «ruinée».

 Ce qui ne l’empêche pas de multiplier talk-shows et concerts. Enveloppée de son légendaire boa, à 86 ans, elle chantait encore en 2016 aux Folies-Bergères avec son entrain coutumier, Je survivrai, reprise du tube de Gloria Gaynor. 

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