Plus connue à Constantine par le surnom de Hadja Tata, la moudjahida Fatima-Zohra Saâdaoui s’est éteinte, dans la journée de jeudi, à l’âge de 91 ans.
Femme au parcours exceptionnel, Hadja Tata, née le 16 février 1931, travaillait comme infirmière à l’hôpital civil de Constantine, quand elle avait rejoint le front FLN-ALN de la ville durant la Guerre de libération à la fin de l’année 1956.
Elle sera arrêtée à cinq reprises pour subir la torture au commissariat central de Constantine, mais aussi au fameux centre de l’ex-DST situé dans le quartier de Bellevue. Mais à chaque fois, elle avait fait preuve d’un courage exceptionnel durant ces épreuves qui lui avaient donné encore plus de force. Alors qu’elle avait tous les atouts pour fonder une famille et vivre paisiblement au lendemain de l’indépendance, Hadja Tata avait choisi de s’engager dans un autre front, celui de l’action sociale et caritative. Elle était la première à fonder un centre pour enfants de chouhada en Algérie au mois de novembre 1962. Le centre qui avait été inauguré par le défunt président Ahmed Ben Bella, en présence du regretté Houari Boumediène, avait son siège à l’actuelle place Khemisti, abritant une station de bus.
Un fait qui restera dans les annales de la ville de Constantine. Le centre, qui avait fermé ses portes, avait été transformé en centre de transit pour familles sinistrées. Dans ce projet, Hadja Tata avait pour but d’assurer une prise en charge digne aux enfants qui se sont retrouvés sans parents à la fin de la guerre et assurer leur scolarité et leur formation. Plusieurs d’entre eux ont réussi dans leur cursus scolaire, et certains sont devenus des cadres. «Hadja Tata était notre mère ; elle veillait sur nous, même lorsqu’on est devenus des pères de famille», ont témoigné certains d’entre eux, dans un documentaire télévisé consacré à cette grande dame. Hadja Tata poursuivra son chemin en apportant aide et assistance aux personnes aux besoins spécifiques.
Le meilleur ouvrage qui a été consacré à sa vie, son parcours de militante et ses œuvres a été sans conteste le livre Tata, une femme dans la ville, écrit par le défunt Abdelmadjid Merdaci, et paru en 2008 aux éditions Champ libre. Il demeure un précieux témoignage pour l’histoire qui retiendra l’image d’une femme très respectée, généreuse et d’une grande humilité.
L’enterrement de la défunte a eu lieu, après la prière d’El Asr du jeudi, au cimetière central dans la ville de Constantine.