Les débats à l’APN autour du projet de loi de finances pour 2025 ont été marqués par des interventions de chefs de groupes parlementaires plaidant en faveur d’un retour aux fondamentaux, précisément ceux contenus dans la Constitution.
La référence permanente aux attentes des citoyens et à leurs conditions de vie s’inscrit en droite ligne des dispositions de la Loi fondamentale qui stipule dans son article 117 : « Dans le cadre de ses attributions constitutionnelles, le Parlement doit rester fidèle à la confiance du peuple et de ses aspirations ».
La mission de « contrôle de l’action du gouvernement » est également rappelée dans l’article 115. Les députés qui ont la latitude, mais également l’obligation, de s’imprégner des réalités vécues dans le pays, ont conscience qu’ils ne pourront pas considérer les séances plénières au Parlement comme un prolongement des réunions au gouvernement.
Ils jugent, à raison, et à propos du sujet de l’heure, qu’il n’est pas possible de faire admettre aux citoyens que l’inflation peut paradoxalement reculer à un moment où les prix connaissent une hausse tous azimuts. L’état des lieux étant établi à ce niveau de représentation populaire, il restera à ouvrir des débats cruciaux encore en instance, dans l’optique de mettre en adéquation la vie sociale avec le potentiel économique et financier du pays. La réforme du système de subvention, évoquée à plusieurs reprises notamment par des spécialistes, a été réitérée par les parlementaires à l’occasion du débat autour du PLF-2025.
La subvention ciblée ou modulée, à l’opposée de celle généralisée en vigueur, est en fait plus simple à énoncer qu’à mettre en œuvre. Un chantier d’envergure attend les pouvoirs publics et les élus et il est relatif à l’éradication ou la réduction de l’informel qui gangrène nombre de secteurs de la vie nationale, et n’ayant pas pour seul effet de grever lourdement le Trésor public. Il empêcher d’élaborer une cartographie fiable du pouvoir d’achat à l’échelle des individus et des ménages, pouvant ainsi amener les franges de la population les plus aisées à se déclarer sans revenus et éligibles aux affectations directes d’argent public.
La protection de la classe sociale intermédiaire est l’une des conditions d’un renouveau global dans le pays. La complexité des défis commande l’engagement, pas seulement des élus du peuple, mais aussi des compétences pouvant apporter leur expertise en s’appuyant sur les données réelles du terrain.
La Constitution en vigueur garantit à l’opposition parlementaire « la participation effective aux travaux législatifs et au contrôle de l’action gouvernementale (art.116) », et c’est à ce titre que le chef du groupe du MSP a participé à un débat contradictoire lors de l’examen du projet de loi de finances. Il faut rappeler que le premier responsable de cette formation politique s’était déjà illustré lors de la dernière campagne présidentielle par des propositions s’inscrivant au cœur de la problématique nationale.
En réponse à un jeune demandeur d’emploi, il dira que son programme prévoyait de réaménager l’indemnité de chômage et de la destiner à un projet de création d’activité, à commencer par l’agriculture, la transformation et la distribution. Le leader de ce mouvement apportait en fait une réponse anticipée au débat actuel, à savoir que la production est le moyen le plus sûr pour faire reculer l’inflation.
D’autres acteurs politiques, comme le président du FFS, ont appelé à des élections législatives et locales anticipées auxquelles participera un plus grand nombre d’organisations représentatives au sein de la société. Une perspective qui favorisera une décantation de la vie publique et du débat politique, en permettant une réappropriation des prérogatives des instances élues, notamment celle investie du pouvoir législatif et de contrôle de l’action du gouvernement.
Par Djaffar Tamani