«Reprendre les richesses nationales et s’emparer du contrôle de l’économie représente un acte de libération d’une grande portée politique.» (Charte nationale).
I
l y a 52 ans jour pour jour, le Président défunt Houari Boumediene annonçait dans un important discours la nationalisation des hydrocarbures. La nouvelle allait tomber comme une bombe sur les télescripteurs des multinationales et des différentes rédactions étrangères.
Par cette décision historique, l’Algérie prenait en main les destinées de son industrie pétrolière et gazière, mettant ainsi fin à un type de rapport néocolonialiste favorisant une mainmise et un pillage féroce de ses ressources énergétiques par des monopoles étrangers.
Les commentaires allaient bon train. Pour certains spécialistes occidentaux, cette décision (qui est, en fait, un acte de souveraineté nationale) n’était qu’une utopie, voire un feu de paille, arguant le manque de cadres à l’époque, les plus sceptiques n’hésitaient pas à prédire en plus de l’arrêt total de la production pétrolière, le fiasco économique pur et simple du pays.
CHANTAGE ET BOYCOTTAGE
Dans un premier temps et pour combler le départ massif des étrangers, Sonatrach fit appel aux agents et techniciens algériens employés par les sociétés françaises dans le sud du pays, aux stagiaires des Instituts, tels que l’IAP de Hassi Messaoud ainsi qu’aux jeunes pétroliers sous les drapeaux qui vinrent renforcer l’effectif de cadres déjà sur place. Cette solution s’avéra adéquate, puisque les forages continuèrent de plus belle, avec un nombre d’appareils de forage plus important et les raffineries ne s’arrêtèrent guère. On arriva même à une augmentation sensible de la production.
Cette prise en main s’est accompagnée d’une formation massive d’ouvriers et de cadres algériens, changeant ainsi la physionomie de l’activité pétrolière dans le sens d’une algérianisation toujours plus grande. La main sur le cœur, les multinationales prirent alors conscience de la réalité algérienne et de la part du gâteau qui leur échappait. L’appareil grossissant de l’intox occidental et les mass media déploient leurs batteries et partent en guerre contre l’Algérie. Une campagne hystérique visant la communauté algérienne en France coûta la vie à plusieurs de nos compatriotes. Les pressions allant du chantage économique au boycottage du pétrole «rouge» algérien se multiplièrent sans pour autant ébranler la politique antimonopole suivie par la direction politique.
Loin de se cantonner dans le rôle de simple fournisseur de matières premières brutes et de réservoir de carburant pour les pays étrangers, aguerrie et mûrie dans le feu de l’action, Sonatrach rentrait ainsi de plain-pied dans l’échiquier mondial des sociétés pétrolières et s’imposait en tant qu’entité nationale souveraine, partenaire à part égale et représentant d’un pays du Tiers-Monde.
GAZ : LA DEUXIÈME BATAILLE
L’expérience algérienne allait servir de modèle à d’autres pays producteurs de pétrole qui allaient se regrouper au sein de l’OPEP en vue de lutter contre le gaspillage, de sauvegarder leurs réserves et préserver leurs intérêts contre les appétits démesurés des géants du Cartel mettant un terme à l’appétit des superprofits.
La décision historique du 24 Février 1971 n’est donc ni le fait du hasard ni celui d’une politique irréfléchie. Elle découle d’un processus naturel des pays à disposer de leurs richesses et fait partie d’une stratégie globale de développement socioéconomique planifiée et menée en corrélation avec les options politiques du pays en fonction des impératifs dictés par les intérêts nationaux de l’Algérie.
Hier pétrole «rouge» et gaz qu’on voulait à bas prix, les discours ont aujourd’hui évolué pour prendre un virage tout autre, contraignant ainsi les pays importateurs à plus de pondération et des relations commerciales apaisées dictées par une conjoncture géopolitique où la problématique de la disponibilité et des livraisons a lourdement impacté ces pays qui n’ont eu d’autre alternative que de parvenir également à un consensus sur la réalité des prix.
Une demande sans cesse croissante, une production qui se veut en adéquation pour répondre, un tant soit peu, aux besoins exprimés, une revalorisation des prix du pétrole et du gaz accompagnée par de nouvelles découvertes ainsi qu’une augmentation des capacités de production et de transport, par Sonatrach, sont autant d’atouts et de paramètres économiques favorables à la mise en œuvre d’une stratégie devant booster le développement socioéconomique du pays. Cependant, l’embellie financière, même si indispensable aujourd’hui, ne doit nullement se faire au détriment d’une exploitation rationnelle des gisements et des conditions techniques optimales qui demeurent l’unique alternative en mesure de préserver l’avenir des générations futures, en attendant le développement de nouvelles ressources énergétiques dans le pays.
Par Lallam Nabyl