Dans une étude sur la prospective en matière de sécurité alimentaire : Appel à de nouvelles approches dans la conception et la conduite de l’action publique

12/07/2022 mis à jour: 03:11
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Dans un article publié dans un numéro spécial des Cahiers du CREAD à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance, un groupe de chercheurs s’est penché sur les nouvelles orientations des politiques de soutien des systèmes productifs agricole et halieutique.

L’étude, intitulée «Les politiques de soutien à l’agriculture et la pêche en Algérie - Une prospective stratégique vers la sécurité alimentaire durable 2035», a ciblé deux secteurs déterminants de la sécurité alimentaire en Algérie, à savoir l’agriculture et la pêche.

Et ce, à travers une analyse en prospective stratégique à 2035 identifiant ces orientations à l’ère des bouleversements à l’échelle mondiale et des menaces récurrentes sur la sécurité alimentaire, comme c’est le cas actuellement avec le conflit russo-ukrainien.

Pour les signataires de l’étude, au nombre de six, dont l’ancien ministre de l’Agriculture et de la Pêche, le défunt Sid Ahmed Ferroukhi, il est nécessaire de préparer l’Algérie à faire face aux enjeux du «temps long et court» ; d’agir maintenant et d’aller plus loin «qu’en lieu et place» d’ajustements à la marge. Ils estiment que ces nouvelles politiques doivent accompagner «un double changement de paradigme».

C’est-à-dire celui du modèle alimentaire et des systèmes productifs agricole et halieutique. «La mise en place d’une politique transversale de la sécurité alimentaire en Algérie apparaît alors comme indispensable pour promouvoir et réussir cette nouvelle dynamique», appellent les six chercheurs.

Pour ces derniers, la pandémie de Covid-19 et plus récemment la crise ukrainienne ont remis à l’ordre du jour, de l’agenda international, la problématique de la sécurité alimentaire et de sa résilience aux chocs systémiques. Ces crises ont en effet renforcé le principe de disposer, pour chaque pays, d’une souveraineté sanitaire «a minima».

Deux leçons globales sont à retenir, particulièrement pour les pays en développement, celles d’une nécessaire double «démondialisation» de leurs systèmes alimentaires (souverainisme alimentaire) et de leurs systèmes de santé, expliquent à ce sujet les rédacteurs de l’étude.

L’Algérie devrait justement, selon la même source, miser sur la prospective stratégique de sécurité alimentaire pour éclairer et orienter l’action des acteurs des politiques agricoles et de la pêche.

Il s’agit d’aller vers une meilleure connaissance des tendances lourdes du passé récent et la prise en compte des enjeux de l’avenir. L’objectif étant d’assurer l’efficacité et l’efficience des politiques publiques de la pêche et de l’agriculture qui dépendent justement, selon les rédacteurs de l’étude, du rapport de confiance existant et de sa permanence entre les pouvoirs publics et les acteurs que de la technicité du processus.

«Ces politiques obéissent, aussi, au jeu de pouvoirs et enjeux entre les différents acteurs de la chaîne d’intervenants influents sur la sécurité alimentaire», précise encore l’étude, rappelant dans ce sillage que «les politiques sectorielles partielles et segmentées construites, sous la seule impulsion de l’Etat, sont dépassées et demandent des efforts et des coûts de coordination sans commune mesure avec leurs effets réels».

Et c’est le cas depuis de nombreuses années avec ce qui s’est fait dans le cadre des différents programmes sectoriels de développement. Les politiques ont été souvent faites et arrêtées sans concertation avec les acteurs du terrain. D’où les maigres résultats.

D’où aussi la nécessité de mettre en œuvre de «nouvelles approches» en matière de conception et de conduite de «l’action publique» dans les secteurs de la sécurité alimentaire. «De nouvelles politiques publiques doivent émerger de caractère plus transversal, participatif, inclusif et favorisant l’innovation et la mise en valeur de nouvelles ressources pour l’alimentation et les autres utilisations», souligne l’étude.

Et de conclure : «Les clés de réussite de cette démarche collective de changement sont certainement dans la conscience et la confiance dans cette vision partagée du futur avec les acteurs, constamment renouvelée à l’épreuve des réalités et des évaluations objectives sur le terrain.» 

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