Dans l’Arctique suédois, le déménagement compliqué d’une ville minière de 18 000 habitants

21/01/2023 mis à jour: 05:05
AFP
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A chaque fois qu’il vante le   déménagement pharaonique du centre de sa ville dans l’Arctique suédois, le   maire de Kiruna Gunnar Selberg se fait sermonner par une citoyenne très   insatisfaite: sa femme. «Je lui dis : ‘Tu imagines ? On fait partie de cette histoire, on construit   une nouvelle ville pendant que l’ancienne est détruite’», explique-t-il à l’AFP   en montrant une grande maquette des travaux de reconstruction de sa ville. «Et elle se met en colère contre moi, elle est déçue. Elle trouve que c’est   triste, elle ne veut plus voir la vieille ville, ça lui fait du mal...»,   raconte l’édile dans le grand hall splendide de sa nouvelle mairie. Comme le premier couple de cette cité jouxtant la plus grande mine   souterraine d’Europe, l’abandon en cours du vieux centre-ville pour permettre   de continuer à creuser toujours plus profond dans son immense filon de fer   divise les 18.000 habitants. La cité, fondée à l’aube du XXe siècle en même temps que la compagnie   minière LKAB pour exploiter un immense gisement ferrugineux situé à 200 km au   nord du cercle polaire arctique, vient d’inaugurer en septembre son nouveau   centre-ville, à un peu plus de trois kilomètres de l’ancien. Avec l’affaiblissement du sous-sol, les vieux quartiers risquaient tout   simplement l’effondrement sous les mouvements du terrain. Voilà 15 ans qu’ont débuté les premiers travaux du «déménagement», dont la   facture estimée à 3 milliards d’euros est en partie réglée par LKAB. Selon les   dernières estimations, le chantier va encore durer 20 à 30 ans, peut-être le   double si la mine obtient l’autorisation de descendre encore plus bas.  

La nouvelle mairie, superbe écrin circulaire signé de l’architecte danois   Henning Larsen, avait été le premier bâtiment à être inauguré, en 2018.   L’horloge de fer qui trônait dans la vieille ville a été symboliquement   installée devant l’entrée. La haute tour d’un hôtel moderne lui fait désormais face, ainsi qu’une   grande galerie marchande. Un peu plus loin, des grues s’activent sur le   chantier de la piscine. Mais beaucoup, y compris le maire, reconnaissent que la greffe est   difficile à prendre. «Les gens ont tendance à penser ‘c’est fantastique !’, ‘c’est un projet   tellement énorme’. L’opérateur (de la mine) LKAB vend toujours une image   positive, où tout le monde est content. Mais ce n’est pas le cas de tout le   monde», reconnaît M. Selberg. «Là, on est au milieu du gué», décrit-il, avec une ville coupée en deux   entre ce qui n’a pas encore fermé et ce qui vient d’ouvrir. «Les gens   continuent à vouloir aller au restaurant ou à sortir dans la vieille ville, et   en même temps les boutiques ouvrent ici.» Des immeubles entiers du vieux centre-ville, vidés de leurs occupants et de   leurs boutiques, sont désormais entourés de grandes palissades bleues pour en   bloquer l’accès, avant leur prochaine démolition.  A l’heure actuelle, 6000 personnes sont concernées, mais davantage si LKAB obtient de creuser encore plus. La compagnie vient également d’annoncer la   découverte de ce qui serait le plus grand gisement de terres rares d’Europe,   juste au nord de la cité. Le temps presse pour Kiruna : la plus grande école de la ville, dont les   nouveaux locaux ne sont pas encore prêts, fait face à de grosses lézardes dues   à l’affaissement du sol. 

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