Miguel Cervantès a séjourné à Oran en 1581, un séjour qui lui a inspiré l’écriture d’un livre intitulé «Le vaillant espagnol». Hier, une balade urbaine a été organisée dans la ville d’Oran pour aller sur les traces de ce grand écrivain espagnol.
Une balade urbaine a été organisée, hier matin, par l’Institut Cervantès et l’association Bel Horizon, qui a mené la foule de participants dans les dédales du vieil Oran, plus précisément sur les traces du célèbre écrivain Miguel Cervantès. Ce dernier, en effet, connu surtout pour son passage à Alger, où il était resté presque quatre années en captivité, a également séjourné à Oran en 1581, venu alors en mission diplomatique.
Son séjour oranais a donc été plus joyeux au point de lui avoir inspiré, relate Inmaculada Jiménez, architecte espagnole et directrice de l’Institut Cervantès d’Oran, l’écriture d’une pièce théâtrale paru sous forme d’ouvrage et intitulé : El gallardo espanol (le vaillant Espagnol).
«L’histoire raconte les péripéties de deux militaires, l’un Espagnol et l’autre Oranais, qui sont tombés amoureux de la même femme», raconte-t-elle en précisant que la description d’Oran dans cet ouvrage se limitait, cela va de soi, au seul quartier de Sidi El Houari et la Casbah d’Oran étant entendu qu’à cette époque, le centre-ville oranais, tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’existait pas encore.
L’itinéraire de la balade urbaine a été ponctué par plusieurs haltes durant lesquels des volontaires ont lu des passages, en espagnol et en français, de la pièce théâtrale Le vaillant Espagnol. Abdeslem Abdelhak, membre de l’association Bel Horizon, a expliqué quant à lui qu’à l’époque où Cervantès était venu à Oran, en 1581, une muraille entourait la ville, qui était de facto réduite à Sidi El Houari et la citadelle où s’exerçait le pouvoir, la Casbah d’Oran.
«Il y avait seulement des portes par lesquelles on entrait dans la ville. Aujourd’hui, seule la porte de Canastel existe encore». «On peut imaginer Cervantès qui arrive d’Espagne sur un navire et il va accoster à Mers El Kebir (ndlr : à l’époque, le port d’Oran était Mers El Kebir). Du port, pour venir à la ville, il avait deux options, soit arpenter la montagne ou alors, si le temps était calme, venir en barque. On organisait à cette époque des transports par petites barques, de Mers El Kebir au fort Lamoune.
De là-bas, on peut imaginer qu’il arrive par la porte de Canastel». Pour lui, il est important de parler du livre Le vaillant Espagnol, car c’est une manière d’apporter un surcroît de notoriété à la ville d’Oran. «Il faut faire connaître la ville par des écrivains.
Cervantès est le père du roman moderne, c’est lui qui a révolutionné le roman, qui l’a même inventé. Nous avons d’ailleurs d’autres circuits dédiés à d’autres écrivains», dit-il, avant de citer Albert Camus, qui n’est certes pas oranais mais qui a séjourné à Oran pendant 18 mois et a écrit, en plus de La Peste, le Minotaure ou la halte d’Oran, un texte d’une quarantaine de pages paru dans son recueil l’Eté. «Nous avons aussi un autre circuit, celui d’Emmanuel Roblès, écrivain français d’origine espagnole, né au quartier de Saint-Pierre.
Dans deux de ses romans, il parle de son enfance à Oran : Jeune saison et Saison violente». Il dira aussi que beaucoup ne savent pas non plus que le poète français Guillaume Apollinaire a lui aussi séjourné à Oran en 1916. «Il avait une histoire d’amour avec une Oranaise qui enseignait dans une école primaire, qui existe toujours aujourd’hui au quartier El Hamri et qui s’appelle Ibn Sina. Ils se sont connus fortuitement dans un train qui partait de Nice vers Marseille.
On était alors en 1914, au début de la Seconde Guerre mondiale et Guillaume Apollinaire partait au ‘front’. Ils ont correspondu pendant deux ans jusqu’en décembre 1916 où le poète décide de venir la voir à Oran. Il séjourne à l’école Ibn Sina et le fait de se revoir a fait éclater l’amour qu’ils ont construit pendant deux ans dans leurs correspondances. Elle a néanmoins gardé ses lettres qui ont été publiées sous forme de recueil intitulé Lettres à Madeleine».
Notons que la balade urbaine a aussi permis à beaucoup de jeunes, notamment des étudiants en architecture, de visiter de fond en comble le quartier de Sidi El Houari, et se rendre compte de quel trésor mirifique il recèle pour peu, bien entendu, qu’on s’attelle à le réhabiliter dans les règles de l’art.