Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a reçu, mardi, l’envoyée spéciale de l’Union européenne (UE) pour le Sahel, Emanuela Claudia Del Re, qui a effectué une visite de travail en Algérie dans le cadre du dialogue politique sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
La très active envoyée spéciale de l’Union européenne (UE) pour le Sahel, Emanuela Claudia Del Re, a achevé hier une visite de deux jours à Alger, au cours de laquelle elle s’est entretenue avec de nombreux responsables algériens et des représentants d’Afripol (Agence africaine de police criminelle) et du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (Caert).
Grande connaisseuse de l’Afrique et du monde arabe, Emanuela Claudia Del Re a surtout rallié la capitale Alger avec l’intention de sonder les responsables algériens pour tenter de connaître au mieux leur perception des crises qui secouent actuellement le Sahel.
Il s’agissait également pour elle de voir dans quelle mesure il est possible de tisser davantage de liens de coopération entre l’Union européenne et l’Algérie, «un pays important qui constitue une passerelle entre l’Europe et le Sahel et qui parle avec toutes les parties». L’Algérie, a-t-elle ajouté, peut grandement aider à trouver des solutions aux innombrables problèmes auxquels est confronté le Sahel.
De coopération et d’échanges de vues, il en a d’ailleurs beaucoup été question mardi pendant les entretiens entre Emanuela Claudia Del Re et le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra.
«Les discussions ont porté sur les perspectives de renforcement de la coopération entre l’Algérie et l’UE pour la promotion de la paix et de la sécurité en Afrique, et plus particulièrement dans la région sahélo-saharienne, qui fait face à d’immenses défis d’ordre politique, sécuritaire et économique. L’objectif étant de favoriser des solutions africaines aux problèmes de l’Afrique, avec un soutien plus actif des partenaires étrangers, dont notamment l’UE», a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
La même source a noté, en outre, que «les deux parties ont, également, abordé la situation au Mali à la lumière des efforts en cours visant, d’une part, à redynamiser le processus de mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger et, d’autre part, favoriser le consensus sur la période de transition en vue de la restauration d’un ordre constitutionnel démocratique dans ce pays».
«A cet égard, l’envoyée spéciale de l’UE a tenu à saluer le rôle important de l’Algérie en sa double capacité de chef de la médiation internationale et de président du comité de suivi de l’accord, et son engagement sincère en faveur d’un Mali uni, stable, démocratique et prospère», a relevé le communiqué.
Acteurs extérieurs, mauvaise gouvernance et coups d’état
A propos justement du Mali, l’envoyée spéciale de l’Union européenne pour le Sahel n’a pas caché hier matin, lors d’une rencontre avec des journalistes de la presse algérienne, son inquiétude concernant l’évolution de la situation au Mali, notamment après l’arrivée sur place de mercenaires de la société russe Wagner et du départ des éléments de la force «Barkhane».
L’UE poursuivra-t-elle sa coopération avec le Mali ? «Pour nous, Wagner est une ligne rouge et nous l’avons explicitement dit au colonel Assimi Goïta (chef de la junte militaire actuellement au pouvoir, ndlr)», a fait savoir la responsable européenne, ajoutant néanmoins que «fermeté ne veut pas dire fermeture».
Comme pour signifier que l’UE n’abandonnera pas le Mali, elle a signalé l’augmentation du contingent allemand de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), qui compte plus de 15 000 hommes. «Il s’agit d’un signal fort», a insisté Mme Del Re, qui souligne cependant qu’«il est difficile d’imaginer un futur avec Wagner dans la région».
Plus largement, l’envoyée spéciale de l’Union européenne pour le Sahel s’est montrée inquiète de la prolifération des coups d’Etat dans la région. Une tendance qui, selon elle, dénote de la fragilité des Etats et d’une gouvernance plus que contestable.
L’Union européenne a-t-elle la bonne approche pour régler les crises auxquelles est confronté le Sahel ? «Nous n’avons aucun problème à ce qu’un regard critique soit porté sur notre stratégie», a indiqué Mme Del Re, qui rappellera néanmoins que Bruxelles a beaucoup investi dans la stabilisation du Sahel. Une chose est sûre, autant Alger que Bruxelles admettent que les acteurs extérieurs peuvent influencer négativement les processus de règlement des crises au Sahel, à commencer par celle qui touche le Mali depuis près d’une dizaine d’années.