En visite au Royaume-Uni depuis mardi dernier, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a passé en revue, avec son homologue britannique, Lord Tariq Ahmad, les relations bilatérales ainsi que les questions régionales et internationales d’intérêt commun, à leur tête, bien évidemment, les développements dangereux en Palestine, a indiqué, hier, un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Le chef de la diplomatie algérienne a également évoqué la situation au Sahel et les efforts consentis par l’Algérie pour ramener la stabilité et la sécurité dans la sous-région mais aussi pour apporter son aide au développement économique dans cette partie du continent africain, considérée comme l’une des plus pauvres de la planète.
M. Attaf, qui a coprésidé la deuxième session du Dialogue stratégique algéro-britannique qui s’est tenue à Londres, a même animé une conférence sur la situation au Sahel, au niveau du prestigieux institut Chatham House. Il a, d’emblée, qualifié de «très fructueux» le Dialogue stratégique algéro-britannique dans sa nouvelle configuration, notamment en termes d’approfondissement de la compréhension mutuelle des défis toujours croissants en matière de paix et de sécurité, tant au niveau régional qu’international.
Le chef de la diplomatie algérienne a estimé que les évolutions dans la région du Sahel vont continuer à figurer en bonne place dans les discussions bilatérales, parce que le Sahel est devenu «une ligne de front» dans la guerre contre des menaces multiples qui ne peuvent être ignorées ni en Afrique ni en Europe.
«L’intérêt de mon pays est de promouvoir une paix durable et une prospérité partagée», a-t-il précisé, tout en relevant cinq faits inquiétants auxquels il faudra faire face. Le premier est le poids de la pauvreté dans cette partie du monde. «Avec 80% de la population vivant avec moins de 2 dollars par jour, la pauvreté est plus répandue au Sahel que dans toute autre partie de l’Afrique», a-t-il indiqué.
Le deuxième fait inquiétant : le Sahel compte un nombre de conflits armés et de situations de crise plus important que toute autre région du monde. M. Attaf a parlé d’un «arc de feu» qui s’étend de la mer Rouge à l’océan Atlantique, avec de nombreux conflits armés qui secouent des pays comme le Soudan, le Tchad, la Libye, le Niger, le Burkina Faso, la Guinée, le Mali et le Sahara occidental.
Le troisième fait relevé : est que cette région est devenue l’épicentre du terrorisme international. En 2022, plus de 43% des morts dans des attentats terroristes ont été enregistrés au Sahel. En 2007, le nombre de morts dans des actes terroristes dans cette région ne dépassait pas 1%. Pour étayer ses propos, M. Attaf a affirmé que le Burkina Faso a perdu le contrôle de 70% de son territoire.
Le Niger aussi a perdu le contrôle de la zone des trois frontières, qui est également aux mains des groupes terroristes. Autre fait préoccupant souligné par le ministre des Affaires étrangères, ce sont les changements non constitutionnels de gouvernements dans la région.
Selon lui, au cours des trois dernières années, le Sahel a connu huit coups d’Etat : au Mali (deux fois), au Burkina Faso (deux fois), en Guinée, au Tchad, au Soudan et récemment au Niger, qui a longtemps été présenté comme «un phare de stabilité dans cette région essentiellement troublée». Le dernier fait inquiétant au Sahel, a ajouté M. Attaf, est que la région est devenue récemment une vaste arène de compétition géopolitique entre grandes puissances internationales.
«Force stabilisatrice»
«Nous avons tous vu à quel point le changement de perspective politique dans la région a affecté les relations avec des acteurs externes qui ont des intérêts rivaux et des agendas contradictoires sur le terrain», a-t-il souligné. Le chef de la diplomatie algérienne a ainsi expliqué que l’Algérie exerce, dans ce contexte délétère et dangereux, son «rôle» de «force stabilisatrice» dans la région du Sahel, à travers une diplomatie active pour promouvoir la paix et le développement.
Il a rappelé, dans ce sillage, que l’Algérie a toujours défendu le principe de la non- ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, ainsi que le règlement pacifique des conflits, en plus du renforcement de la coopération et de la solidarité entre Etats, afin de dépasser les crises les plus complexes. M. Attaf a souligné, dans ce contexte, qu'une médiation algérienne est en cours dans la crise au Niger.
Lors de sa visite, le ministre des Affaires étrangères a également rencontré des hommes d’affaires, en présence de Lord Richard Risby, envoyé spécial du Premier ministre britannique chargé de la promotion du partenariat économique avec l’Algérie. Des entreprises britanniques s’intéressent davantage au marché algérien qui présente un fort potentiel de rentabilité.
C’est le cas de la banque d’investissement HSBC, qui pèse plus de 160 milliards de dollars. Cette banque britannique, classée quatrième au monde, a exprimé, en avril dernier, sa volonté de promouvoir les opportunités d’investissement en Algérie grâce, notamment, à son vaste réseau international.
Dans le cadre du mandat de l’Algérie en tant que membre non permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, qui commencera dès janvier 2024, le MAE a participé à une rencontre consultative sur le Conseil de sécurité qui a regroupé les membres africains sortants et entrants.
Ainsi, M. Attaf a fait état des priorités de l’Algérie au sein de cette haute instance onusienne qui «consistent, avant tout, à œuvrer pour raviver l’intérêt et l’engagement du Conseil de sécurité dans la résolution des conflits et des crises qui font rage dans les régions africaine et arabe, en étroite collaboration avec l'Union africaine et la Ligue arabe».