Crise ukrainienne : Washington appelle Moscou à choisir une «voie pacifique»

20/01/2022 mis à jour: 01:59
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Pour la Russie, une désescalade n’est possible que si les Occidentaux signent des traités interdisant tout élargissement en perspective de l’Otan, en particulier à l’Ukraine. Revendications rejetées par les Occidentaux qui souhaitent, néanmoins, poursuivre les discussions avec la Russie pour éviter un conflit armé.

Le secrétaire d’Etat américain a appelé, hier depuis Kiev, le président russe, Vladimir Poutine, à choisir la «voie pacifique» pour sortir de la crise autour de l’Ukraine, rapporte l’AFP. «J’espère, fortement, que nous pourrons rester sur une voie diplomatique et pacifique, mais en fin de compte, ce sera la décision du président Poutine», a déclaré Anthony Blinken.

Si le Kremlin rejette une telle option, il choisira «la confrontation» et cela aura «des conséquences pour la Russie», a-t-il averti. Il a indiqué que la Russie «a des plans en place pour augmenter encore plus (…) dans un délai très court» ses forces stationnées aux frontières avec l’Ukraine. Ce qui «donne au président Poutine la capacité, également dans un délai très court, de prendre de nouvelles mesures agressives» contre l’ex-république soviétique.

Pour le chef de la diplomatie américaine, la Russie cherche «à remettre en cause certains principes fondamentaux qui sous-tendent l’ensemble du système international et sont nécessaires pour essayer de maintenir la paix et la sécurité, comme le principe selon lequel une nation ne peut changer». Et de soutenir : «Si nous permettons que ces principes soient violés en toute impunité, alors nous ouvrirons une très grande boîte de Pandore. Le monde entier regarde ce qui se passe ici.»

De son côté, un haut responsable américain a annoncé, lors de cette visite, que les Etats-unis ont débloqué 200 millions de dollars supplémentaires d’aide sécuritaire à l’Ukraine. «Comme nous l’avons dit, nous sommes attachés à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et continuerons à fournir à l’Ukraine le soutien dont elle a besoin», a ajouté ce responsable s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.

Après Kiev, le chef de la diplomatie américaine est attendu, aujourd’hui, à Berlin pour des discussions avec l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Demain, il doit rencontrer son homologue russe, Sergueï Lavrov, à Genève, pour tenter de renouer le dialogue.

Sur cette rencontre, il a déclaré un peu plus tard qu’il ne présenterait pas de réponse écrite aux exigences russes. «Je ne présenterai pas de document à ce moment au ministre des Affaires étrangères (russe Sergueï) Lavrov. Nous devons voir où nous nous situons et s’il reste des opportunités diplomatiques», a-t-il affirmé, estimant que «poursuivre le dialogue» était «de loin la voie préférable».

Sachant que la veille, le chef de la diplomatie a déclaré qu’il lui faut des réponses «concrètes» aux exigences russes, notamment sur le non-élargissement de l’Otan.

Le «non négociable» russe face à l’«inacceptable occidental»

Les tensions se sont accrues ces derniers mois autour de l’Ukraine, que les Occidentaux estiment être sous la menace d’une potentielle invasion russe. Kiev et Moscou sont à couteaux tirés depuis l’annexion par la Russie en 2014 de la péninsule ukrainienne de Crimée, suivie d’une guerre dans l’Est de l’Ukraine avec des séparatistes prorusses soutenus par le Kremlin, selon l’Occident.

Le 10 novembre dernier, Washington demande des explications à la Russie sur des mouvements de troupes «inhabituels» à la frontière ukrainienne. En avril, Moscou a déjà massé des dizaines de milliers de militaires à la frontière, suscitant des craintes d’invasion des Etats-Unis et leurs alliés.

Le 28, l’Ukraine assure que la Russie a massé près de 92 000 soldats à ses frontières, pour une offensive fin janvier ou début février. De leur côté, les autorités russes accusent l’Ukraine de masser des troupes dans l’est du pays.

Le 7 décembre, le président américain, Joe Biden, a menacé la Russie de «fortes sanctions» économiques en cas d’invasion de l’Ukraine, lors d’un sommet virtuel bilatéral. Son homologue russe exige des «garanties juridiques sûres» qui empêcheraient l’Ukraine de rejoindre l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan).

Le 17, Moscou dévoile deux projets de traités prévoyant d’exclure tout élargissement de l’Otan et l’établissement de bases militaires américaines dans les pays de l’ex-espace soviétique. Washington se dit prêt à «engager un dialogue diplomatique» avec Moscou, tout en jugeant «inacceptables» certaines de ses exigences.

Le 10 janvier, Russes et Américains engagent des négociations à Genève. Le 12, l’Otan et la Russie constatent leurs profondes «divergences» sur la sécurité en Europe, à l’issue d’un conseil Otan-Russie à Bruxelles.

Pour sortir de ces tensions, Moscou réclame, en plus d’un traité interdisant tout élargissement de l’Otan, que les Etats-unis et leurs alliés renoncent à organiser des manœuvres et des déploiements militaires en Europe de l’Est. Moscou jugeant ses demandes non négociables et les Occidentaux les qualifiant d’inacceptables.

Mardi, le Bélarus annonce l’arrivée d’un nombre indéterminé de troupes russes pour des exercices de «préparation au combat» vu les tensions croissantes avec les Occidentaux et l’Ukraine, selon Minsk.

Ces manœuvres se déroulent en deux étapes : la première, d’ici au 9 février, implique des déploiements vers les «zones menacées» et de sécurisation d’infrastructures, ainsi que la protection de l’espace aérien. Le Bélarus est voisin de la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, des membres de l’Otan.

Lundi, le président bélarusse, Alexandre Loukachenko, a accusé la Pologne, l’Ukraine et l’Otan de déploiements de troupes menaçants à ses frontières.

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