Crise sécuritaire en Libye : Accord sur l’arrêt des combats en banlieue de Tripoli

11/08/2024 mis à jour: 07:58
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Une médiation a permis hier de parvenir à un accord pour mettre fin à des affrontements entre deux groupes armés, survenus en banlieue est de la capitale libyenne, a indiqué une source gouvernementale, citée par l’AFP. 


Des affrontements ont éclaté vendredi à mi-journée puis repris brièvement hier à Tajoura, ville située à une vingtaine de kilomètres à l’est de Tripoli.  Neuf personnes ont été tuées vendredi et des dizaines d’autres blessées, selon un communiqué du Service des ambulances et secours de la capitale. «Les combats se sont arrêtés grâce à un accord et des médiations menées par d’autres groupes armés», a indiqué hier une source du ministère de l’Intérieur du gouvernement d’union nationale (GNU), basé à Tripoli.  Une force militaire sous l’autorité du chef d’état-major et du ministère de la Défense à Tripoli est intervenue pour stopper les combats. Une médiation que les deux parties, affiliées au GNU, ont acceptée, selon la même source.  

Conformément à l’accord, les combattants des brigades Rahbat Al Dourou et Shouhada Sabriya se sont retirés des secteurs qu’ils ont occupés vendredi, pour permettre à un troisième groupe neutre de s’interposer. Hier, le Service des ambulances a souligné avoir dû évacuer 72 familles des zones de combat. De son côté, l’Université de Tripoli, située non loin de la zone, a annoncé hier la suspension des cours par «mesure préventive».  Depuis la chute du régime de Mouammar El Gueddafi en 2011, la Libye est déchirée par les violences et divisée entre deux camps rivaux : le GNU de Abdelhamid Dbeibah, reconnu par l’ONU, face à un Exécutif parallèle affilié au camp du puissant maréchal Khalifa Haftar, qui règne sur l’Est et une partie du Sud.


Malgré un relatif retour au calme observé depuis quelques années, des affrontements se produisent périodiquement entre la myriade de groupes armés présents dans le pays, en particulier dans et autour de Tripoli.  Les affrontements de vendredi ont coïncidé avec des mouvements des troupes pro-Haftar dans le sud de pays, qui ont ravivé le spectre de la guerre civile, quatre ans après un cessez-le-feu.

 La mission de l’ONU en Libye a appelé à «une désescalade» et à «éviter d’autres tensions». Selon les médias locaux et des analystes, l’objectif des troupes pro-Haftar est la prise de l’aéroport de Ghadamès, à 650 km au sud-ouest de la capitale, actuellement sous contrôle des autorités de Tripoli.  Les forces que dirige Saddam Haftar, fils du maréchal Haftar, ont annoncé mardi par communiqué une «opération globale» visant officiellement à «sécuriser les frontières sud du pays et à renforcer la stabilité du pays dans ces zones stratégiques», ainsi que le «déploiement de patrouilles (…) pour surveiller la bande frontalière avec les pays voisins». Mais le Haut Conseil d’Etat (HCE), basé à Tripoli et qui fait office de Sénat, a réagi jeudi disant «suivre avec grande inquiétude les mobilisations militaires des forces de Haftar dans le Sud-Ouest», visant clairement à renforcer son influence et «étendre son contrôle» sur ces «zones stratégiques», à la frontière entre la Libye, la Tunisie et l’Algérie. «Ces mouvements sont susceptibles de nous renvoyer aux affrontements armés et sont une menace directe pour le cessez-le-feu» de 2020, sapant tout «effort visant à réunifier l’institution militaire» et pouvant causer «l’effondrement du processus politique», a indiqué le HCE dans un communiqué.

 Dans une vidéo vendredi sur leur page officielle, les forces pro-Haftar n’ont pas mentionné Ghadamès, assurant vouloir uniquement «sécuriser» sept villes du Sud, déjà sous contrôle de l’Est. Le maréchal Haftar a lancé une offensive brutale d’avril 2019 à juin 2020 pour s’emparer de Tripoli. Il a été stoppé in extremis en périphérie de la capitale par les forces du GNU, appuyées par la Turquie. Même si les querelles politiques dégénèrent fréquemment en affrontements meurtriers entre groupes armés, le cessez-le-feu signé en octobre 2020 après la déconvenue de Haftar est largement respecté. 

 

 

 

L’Algérie appelle les parties libyennes à la «sagesse»  
L’Algérie partage «entièrement» les préoccupations exprimées par les Nations unies quant à la récente mobilisation des forces dans diverses régions de la Libye, appelant les parties libyennes à «la sagesse et à la retenue», a indiqué hier un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. «L’Algérie partage entièrement les préoccupations exprimées par les Nations unies quant à la récente mobilisation des forces dans diverses régions de la Libye et tout particulièrement en direction de ses régions méridionales et occidentales», soutient le communiqué du ministère. «Face au nombre, à la diversité et à la complexité des obstacles auxquels se heurte encore la recherche d’un règlement pacifique à la grave crise que vit ce pays frère, la cessation des affrontements fratricides est un acquis précieux qu’il faut préserver à tout prix», poursuit la même source. «En conséquence, l’Algérie appelle toutes les parties libyennes à la sagesse et à la retenue pour épargner à leur pays et à leur peuple les retombées tragiques d’une reprise des affrontements dont les premières victimes sont toutes désignées : la solution pacifique de la crise, la réconciliation interlibyenne, la réunification des institutions et en particulier les institutions sécuritaires, l’arrêt des ingérences étrangères et l’avènement d’une nouvelle ère de sécurité, de stabilité et de prospérité en Libye», assure le ministère des Affaires étrangères. 

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