Crise politique en Libye : L’ONU et Washington appellent à des pourparlers

28/08/2024 mis à jour: 19:39
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Emad Trabelsi (2e à gauche), ministre de l’Intérieur du gouvernement d’union nationale libyen, donnant une conférence de presse à Tripoli - Photo : D. R.

Ripostant lundi à l’éviction par les autorités de l’Ouest du gouverneur de la BCL, qui gère la manne pétrolière et le budget de l’Etat réparti entre les différentes régions, leurs rivales de l’Est ont stoppé la production et les exportations pétrolières.

L’ONU et les Etats-Unis ont appelé hier les acteurs politiques en Libye à une réunion «urgente» pour désamorcer la crise autour de la Banque centrale (BCL) et le blocus de la production et des exportations de pétrole, rapporte l’AFP.  Exprimant sa «profonde préoccupation face à la détérioration de la situation», la Mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul) a «convoqué une réunion d’urgence de toutes les parties impliquées dans la crise de la BCL pour atteindre un consensus fondé sur des accords politiques, des lois et le principe de l’indépendance de la BCL», selon un communiqué.

L’ambassade des Etats-Unis en Libye a qualifié cette proposition de «voie à suivre pour résoudre la crise entourant la Banque centrale».

Ripostant lundi à l’éviction par les autorités de l’Ouest du gouverneur de la BCL, qui gère la manne pétrolière et le budget de l’Etat réparti entre les différentes régions, leurs rivales de l’Est ont stoppé la production et les exportations pétrolières. 

Résoudre la crise de la BCL «est une nécessité urgente», a souligné la Manul, mettant en garde contre un risque d’«effondrement financier et économique du pays».

Elle a qualifié de «décisions unilatérales» aussi bien celle du Conseil présidentiel, en accord avec le Premier ministre Dbeibah, de remplacer le gouverneur de la BCL Seddik Al Kebir, que la fermeture jusqu’à nouvel ordre des gisements et terminaux pétroliers par le camp Haftar, principalement basés dans l’Est et le Sud qu’il contrôle.

Lundi, une nouvelle équipe dirigeante est entrée dans les locaux de la BCL, mais des analystes ont émis des doutes sur sa capacité à faire fonctionner cette institution, qui a stoppé toutes ses opérations au départ du gouverneur Al Kebir.

Dernièrement, ce gouverneur, en poste depuis 2012, était critiqué par l’entourage de A. Dbeibah pour sa gestion de la manne pétrolière et du budget, considérée comme trop favorable au clan Haftar. Le 11 août, plusieurs dizaines de personnes, dont certaines armées, ont tenté de l’expulser du bâtiment avant leur dispersion.

Une semaine plus tard, le directeur informatique de la BCL a été brièvement enlevé. Outre des pourparlers, l’ONU a demandé aux parties de suspendre les décisions «unilatérales» concernant la BCL, garantir la sécurité de ses salariés et lever le blocus pétrolier.

Légitimité

L’ambassade américaine a déploré des «informations (...) préoccupantes faisant état d’arrestations arbitraires et d’intimidations à l’encontre d’employés de la BCL». En proie au chaos depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar El Gueddafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux Exécutifs rivaux : celui de Abdelhamid Dbeibah installé à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU, et un autre dans l’Est, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar.

Entre avril 2019 et juin 2020, le camp Haftar a tenté de s’emparer de Tripoli mais a échoué in extremis au terme d’une bataille sanglante. Après un cessez-le-feu, un accord a été signé en 2021 à Genève sous l’égide de l’ONU, instaurant des institutions provisoires, dans l’attente d’élections générales prévues fin 2021. Des scrutins reportés sine die en raison de divergences sur leur base juridique.

Récemment, le Parlement qui siège dans l’Est a de nouveau contesté la légitimité du GNU, affirmant, avec le soutien du camp Haftar, ne reconnaître qu’Oussama Hammad comme chef de «gouvernement légitime». Le Parlement a également déchu le Conseil présidentiel, autre organe issu de l’accord de 2021, représentant les trois régions du pays, de son rôle de «commandant suprême des armées».

En réaction, le gouvernement Dbeibah a estimé que «les décisions du Parlement ne changent en rien la réalité libyenne», car émanant d’un acteur politique qui «se bat pour rester au pouvoir le plus longtemps possible», soulignant que lui-même «tient sa légitimité de l’accord politique» de Genève. 
 

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