Crise politique au Vietnam : Démission du président de l’Assemblée nationale sur fond de purge anticorruption

27/04/2024 mis à jour: 21:21
AFP
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Vuong Dinh Hue, président de l’Assemblée nationale vietnamien

Le parti communiste vietnamien a accepté hier la démission du président de l’Assemblée nationale, dans un contexte de campagne anticorruption d’ampleur ayant conduit à la déchéance de plusieurs importants responsables politiques ces derniers mois.

 Vuong Dinh Hue, 67 ans, «a violé les régulations sur ce que les membres du parti ne peuvent pas faire et les régulations sur la responsabilité de montrer l’exemple pour les responsables et membres du parti», a écrit le parti communiste vietnamien (PCV) sur son site internet. «Les violations et les manquements du camarade Vuong Dinh Hue ont donné une mauvaise opinion au public, affectant la réputation du Parti, de l’Etat et du camarade personnellement», selon le communiqué.
 

Sa démission doit encore être acceptée en mai par les députés qui suivent à la lettre les consignes du parti unique, au pouvoir depuis l’indépendance. Le régime, en pleine recomposition, a connu ces derniers mois une série de départs retentissants, en contradiction avec des décennies de tractations en coulisses qui ont bâti son image de stabilité. Deux présidents, des ministres et d’importants chefs d’entreprises sont tombés dans le cadre de la vaste opération anticorruption, surnommée «brasier ardent», orchestrée par le secrétaire général du PCV, Nguyen Phu Trong, considéré comme l’homme fort du pays.  
 

Des experts ont également souligné la dimension politique du coup de filet, en lien avec la succession de M. Nguyen, 80 ans, en vue du congrès de 2026, pour lequel différentes factions essayent d’avancer leurs pions.  

Vuong Dinh Hue composait l’un des quatre piliers de l’exécutif vietnamien, avec Nguyen Phu Truong, le président et le Premier ministre. Ancien ministre des Finances, il occupait le poste depuis 2021. Le communiqué ne précise pas les détails des manquements reprochés à M. Vuong, mais lundi dernier, la police a annoncé l’arrestation de l’un des ses collaborateurs, Pham Thai Ha, pour des accusations d’abus de pouvoir. M. Pham a été placé en détention, dans le cadre d’une enquête élargie concernant une entreprise publique de développement d’infrastructures, Thuan An. 

Le groupe a démarré en 2004 avec un capital enregistré de 150 000 dollars qui, aujourd’hui, dépasse 31 millions de dollars, a indiqué le gouvernement, grâce à plusieurs contrats pour construire des ponts et des routes à travers le pays.  Sept personnes ont été placées en détention en lien avec cette affaire, dont des représentants de l’Etat et les dirigeants du groupe.  En mars, le président Vo Van Thuong a démissionné à la surprise générale, près d’un an seulement après avoir succédé à Nguyen Xuan Phuc, qui lui aussi s’était mis en retrait volontairement. Les deux cadres ou leurs subordonnés ont été cités dans des enquêtes de corruption. Cinq membres sur 18 du bureau politique (politburo) du PCV, la plus haute autorité du parti, nt quitté leur position depuis leur désignation en 2021. 

La campagne anticorruption renforce l’Etat de droit et permet de soigner la popularité du régime auprès de la population, mais pourrait se révéler contre-productive d’un point de vue économique, en raison de l’instabilité, selon des analystes. 

 L’opération «brasier ardent» a traduit en justice plus de 4400 personnes, et révélé plusieurs scandales financiers d’ampleur. Début avril, la patronne d’un géant de l’immobilier, Truong My Lan, a été condamnée à mort pour avoir détourné quelque 25 milliars d’euros. Son procès avait mis au jour la porosité des milieux politiques et économiques, en l’absence de régulation efficace.
 

 

Qu’est ce que le parti communiste Vietnamien  ?

Le Parti communiste vietnamien ou Parti communiste du Viêt Nam2 est un parti politique communiste vietnamien avec une orientation marxiste-léniniste, actuellement au pouvoir en tant qu’unique parti autorisé dans ce pays par la Constitution. Le parti est fondé sous le nom de «Parti communiste vietnamien» par Hô Chi Minh et d’autres exilés vivant à Hong Kong en février 1930. Selon l’article 4 de la Constitution du Vietnam, le parti est l’avant-garde de la classe ouvrière vietnamienne, guidé par le marxisme-léninisme et impose l’exclusivité du pouvoir politique dans la société vietnamienne. L’opposition politique est interdite et tout effort de proposer le multipartisme est réprimé par le parti communiste et la sécurité vietnamienne (cong an ). De plus, sans que cela soit inscrit dans la Constitution, le parti coordonne ainsi les organes étatiques et détermine les grandes orientations politiques. Enfin, la politique du Parti doit être suivie même quand elle n’a pas été transcrite dans la loi. 

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