Des affrontements entre milices rivales sont survenus à Tajoura, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Tripoli, depuis samedi dernier, 13 juillet, et jusqu’au soir du mardi 16 juillet, soit la veille de la Conférence internationale sur la migration, en présence de plusieurs Présidents et chefs de gouvernement étrangers.
Il a fallu l’intervention des notables locaux pour que les armes de divers calibres regagnent leurs casernes et que la tension baisse dans la proche banlieue de la capitale libyenne. Les deux milices rivales appartiennent pourtant au même bataillon et il a suffi d’un différend pour que les armes prennent place sur l’une des plus grandes artères autour de Tripoli. La situation est pire à Ezzaouia, localité située à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Tripoli et abritant la raffinerie de pétrole approvisionnant la capitale libyenne.
Les affrontements entre milices locales sont courantes. Le ministre libyen de l’Intérieur, Imed Mustapha Trabelsi, a déclaré que la question sécuritaire à Ezzaouia le dépasse, provoquant la colère des notables et des milices de la ville, qui ont appelé à sa démission.
Les affrontements entre milices rivales dans l’Ouest libyen sont fréquents, notamment à Ezzaouia, en raison des enjeux de la contrebande du pétrole raffiné, ainsi que du trafic de migrants. «Les diverses milices sont actives aussi bien dans le volet sécuritaire que dans les divers trafics, que ce soit dans la migration irrégulière que dans le trafic du carburant», assure le politologue Ezzeddine Aguil. Il rappelle qu’Ezzaouia «connaît des affrontements réguliers entre ses milices, en raison de la quote-part de chacune dans la contrebande de pétrole». Ezzeddine Aguil souligne que «Tripoli vit sous la menace de rupture d’approvisionnement en carburant de la part des milices d’Ezzaouia qui dictent leurs lois à Dbeiba».
Le politologue ajoute que «la fermeture pendant plusieurs mois du poste frontalier de Ras Jedir avec la Tunisie a été provoquée par les milices des localités entourant la frontière qui prennent des quotas sur la contrebande». Il s’interroge sur la possibilité d’une solution politique dans une ambiance pareille où «les milices armées dictent leur loi au pouvoir exécutif».
Les informations en provenance du Caire parlent d’un accord entre le Parlement de Benghazi et le Conseil supérieur de l’Etat sur l’installation d’un nouveau gouvernement de technocrates pour veiller à la tenue des élections. Toutefois, il serait important de statuer sur la capacité de l’instance des élections à chapeauter des élections crédibles en Libye, en l’absence d’un pouvoir exécutif centralisé et capable de protéger la neutralité desdites élections.
«L’interrogation est légitime sur l’acceptation des belligérants libyens des résultats du prochain scrutin ; quiconque sensé ne saurait oublier ce qui s’est passé suite aux élections du 25 juin 2014 ; cette non-reconnaissance des résultats du scrutin est derrière la guerre et la scission de fait en Libye», pense le juge Jamel Bennour. Pour lui, «les politiciens libyens jouent les prolongations de leurs mandats qui ne finissent pas depuis plus d’une dizaine d’années».
Le juge Bennour rappelle que «l’autorité sécuritaire effective sur le terrain n’est pas et ne sera pas la même dans l’est, le sud et l’ouest de la Libye, même avec la venue d’un gouvernement de technocrates, supposé représenter toute la Libye». Et d’ajouter : «Ceux qui détiennent les armes imposent leurs lois et ce n’est sûrement pas le gouvernement de technocrates qui détiendra les armes.»
Bennour souligne que «l’autorité en Libye est entre les mains du clan de Haftar à l’Est et des diverses milices à l’Ouest». Il ne voit pas comment «la Libye pourrait échapper à l’autorité de ces divers groupes armés, soutenus par diverses puissances étrangères».
Tunis
De notre correspondant Mourad Sellami
Entente au Caire sur un gouvernement de technocrates pour les élections
Un accord a été obtenu, jeudi dernier au Caire, suite à la réunion entre des membres du Parlement et leurs collègues du Conseil supérieur de l’Etat sur la nécessité de former un gouvernement unifié de technocrates pour veiller à la tenue des élections générales en Libye, selon le communiqué général publié à la fin de la réunion.
Il y a eu même appel pour que le Parlement ouvre les candidatures et les parrainages afin de désigner un nouveau chef de gouvernement. Les deux parties ont rapporté les grandes lignes de l’accord pour un nouveau gouvernement.
Le président du Parlement, Aguila Salah, a déclaré que «c’est un pas positif dans le bon sens», et il a assuré que le Parlement allait entamer les démarches pour désigner un nouveau gouvernement. Par contre, il y a davantage de réserves du côté du Conseil supérieur de l’Etat. Le membre dudit Conseil, Belgacem Gzit, a confirmé l’existence de cet accord «dans la lignée des accords obtenus en Tunisie et en Libye, en renforcement de l’accord 6+6 et de l’amendement n°13 de la petite Constitution». Néanmoins, Gzit a attiré l’attention sur «les différends entourant les procédures de tenue des élections qu’il faut prendre en considération».