Crise au Soudan : Un milicien nie les accusations de crimes de guerre

14/12/2024 mis à jour: 11:38
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Les milices ont commis d’horribles massacres au Soudan

Un chef de milice soudanais a nié, hier, les accusations du procureur général de la Cour pénale internationale (CPI) à son encontre concernant sa participation présumée à des crimes de guerre, dont viol, meurtres et tortures.

 Le procès de Ali Mohamed Ali Abd-Al-Rahman, connu sous le nom de guerre de Ali Kosheib, jugé pour des crimes présumés commis dans la région du Darfour lors de la guerre civile qui a ravagé le Soudan, est entré cette semaine dans sa dernière ligne droite. «Je ne suis pas Ali Kosheib. Je ne connais pas cette personne», a déclaré à la CPI celui qui a été identifié comme étant le chef de la milice soudanaise Janjawid et allié du dirigeant déchu Omar El Béchir. La CPI, qui siège à La Haye, a entendu pendant trois jours les plaidoiries finales dans cette affaire. M. Abd-Al-Rahman, qui s’est rendu de son propre chef en 2020, est soupçonné d’être responsable de violentes attaques contre des villages de la région de Wadi Salih au Darfour-Central en août 2003. Il est jugé pour 31 chefs d’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, notamment de meurtre, de viol, de torture, de pillage et de traitements cruels. 
Selon M. Abd-Al-Rahman, les accusations formulées à son encontre n’ont «rien à voir» avec lui. Il affirme au contraire qu’il s’est identifié comme Ali Kosheib auprès de la CPI car il était «désespéré». «Cela faisait deux mois que j’attendais dans la clandestinité (...) et que j’avais peur d’être arrêté» par le gouvernement soudanais, a déclaré l’accusé. «Si je n’avais pas dit cela, la Cour ne m’aurait pas reçu et je serais mort», a-t-il ajouté. Le procureur général de la CPI, Karim Khan, a déclaré, mercredi dernier, que l’accusé était un haut responsable des Janjawid ayant activement participé à la commission des crimes, «de son plein gré et avec enthousiasme».


«Meurtres de masse»

Au cours du procès, des témoins ont évoqué des horreurs commises par les Janjawid, a déclaré M. Khan. «Ils ont fait des récits détaillés de meurtres de masse, de tortures, de viols, de prises pour cible de civils, d’incendies et de pillages de villages entiers», a-t-il affirmé. Il a souligné que les miliciens violaient des enfants devant les membres de leur famille, utilisant la violence sexuelle comme une «politique» délibérée. 
Omar El Béchir, qui a dirigé le Soudan d’une main de fer pendant trois décennies, a été destitué en avril 2019 après des mois de manifestations, et est recherché par la CPI pour «génocide», «crimes de guerre» et «crimes contre l’humanité». 

Depuis avril 2023, le Soudan est en proie à une guerre entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah Al Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 11 millions de déplacés, et alimente l’une des pires crises humanitaires récentes, selon l’ONU. 

Les deux parties ont été accusées de cibler des civils et de bombarder délibérément des zones résidentielles. Une frappe aérienne de l’armée soudanaise sur un marché du Darfour-Nord a tué, lundi dernier, plus de 100 personnes, selon un groupe d’avocats pro-démocratie. L’armée a rejeté ces accusations, les qualifiant de «mensonges» propagés par des partis politiques soutenant les FSR.

 L’année dernière, la CPI a ouvert une nouvelle enquête sur les crimes de guerre commis dans la région, et M. Khan a évoqué des «progrès significatifs». «Je crois sincèrement que ce procès représente un pas en avant dans la quête de justice», a-t-il déclaré devant la Cour, faisant 
référence à l’affaire contre Ali Kosheib. 
 

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