Crise au Soudan : L’UE impose des sanctions contre six entités accusées de financer la guerre

24/01/2024 mis à jour: 00:01
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7,7 millions de personnes ont fui leurs foyers depuis le début des combats en avril dernier

L’Union européenne a annoncé, cette semaine, avoir imposé des sanctions à l’encontre de six entités, accusées d’avoir armé et financé les deux camps en guerre depuis des mois au Soudan. Depuis le 15 avril dernier, une guerre pour le pouvoir fait rage au Soudan entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo. 
 

Trois des entités visées par les sanctions européennes sont des sociétés contrôlées par les forces armées soudanaises, notamment le conglomérat Defense Industries System, dont les revenus ont été estimés à quelque deux milliards de dollars en 2020 par l’Union européenne. Trois sociétés contrôlées par le général Daglo et ses frères sont également concernées par ces sanctions qui consistent essentiellement en un gel des avoirs et une interdiction de se rendre dans l’UE pour les responsables de ces sociétés.
 

Entre 10000 et 15000 personnes ont été tuées depuis avril au Darfour, dans l’ouest du Soudan, où les paramilitaires ont commis des violations pouvant relever de «crimes contre l’humanité», selon un rapport d’experts de l’ONU. Les combats font rage depuis le 15 avril 2023 entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohammed Hamdane Daglo, ancien numéro 2 du pouvoir militaire. Selon une estimation de l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), le conflit a fait plus de 13000 morts. 

C’est sur cette estimation que se fonde le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) pour son bilan. «Selon des sources de renseignement, entre 10000 et 15000 personnes ont été tuées uniquement à El-Geneina», chef-lieu du Darfour-Ouest, assure le comité d’experts mandatés par le Conseil de sécurité de l’ONU pour surveiller l’application des sanctions contre le Soudan. 

Le document, transmis aux membres du Conseil mais pas encore officiellement publié, ne donne pas de bilan global, mais décrit dans le détail les violences «ethniques» dans cette ville tombée en juin aux mains des FSR. «Les attaques ont été planifiées, coordonnées et exécutées par les FSR et des milices arabes alliées» qui ont «délibérément visé des quartiers civils (...), des camps de déplacés, des écoles, des mosquées et des hôpitaux, pillant également maisons et sites d’ONG internationales et de l’ONU», écrivent les experts.

 «Les FSR et milices alliées ont délibérément visé la communauté des Massalit», ethnie non arabe majoritaire dans la ville, ajoutent-ils, évoquant également des snipers «placés par les FSR sur les routes principales» s’en prenant «sans distinction aux civils, y compris femmes, femmes enceintes et jeunes». De manière plus large, «au Darfour-Ouest», les paramilitaires et leurs alliés «ont systématiquement violé le droit humanitaire international». 

Attaques contre les civils, torture, viols, arrestations de masse, déplacements forcés, pillages... «Certaines de ces violations pourraient correspondre à des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité», estiment les experts. Le rapport dénonce, d’autre part, les violations de l’embargo sur les armes, notant que depuis juillet dernier, grâce à des moyens issus du commerce de l’or, les FSR ont pu déployer des armes «lourdes et/ou sophistiquées» comme des drones. 

«Cette nouvelle puissance de feu a eu un impact massif sur l’équilibre des forces, au Darfour et dans d’autres régions du Soudan». Dans ce cadre, les experts pointent du doigt plusieurs pays, notamment les Emirats arabes unis. 

Ils estiment ainsi «crédibles» des déclarations du numéro 2 de l’armée soudanaise, le général Yasser Atta, qui a accusé, en novembre dernier, le riche Etat du Golfe d’avoir envoyé des armes aux FSR. Le rapport évoque notamment une route d’approvisionnement en armes depuis Abou Dhabi via le Tchad, précisant que les Emirats «ont démenti» ces accusations dans une lettre envoyée au comité d’experts datée du 21 décembre.

Dans cette région à la frontière avec le Tchad, les  Janjawids, ancêtres des FSR, sont déjà accusés d’avoir perpétré un «génocide» au début des années 2000, pour le compte du dictateur de l’époque, Omar el-Béchir.

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