Crise au Soudan : L’aide humanitaire toujours bloquée

24/06/2023 mis à jour: 04:31
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Les humanitaires ne peuvent toujours pas accéder aux hôpitaux de Khartoum et du Darfour, les zones les plus touchées par les combats

Les combats ont gagné en ampleur hier au Soudan où les humanitaires appellent les belligérants à laisser passer les convois humanitaires pour aider les millions de civils pris sous les tirs, rapporte l’AFP.

Dix semaines de guerre entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah Al Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo ont déjà fait plus de 2000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés et de réfugiés.

Et, depuis mercredi, militaires et paramilitaires s’affrontent à l’arme lourde dans la région du Kordofan, limitrophe du Darfour. Mercredi matin, officiellement, une énième trêve a pris fin. Si pendant trois jours, elle a vu les combats en eux-mêmes faiblir, les habitants n’ont cessé de rapporter des mouvements de troupes semblant suggérer une escalade.
Face à ces préparatifs, dès la fin du cessez-le-feu, les médiateurs américain et saoudien ont jeté l’éponge. «Mercredi, nous avons reporté les négociations parce qu’elles n’avancent pas comme nous le souhaitons», a expliqué Molly Phee, sous-secrétaire d’Etat pour l’Afrique. «Ces cessez-le-feu n’ont pas été assez respectés, même s’ils ont permis de transférer une assistance humanitaire vitale», a-t-elle ajouté devant des parlementaires. 
Mais les ONG disent toujours attendre de pouvoir travailler. 

«Des millions de personnes ne peuvent pas être aidées à cause des restrictions flagrantes à l’entrée des humanitaires et de l’aide», rapporte William Carter, du Norwegian Refugee Council (NRC) au Soudan, dénonçant une «paperasserie bureaucratique». 
 

Promesse

Les demandes auprès des autorités sont «retardées, refusées, annulées ou pas respectées», abonde Médecins sans Frontières (MSF). «Des humanitaires ont été frappés ou menacés violemment» tandis que «des cargaisons ont été confisquées», ajoute l’ONG.

A Genève lundi, la communauté internationale a promis 1,5 milliard de dollars d’aide au Soudan, même pas la moitié des besoins estimés. Dans le pays, l’un des plus pauvres du monde, 25 millions de personnes ont besoin de cette aide pour survivre, alors que deux tiers des hôpitaux sont désormais hors service et le reste au bord de la fermeture tant les réserves manquent. Surtout, les habitants dénoncent régulièrement les paramilitaires qui s’installent dans des maisons. 

Vendredi, des dizaines de manifestants se sont rassemblés pour les dénoncer à Khartoum et à Kosti, dans le sud du pays, sous le slogan «Un peuple, une armée». L’organe gouvernemental de lutte contre les violences faites aux femmes a rapporté au moins 36 agressions sexuelles dans la capitale, les rescapées accusant majoritairement les FSR. «Les cas enregistrés ne représentent pas plus de 2% des chiffres réels», assure-t-il. 

Et au Darfour (ouest), où «la situation empire de jour en jour», il n’y a aucun chiffre, faute de communication avec le reste du pays. Rien qu’à El Geneina, chef-lieu du Darfour-Ouest, 1100 personnes ont été tuées, selon l’ONU. En parallèle, plus de 170 000 personnes ont fui vers le Tchad et la Centrafrique.

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