A quelques jours de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, l’Institut national de santé publique (INSP) annonce la mise en service prochaine d’un observatoire régional de la santé et des maladies tropicales, situé dans la wilaya de Tamanrasset.
Dans cette perspective, une visite à la structure devant abriter ledit observatoire a été effectuée par des responsables de l’INSP, en date du 31 mars, est-il encore indiqué. Il existe cinq observatoires régionaux de la santé (ORS), implantés sur le territoire national, précisément à Alger, Oran, Constantine, Béchar et Ouargla. Leur mission découle de celle de l’INSP qui se traduit par la réalisation des travaux d’étude et de recherche en santé publique. Les résultats permettent de fournir au ministère de tutelle les instruments scientifiques et techniques nécessaires au développement des programmes d’action sanitaire et à leur coordination intra et intersectorielle.
Ce réseau va être renforcé par une sixième structure dont toute l’importance est décelable à travers son enseigne : observatoire régional de santé et des maladies tropicales. Sa vocation s’étend donc aux maladies tropicales, spécifiques à certains pays frontaliers. La cible première s’avère être le paludisme.
Cette infection parasitaire, transmise par les piqûres de moustiques anophèles femelles infectées, inquiète les professionnels et les pouvoirs publics. Si elle est fréquente surtout en Afrique subsaharienne où les conditions, environnementales, climatiques et socioéconomiques sont favorables à sa transmission, elle se répand largement dans le sud du pays, sous l’effet de la mobilité ou des mouvements migratoires.
CERTIFIÉE EXEMPTE
Depuis mai 2019, l’Algérie est exempte de cette maladie. C’est le quatrième Etat africain à être certifié par l’OMS, après l’Ile Maurice, le Lesotho et les Seychelles. «C’est l’un des rares fléaux de santé publique ayant traversé les siècles en gardant une très forte morbidité», selon le Pr Djamila Hammad de l’INSP. Et de rappeler que la maladie était fortement endémique dans toute la région nord du pays, avec près de 100 000 cas/an. Grâce au programme mondial d’éradication menée par l’OMS, «son incidence est passée de 100/100 000 cas à 0,17/100 000 cas en 1978».
La propagation du paludisme importé interpelle les organismes de santé. En 2021, il y a eu 1164 cas. Tamanrasset est en haut de la liste avec 982 cas, suivie d’Adrar (72), Ouargla (20), Ghardaïa (40). Les statistiques livrées annuellement révèlent que 99,9% des cas sont déclarés dans les wilayas du Sud.
En 2020, cette dernière a enregistré 2 281 cas importés. En début d’année, le professeur Elias Akhamoukh, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital de Tamanrasset, a alerté, à travers les ondes de la radio, sur la progression croissante de cette maladie sur le territoire de la wilaya. Il a révélé que plus de 20 cas importés y ont été recensés, rien que pour les 14 premiers jours du mois de janvier.
En 2022, la prise en charge médicale a concerné 868 cas importés. L’apparition de cette infection en hiver, alors qu’elle intervient pendant la saison des pluies dans la région du Sahel, soit d’août à novembre, suscite davantage l’inquiétude, avertit l’infectiologue. Et d’appeler de ses vœux à l’installation de cellules de veille pour prévenir et agir. Se trouvant en première ligne, Tamanrasset sera ainsi dotée d’un observatoire pour lutter contre les maladies tropicales et renforcer le système de surveillance.
Dans quelques jours, de nouvelles statistiques seront dévoilées à l’occasion de la journée dédiée à la lutte contre cette infection. Et, quelle qu’en soit la teneur, l’Algérie poursuivra son plan de prévention de la réintroduction du paludisme. Comme son intitulé l’indique, ce dernier vise à prévenir toute éventualité de reprise de la transmission locale et assurer une riposte rapide et efficace. Le but est de maintenir l’Algérie exempte de paludisme. Et tout le défi est là.