Ce marché leur permettra de faire une économie de temps et d’énergie mais aussi de réduire la chaîne des intervenants dans la vente de ce produit. Ce qui se répercutera sur les prix qui restent très élevés en dépit de l’abondance des rendements.
C’était la principale revendication des viticulteurs de la région. La wilaya de Boumerdès aura bientôt un marché de gros de raisin de table. C’est ce qui a été décidé la semaine dernière à l’issue d’une réunion présidée par la wali Fouzia Naâma, indique Nadjib Bouhala, directeur des services agricoles.
Malgré les effets des aléas climatiques, ce responsable s’attend à une production record cette année, d’où la décision de créer ledit marché qui devra entrer en service le 15 juillet pour éviter aux producteurs les longs déplacements pour pouvoir écouler leurs récoltes. «Cette année, on pourrait dépasser 4 millions de quintaux», dit-il, précisant que la wilaya couvre plus de 50% des besoins du marché national en raisin.
Dans une déclaration avant-hier à une chaîne privée, Sadek Sabaoui, président de la section de l’UNPA, se montre pour sa part optimiste et prévoit une production de 5 millions de quintaux. Selon nos sources, le marché de gros sera créé à Bordj Menaiel, localité réputée pour l’abondance de la production de ce fruit.
La nouvelle a été saluée par tous les vignerons de la région, eux qui sont habitués à parcourir de longues distances pour écouler leur marchandise. «C’est le meilleur service qu’on puisse rendre aux producteurs. Il y a ceux qui partent jusqu’à Chelghoum Laid pour vendre leur raisin. Ce marché leur permettra de faire une importante économie de temps et d’énergie mais aussi de réduire la chaîne des intervenants dans la vente de ce produit.
Ce qui se répercutera sur les prix qui restent très élevés en dépit l’abondance des rendements», estime un aviculteur de Dellys. Selon nos sources, le marché sera créé au bord de la RN12 près de la ferme pilote Ghanem Saïd, un endroit accessible par véhicule. Connus pour leur savoir-faire, les viticulteurs de la région ne cessent d’investir dans cette filière qui semble nourrir bien son homme.
Aujourd’hui, plus de 30% des terres agricoles de la région sont couvertes de vignobles. Une superficie qui ne cesse d’augmenter, passant de 5199 ha en l’an 2000 à 18 494 ha en 2022, a-t-on appris à la DSA. On y produit une moyenne de 12 variétés dont les plus réputées sont le Sabel, le Gros noir et le Red Glob, introduite en Algérie au début des années 2000 par un certain Y. Oumellal, aujourd’hui président de l’association des viticulteurs de la région.
Certains expliquent l’engouement des paysans pour ce fruit par l’importance des rendements. «Quand tout va bien, on peut obtenir jusqu’à 300 quintaux par hectare», explique un autre vigneron. Malgré cela, rares sont ceux qui ont tenté l’exportation. Le président de l’UNPA a plaidé à ce propos pour l’adoption d’une stratégie nationale pour développer cette filière et permettre à l’Algérie de conquérir le marché international.
Selon certains spécialistes, la taille de ce marché est estimée à 215,17 milliards de dollars en 2024 et devrait atteindre 303,20 milliards de dollars d’ici 2029. Avec son climat varié, l’Algérie a de grands atouts pour s’imposer dans ce domaine. «Nos agriculteurs cultivent des variétés tardives et d’autres précoces, ce que les grands pays producteurs comme le Chili, le Pérou, l’Italie n’ont pas.
Chez nous, la première récolte intervient en mai dans le Sud et la dernière arrive en septembre au Nord», dit Hassan, ingénieur agronome. Le développement des exportations passe, selon lui, par l’amélioration de la qualité des produits, la création de plateformes de conditionnement et de coopératives agricoles spécialisées.