CRASC d’Oran : La musicologie au Maghreb durant la période coloniale revisitée

23/03/2024 mis à jour: 21:15
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Le dernier numéro de la revue du Crasc

Thurath, la revue du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) a consacré son dernier numéro (juillet-décembre 2023) «à la musicologie au Maghreb dans le contexte colonial», avec pour approche, les travaux laissés par l’ethnomusicologue Jules Rouanet, revisités pour la circonstance. 

Ce sont, en tout, sept contributions qui y sont éditées, en arabe, français et anglais, écrites par des enseignants et chercheurs algériens et étrangers. Notons aussi, précise un communiqué du Crasc, que le thème abordé en ce numéro a été proposé par le défunt professeur Hadj Meliani,  dont l’objectif est «de revisiter les travaux de Jules Rouanet sur l’art de la musique, dans le contexte colonial et postcolonial». 

De ce fait, a également été édité en ce numéro l’article de Jules Rouanet sur «la musique au Maghreb», qui est paru respectivement dans L’encyclopédie de la musique et le Dictionnaire du conservatoire de la musique en 1922, soit il y a 102 ans de cela. On peut y trouver également un compte rendu de la lecture de l’ouvrage de José Antonio Gonzalez Elcanto, intitulé Les limites imaginaires, le style artistique, et les images photographiques, dans le contexte colonial: Maroc/ Espagne  sans compter un document annexe sur les notes musicales de Jules Rouanet. 
 

Pour ce qui est des articles écrits en anglais, on trouve, Confronting Rawani’s Colonial gaze: A Critical Reading du Dr Hisham Chami de l’Université de Columbia, à New York, où il s’est consacré, indique le communiqué du Crasc, à une lecture critique de l’article de Rouanet sur «la musique du Maghreb, suivant deux approches : ethnographique-musicale et anthropologique». Le but est de «comprendre l’impact de la vision coloniale de Rouanet sur la musique algérienne, et Maghrébine, au Maroc et au Machreq». Déploration, polémiques et stratégies patrimoniales : à propos de la musique citadine en Algérie en régime colonial est un article posthume de feu professeur Hadj Meliani (traduit par la chercheure au Crasc Souad Laguer). 
 

«Hadj Meliani, qui a étudié l’état de l’art musical en Algérie pendant l’occupation française à partir des lectures croisées de Rouanet, Azur et Berque, qui reflète des regrets sur la réalité de l’état de la musique citadine en Algérie pendant l’occupation française, qui souffre d’un déséquilibre structurel». Son article soulève aussi «la polémique entre Edmund Nathan Yafil et Jules Rouanet sur la propriété intellectuelle de cet art, et les modalités de sa protection, de sa pratique et de sa valorisation, sachant que Yafil s’intéresse au patrimoine algérien andalou, tandis que Rouanet était intéressé par les musiques citadine en Algérie». Decentering the colonial in Guaouti Bouali’skachf-al qina’ en 1904 est l’intitulé de l’article en anglais de Jonathan Glasser, professeur de l’université de Virginie, aux Etats-Unis, qui revient sur le livre rédigé par Ghaouti Bouali en 1904, sous le titre : Kachf-al qina’ ‘n alat el sama. 
 

Comprenant trois chapitres sur la littérature et la langue algérienne et maghrébine, la poésie et la musique persanes, dans les contextes mondial, arabe et maghrébin, le contributeur américain tente de démontrer dans son article que Ghaouti Bouali «constitue une œuvre pionnière dans la musique maghrébine et au Machreq». 
 

Salvatore Morra, professeur à l’Université de Tuscia (Italie) a contribué dans cette revue, avec Reconsidering North African oud: üdand kwintra’s in la musique arabe dans le Maghreb, où il s’est affairé à comprendre la différence entre trois instruments de musique : l’oud tunisien, l’oud arabe et le kwintra algérien, et ce, à partir de l’article initial de Jules Rouanet. «Il a révélé, à partir de l’analyse des textes et de l’enquête sur leurs instruments, de ses compositions, du point de vue de leur conception et de leurs méthodes de fabrication, ainsi que de leur classification culturelle, que ces instruments font partie du oud nord-africain, et que les modes de transformation et de circulation de ces instruments de musique ont subi des adaptations, classés culturellement pour certaines de leurs caractéristiques, comme algériens, tunisiens et maghrébins, et pour d’autres comme venant du Machreq». La chercheure finlandaise, Helena Tryvaïen, de l’Université d’Helsinki en Finlande, propose un article intitulé : «A musician from Elswererin Questeof knowledge- past and present in Armas Launisideas on the North African musical traditions», dans lequel elle éclaircie «la structure des idées et de la vision de Launis sur la musique maghrébine, à partir de l’analyse des mémoires de Launis en 1927 et des conférences qu’il a présentés en 1928». Pour précision, Armas Launis (1884-1959) est un compositeur et ethnomusicologue finlandais, qui s’est également à l’écriture de plusieurs ouvrages ainsi que l’écriture journalistique. 

Autre article anglais comporté dans cette revue est celui de Tamara Dee Turner, professeur indépendante de Southern Ute (Inde) qui propose, dans «Black Music in the Maghreb Communities: Practices and Performance by Rouanet», d’analyser le travail de Jules Rouanet sur le Diwan algérien divisé en deux catégories : «le diwan est fondé sur le rythme et le diwan ouest à caractère thérapeutique, en termes de langage et de ses règles, pour tenter de le corriger, qualifiant le diwan algérien de diversifié et fondé sur trois écoles». 

Enfin, le dernier article de ce numéro se veut une relecture de la musique kabyle dans les travaux de recherche de Rouanet, avec comme angle d’attaque : Modernisation et occidentalisation, cent ans après. L’article est rédigé par le Nassim Khalil, professeur de musicologie au département de la musique et de musicologie à l’Ecole supérieure de Kouba, à Alger. «Il a tenté de voir le lien entre l’influence des musiques tribales sur la musique française et l’évolution historique de cette dernière, en mettant en avant les aspects de la modernisation et d’occidentalisation de la musique Kabyle basée sur trois instruments de musique: la ghaïta, le bendir et le tbel». 

A noter que Jules Rounanet (1852-1944) est un ethnomusicologue français qui s’est notamment consacré à des travaux de recherche sur la musicologie maghrébine en générale, algérienne en particulier.  

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