L’Ethiopie et la Somalie ont convenu de rétablir et renforcer leurs relations bilatérales et diplomatiques, à l’issue d’une visite samedi à Addis-Abeba du président somalien, dans le cadre d’un accord de paix destiné à mettre fin aux tensions entre ces deux pays de la Corne de l’Afrique, rapporte l’AFP, citant un communiqué.
Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et le président somalien, Hassan Sheikh Mohamoud, «sont tombés d’accord pour rétablir et renforcer leurs relations bilatérales à travers des relations diplomatiques pleines et entières dans leurs capitales respectives», annonce un communiqué conjoint des deux gouvernements. Les relations s’étaient vivement tendues en janvier dernier entre ces deux pays après la signature par l’Ethiopie, pays enclavé, d’un accord pour un accès à la mer avec le Somaliland, région séparatiste de la Somalie, pour louer 20 km de côtes et avoir ainsi un accès à la mer. L’ambassadeur d’Ethiopie dans la capitale somalienne Mogadiscio a été expulsé en avril, et les deux pays avaient rompu leurs relations diplomatiques. La communauté internationale s’est alors inquiétée des tensions entre les deux voisins, dans une région déjà instable. Début décembre, le Premier ministre éthiopien et le président somalien ont finalement trouvé un accord pour mettre fin à cette crise, sous les auspices du président turc, Recep Tayyip Erdogan.
«Les deux dirigeants ont réaffirmé que la stabilité de la région nécessite une coopération forte entre les deux pays, basée sur la confiance mutuelle, l’assurance et le respect», affirme le communiqué conjoint de samedi, qui fait état de «discussions constructives sur la manière de renforcer la relation fraternelle entre les deux pays». Les discussions de samedi ont aussi porté sur les «menaces graves et évolutives» posées par les groupes extrémistes dans cette région, notamment les insurgés islamistes radicaux shebab, liés à Al Qaïda et qui combattent depuis plus de 15 ans le gouvernement fédéral de Somalie.
«Une nouvelle ère»
Les dirigeants ont convenu de demander à leurs agences de renseignement respectives de «renforcer leur coopération» face à ces défis sécuritaires. Les deux leaders ont également «réitéré leur engagement» envers l’accord d’Ankara et à «l’esprit d’amitié et de solidarité qui l’anime», ajoute le communiqué. Le président somalien est arrivé samedi en Ethiopie.
Les services du président somalien ont précisé que ce dernier se rendait à Addis-Abeba à la demande de A. Abiy. «Cette visite vise à approfondir l’accord récent conclu à Ankara. Cette coopération renouvelée vient souligner une nouvelle ère de collaboration entre la Somalie et l’Ethiopie», a ajouté la même source.
En revanche, plusieurs difficultés restent à régler. Bien que le président turc ait dit que l’accord de décembre allait ouvrir à l’Ethiopie enclavée une forme d’accès à la mer, aucun détail n’a été donné sur la façon dont cela se ferait. Le sort du précédent accord entre l’Ethiopie et le Somaliland est également incertain. A peine quelques heures avant la visite du président somalien à Addis-Abeba, les tensions étaient encore palpables au Caire, lors d’une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères somalien, érythréen et égyptien. «La mer Rouge et sa sécurité ne sont soumises qu’à la volonté des pays situés sur cette côte, et il est absolument inacceptable pour tout pays ne bordant pas la mer Rouge d’y avoir une présence, que ce soit militaire, navale ou autre», a estimé le chef de la diplomatie égyptienne, Badr Abdelatty.
Les trois pays se sont rapprochés récemment pour faire face aux ambitions de l’Ethiopie dans la région. Ils ont formé une alliance régionale lors d’un sommet à Asmara. Samedi, les trois ministres ont déclaré que d’autres annonces suivraient. Des inquiétudes communes concernant l’Ethiopie ont également favorisé une coopération militaire renforcée entre Le Caire et Mogadiscio. L’Egypte a annoncé sa participation à une nouvelle force de maintien de la paix de l’Union africaine (UA) en Somalie, dont le déploiement est prévu ce mois-ci.