Corée du Sud: les partis d’opposition déposent une motion de destitution contre le président Yoon

04/12/2024 mis à jour: 00:18
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Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol

Après l’éphémère loi martiale imposée par le président, son camp exige des comptes, l’opposition veut le destituer, et la plus importante intersyndicale du pays a appelé à une «grève générale illimitée» jusqu’à son départ.

Yoon Suk Yeol, dont la cote de popularité était déjà extrêmement faible, a décrété la loi martiale mardi lors d’une allocution surprise, accusant l’opposition de constituer des «forces hostiles à l’État». Un conflit lié à l’adoption de son budget au Parlement, où le camp présidentiel est minoritaire, a déclenché cette crise. Dans la soirée, le président a toutefois annoncé à la télévision la levée de la loi martiale et le retrait des troupes déployées dans la capitale.

Les partis d’opposition au Parlement ont réagi dès mercredi en déposant une motion de destitution contre Yoon Suk Yeol, estimant que sa tentative d’imposer la loi martiale était un échec. La date du vote sur cette motion, qui pourrait avoir lieu dès vendredi, sera décidée ultérieurement, ont déclaré les représentants des six partis d’opposition lors d’une conférence de presse commune.

L’instauration de la loi martiale, une première depuis plus de 40 ans en Corée du Sud, impliquait la suspension de la vie politique, la fermeture du parlement et la mise sous contrôle des médias. Cette décision a suscité une vive inquiétude à l’échelle internationale, notamment de la part des États-Unis, principal allié de Séoul face à la Corée du Nord, et de la Chine. La Russie a également exprimé ses préoccupations, espérant que la crise ne déstabiliserait pas l’ensemble de la péninsule coréenne. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a déclaré suivre «avec inquiétude les événements tragiques en Corée du Sud» et souhaité que cette situation n’affecte pas la stabilité régionale.

Le principal parti d’opposition a exigé la démission immédiate du président et menacé de lancer une procédure de destitution s’il ne quittait pas ses fonctions. Dans un communiqué, le Parti démocrate a annoncé son intention de porter plainte pour rébellion contre Yoon, ainsi que contre ses ministres de la Défense et de l’Intérieur, et plusieurs hauts responsables de l’armée et de la police.

Du côté présidentiel, le Parti du Pouvoir au Peuple a insisté sur la nécessité pour Yoon Suk Yeol de s’expliquer. Han Dong-hoon, chef du parti, a déclaré à la télévision que «le président doit expliquer cette situation tragique tout de suite et en détail», ajoutant que «tous les responsables devront rendre des comptes». Selon l’agence Yonhap, plusieurs proches collaborateurs du président, dont son chef de cabinet, ont présenté leur démission dans la matinée.

La Confédération coréenne des syndicats, principale intersyndicale du pays avec ses 1,2 million de membres, a appelé à une grève générale illimitée jusqu’à la démission de Yoon, estimant qu’il avait «signé sa propre fin au pouvoir». Devant le Parlement, scellé durant la nuit, des manifestants ont scandé des slogans tels que «Arrêtez Yoon Suk Yeol!» et dénoncé la déclaration de la loi martiale comme une décision insensée.

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