Contribution / Ultra-violence au stade Chahid Hamlaoui

09/06/2024 mis à jour: 09:40
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Inadmissible et intolérable L’ultra-violence dans les stades de football a franchi un nouveau cap au stade Chahid Hamlaoui de Constantine lors du match de Ligue 1 entre le CSC et l’USM Alger. Pour autant, cette ultra-violence est monnaie courante depuis bien longtemps, devenue non pas un fait divers mais plutôt un phénomène de société. Hélas ! cette saison 2024 est dans la triste continuité. 

Cette fois-ci, les mots n’ont plus de sens pour décrire ce qui s’est passé à Constantine. Pourtant, la rivalité sportive entre les deux clubs promettait une belle rencontre. Mais au lieu de cela, on a eu droit à des images et des scènes affligeantes de désolation, de violence innouies et impressionnantes qui interpellent vraiment pour la suite, majoritairement à l’initiative des supporters locaux, faits de dégradations matérielles considérables, un envahissement de terrain, des agressions sur les forces de l’ordre et la liste des actes de débordements et des violents incidents est non exhaustive.

 Tout cela malgré l’arsenal juridique répressif et les textes réglementaires promulgués impliquant divers départements ministériels visant la prévention et la lutte contre la violence dans les enceintes sportives. Dès lors que faire ? Une réaction globale et sans concession dans laquelle et en premier lieu, la Ligue de football professionnel et les clubs sont mis devant leurs responsabilités en vue de séparer le bon grain de l’ivraie et permettre à leurs fans, les vrais, qui chantent à la gloire de leurs équipes en toutes circonstances et dans le respect des autres car ils sont aussi les victimes de cette violence et de ces débordements des pseudos supporters. Ces derniers, s’ils ne sont pas pris en charge par les dirigeants des clubs, alors s’organisent et se prennent en charge par eux-mêmes, avec comme mot d’ordre et leitmotiv, la violence quel que soit le résultat, victoire ou défaite. 

Dans cet esprit de recrudescence dramatique de l’hyper violence, force doit rester à la loi. Dans ce sens, nous avons alerté dans une publication parue sur le quotidien El Watan en date du 14 avril dernier, sur l’importance et l’obligation, laquelle ne doit souffrir aucune ambiguité, faite aux clubs de créer les comités de supporters en application des dispositions de la loi 13-05 du 23 juillet 2013 dans son article 201, ainsi que de l’arrêté ministériel du 23/12/2014 déterminant les conditions et modalités d’organisation et de fonctionnement des comités de supporters. 

Ces derniers étant des structures créées au sein du club amateur ou professionnel, sont chargés, et ont la responsabilité , en relation avec les structures habilitées, d’encadrer et d’organiser leurs supporters dans et à l’extérieur du stade et participer à toutes mesures facilitant l’accueil et la sécurité d’équipes sportives visiteuses et de leurs supporters durant les matchs et à l’extérieur des enceintes sportives. En somme, ces comités dont la mise en place est, rappelons-le, obligatoire, ont pour principale mission d’identifier et de neutraliser les fauteurs de troubles en appui du dispositif d’ordre public. Pour ce faire, une circulaire d’application explicitant les modalités d’organisation des assemblées générales de constitution des comités doit être transmise par le MJS aux walis , DJS et fédérations sportives. 

Les clubs qui reçoivent un soutien public sont tenus obligatoirement de prévenir et de lutter contre la violence qui se manifeste généralement en raison de négligence des organisateurs d’évènements sportifs. L’article 246 de la loi 13/05 complétée, prévoit des sanctions et l’obligation de dédommagements lorsque les organisateurs n’ont pas pris les mesures prévues par la loi en matière de prévention et de lutte contre la violence lorsqu’il est établi que ces actes sont le fait de leur encadrement, de leurs joueurs ainsi que leurs supporters. 

La commission nationale exécutive instituée par décret exécutif du 08/12/2014 est interpellée dans le cadre de ses missions et attributions afin d’apporter son concours, notamment la proposition d’une stratégie nationale pour la prévention et la lutte contre la violence dans les infrastructures sportives.

 Aussi, et vu la gravité de la situation et le degré de l’ultra-violence atteint et qui ne peut absolument laisser personne indifférent, menaçant la quiétude , la sérénité et la sécurité du public et des biens, se pose avec acquité l’impérieuse nécessité de se pencher concrètement sur l’examen de cette situation et de rappeler que c’est une tâche qui incombe à toutes les institutions et structures sportives, chacun dans son domaine de compétence, comme clairement prévu par la loi 13/05 du 23/07/2013, Collectivités locales, les moyens d’information et de communication publics et privés, COSA, les fédérations, ligues et clubs. 

C’est un dossier qui doit revêtir, désormais, un caractère prioritaire avec traitement en urgence absolue, et, pour ce faire, les autorités habilitées concernées sont invitées à organiser une journée d’étude regroupant toutes les parties précitées (pour leur rappeler leur responsabilité), visant à examiner, avec application sans ambiguité, des dispositions prévues par le dispositif législatif et réglementaire en vigueur (décrets, arrêtés, statuts et autres) liés à la prévention et la lutte contre la violence, ainsi que l’éducation et la sensibilisation en direction de toutes les franges de la société, notamment les jeunes.  

 

Par Abdelmadjid Djebbab

Ex. DG des Sports MJS

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