Le désormais ex-sélectionneur de l’équipe nationale U17, Arezki Remmane a pris pour son grade après l’élimination de l’Algérie face au Maroc (défaite 0-3) en quart de finale de la CAN U17 qualificative à la Coupe du monde de la catégorie.
Jusque-là, rien de surprenant dans un environnement footballistique qui encense et brûle sans égard ni discernement ses héros d’hier et bons à rien le lendemain de défaite. L’intéressé le savait et a accepté le challenge.
Ce qui ne peut être admis, toléré, c’est cette sortie de la politique des deux poids deux mesures qui ne dit pas son nom. Lorsqu’il s’agit d’un coach produit local tout est permis avec lui. Le traîner dans la boue, l’enfoncer à mille pieds sous terre, l’accuser d’être incompétent, lui faire tous les procès imaginables qui plus est par un tribunal populaire.
La fédération, sa hiérarchie, observe et ne dit rien. Les coachs qui acceptent des missions-suicides à la tête des sélections savent parfaitement le prix à payer après l’échec. Ce sont des moutons prêts à aller à l’abattoir après une éphémère visibilité.
Ce sont des fusibles consentants dont s’est toujours servie à satiété la fédération. Le «débat national» instauré autour de la petite personne du sélectionneur des U17 qui n’a pas «réussi» l’exploit de qualifier l’équipe à la Coupe du monde fait l’économie du débat sur la question des contrats des sélectionneurs.
Sur ce chapitre, il y a deux collèges. Le premier, celui des coachs des petites catégories estampillé «contrat d’objectif», c’est-à-dire le limogeage express après une élimination. Le second, réservé exclusivement aux sélectionneurs de l’équipe nationale A et des locaux qui jouissent d’un contrat de travail élastique, reconductible après un échec avec en prime la possibilité d’une prolongation et peut-être d’une «petite rallonge financière».
C’est vrai ou faux ? L’équipe nationale a réalisé un piètre parcours à la CAN 2022 au Cameroun avec à la clé une honteuse 23e place sur 24. Suivie quelques semaines plus tard par une douloureuse élimination de la Coupe du monde 2022 contre les Lions Indomptables. Le sélectionneur national Djamel Belmadi n’a pas essuyé pour autant les mêmes critiques qu’Arezki Remmane. Bien au contraire, la fédération lui a proposé une prolongation de contrat qu’il n’a pas refusée. L’instance faitière serait bien inspirée de mettre sur un pied d’égalité, en matière de contrats, ses employés.
Pourquoi y aurait-il des contrats d’objectifs pour certains et pas pour d’autres ? C’est sélectif et ce n’est pas bon. Le meilleur avocat d’un entraîneur, ce sont les résultats obtenus. La règle doit être la même pour tous. Quant à ceux qui descendent en flammes les coachs qui échouent dans leur mission, ils seraient bien inspirés de pousser un peu plus loin leur «réflexion» et situer le niveau de responsabilité des uns et des autres dans la réussite et l’échec.
La mission n’est pas difficile. Tant qu’il restera figé, coincé dans ses schémas, codes et certitudes, le football algérien ne verra jamais le bout du tunnel. Demain, la page Arezki Remmane sera vite tournée et laissera place à la routine, le pain quotidien du football algérien, agrémentée de quelques affaires scabreuses qui détourneront l’intérêt de l’opinion sur le factuel. Le tour sera joué.