Le 18e Sommet du G20, groupement des plus grandes économies mondiales, est finalement parvenu à dégager un consensus sur une déclaration finale. La chose était loin d’être évidente, au vu de la persistance des divergences sur le dossier ukrainien notamment, mais aussi sur la teneur des engagements à prendre sur la problématique climatique.
La déclaration se suffit à dénoncer «l’emploi de la force» pour engranger des gains territoriaux en Ukraine, évitant ainsi le terme d’ «agression russe» qui aurait bien agréé le bloc occidental du forum mais qui n’auraient pas du tout laissé passer la Russie et la Chine, membres influents et intransigeants s’il en est du G20.
Le Premier ministre indien, maître de cérémonie, considère l’adoption de la déclaration comme une réussite de ses équipes de négociateurs, tant le consensus semblait compliqué, à quelques jours seulement de l’ouverture du Sommet. Dans les faits, la déclaration ne fait que reproduire des positions nationales déjà exprimées par les Etats dans d’autres enceintes, notamment à l’ONU, un peu dans la lignée de la déclaration, tout aussi consensuelle, du 17e Sommet du même G20, il y a une année, à Bali (Indonésie).
Le puissant groupement économique est, cependant, parfaitement unanime à considérer, pour la deuxième année consécutive, que les crises à répétition, notamment les contextes guerriers, sont un véritable poison pour le business mondial, la sécurité alimentaire et les mouvements financiers.
«Les crises en cascade» posent des difficultés pour la croissance à long terme, avertit le texte adopté à New Delhi, dont un «durcissement notable des conditions de financement au niveau mondial qui pourraient empirer les vulnérabilités en matière de dette, l’inflation persistante et les tensions géoéconomiques».
Très attendu sur le la crise climatique, le G20 n’a finalement pas été très sensible aux alertes extrêmes multipliées récemment par les instances spécialisées de l’ONU et portées, partout, par un Antonio Guteress de plus en plus exaspéré par la passivité des dirigeants du monde. «Nous nous engageons à accélérer d’urgence nos actions pour faire face aux crises et aux défis environnementaux, y compris le changement climatique», énonce mollement la déclaration.
Le texte affirme quand même soutenir les «efforts visant à tripler les capacités en matière d’énergies renouvelables». Exactement ce que venait de préconiser le président de la COP28 et de la compagnie pétrolière nationale émiratie, Sultan Al Jaber, quelques heures auparavant, comme pour montrer que le G20, en tant qu’organisation, restait, malgré les apparences, impliqué dans l’entreprise de sauvetage climatique.
Concrètement, et au grand désespoir des experts du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), point d’engagement ferme sur une réduction des combustibles fossiles à terme, alors que la veille, vendredi dernier, l’ONU publiait un rapport faisant un bilan alarmant de 8 années de mise en œuvre de l’Accord de Paris, en tranchant clairement que le monde courrait, plus vite que prévu, à sa perte en ratant ses objectifs de sortir des énergies fossiles.
Là aussi, les enjeux d’équilibre et de consensus au sein de ce club des plus grandes puissances économiques ont pris le dessus sur les urgences posées sur la table à New Delhi.
Les mégas économies chinoise et indienne, premières plus grandes émettrices de gaz à effets de serre, demeurent trop dépendantes structurellement des énergies traditionnelles, pour que des engagements, à la fois ambitieux et réalistes, puissent être sérieusement attendus du G20 sur le chapitre.