Vladimir Poutine a justifié cette décision par les «déclarations belliqueuses de l’Otan» envers la Russie. Il a également critiqué les sanctions économiques prises à l’encontre de la Russie pour son invasion de l’Ukraine, selon lui «illégitimes». La Russie a lancé jeudi une invasion de l’Ukraine, provoquant une onde de choc internationale. L’Ukraine a dénoncé la «pression» nucléaire de Poutine.
Le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé hier mettre en alerte la «force de dissuasion» de l’armée russe, qui peut comprendre une composante nucléaire, au quatrième jour de l’invasion de l’Ukraine par Moscou. «J’ordonne au ministre de la Défense et au chef d’état-major de mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat», a déclaré M. Poutine lors d’un entretien avec ses chefs militaires retransmis à la télévision.
«C’est compris», a acquiescé le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou. M. Poutine a justifié cette décision par les «déclarations belliqueuses de l’Otan» envers la Russie. Il a également critiqué les sanctions économiques prises à l’encontre de la Russie pour son invasion de l’Ukraine, selon lui «illégitimes».
Les forces de dissuasion russes sont un ensemble d’unités dont le but est de décourager une attaque contre la Russie, «y compris en cas de guerre impliquant l’utilisation d’armes nucléaires», selon le ministère de la Défense. Ces forces sont équipées de missiles, de bombardiers stratégiques, de sous-marins et de navires de surface. Sur le plan défensif, elles comprennent un bouclier antimissile, des systèmes de contrôle spatiaux, de défense antiaérienne et antisatellite.
Comme il fallait s’y attendre, Washington a immédiatement dénoncé la décision du président russe. La mise en alerte de la «force de dissuasion» nucléaire russe représente une escalade «inacceptable», ont soutenu les Etats-Unis, accusant Vladimir Poutine de «fabriquer des menaces qui n’existent pas».
«Il s’agit d’un schéma répété que nous avons observé de la part du président Poutine durant ce conflit, qui est de fabriquer des menaces qui n’existent pas afin de justifier la poursuite d’une agression», a dénoncé la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki. «A aucun moment la Russie n’a été menacée par l’Otan ou l’Ukraine (...) Nous allons résister à cela. Nous avons la capacité de nous défendre», a-t-elle ajouté, interrogée sur ABC.
Cette annonce de Moscou «signifie que le président Poutine continue l’escalade dans cette guerre, d’une manière qui est totalement inacceptable», a pour sa part déclaré sur CBS l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield. «Nous devons continuer à dénoncer ses actions de la façon la plus sévère qu’il soit», a-t-elle ajouté.
De son côté, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a dénoncé la conduite «irresponsable» de Moscou. «C’est une rhétorique dangereuse. C’est une conduite qui est irresponsable», a déclaré Jens Stoltenberg sur la chaîne CNN. Selon le secrétaire général de l’organisation, la nouvelle déclaration de Vladimir Poutine vient s’ajouter au discours «très agressif» venant de la Russie «depuis plusieurs mois et particulièrement ces deux dernières semaines».
«Ils (les Russes) ne menacent pas simplement l’Ukraine, mais également les pays alliés de l’Otan, et demandent à ce que nous retirions toutes nos forces armées du flanc est de l’alliance», a-t-il ajouté.
Dans une interview diffusée hier sur la BBC, Jens Stoltenberg a également appelé les Etats membres de l’Otan à «faire front commun» face à la «rhétorique menaçante» de Moscou.
«Notre message est très clair : les pays de l’Otan se défendent et se protègent les uns les autres. L’Otan ne veut pas de guerre avec la Russie, nous ne cherchons pas la confrontation. Nous sommes une alliance défensive, mais qu’il n’y ait pas de malentendu ou de mauvais calcul sur notre capacité à défendre les alliés» face à d’éventuelles offensives russes, a-t-il insisté. Face aux accusations émises par Moscou de «déclarations belliqueuses de l’Otan», le secrétaire général de l’organisation a démenti toute responsabilité.