Le débat sur une livraison de missiles de croisière Taurus à Kiev s’intensifie en Allemagne, plusieurs responsables politiques exhortant le chancelier Olaf Scholz à donner son aval face aux bombardements massifs de la Russie sur l’Ukraine depuis le début de l’année. «La livraison de missiles Taurus à l’Ukraine aurait dû avoir lieu depuis longtemps», a soutenu hier Sara Nanni, une porte-parole du groupe parlementaire des Verts, parti membre de la coalition gouvernementale du social-démocrate Olaf Scholz, selon l’AFP.
«La protection la plus efficace contre les attaques aériennes russes consiste à atteindre des cibles situées sur le territoire russe et dans les territoires occupés de l’est de l’Ukraine, à partir desquelles la Russie lance ses attaques», a-t-elle estimé dans un entretien au quotidien Rheinische Post. Or l’Ukraine n’en a jusqu’à présent pas les moyens, notamment parce que Berlin lui refuse ces missiles que Kiev lui réclame depuis des mois, selon elle. Promettre d’aider l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire «paraît cynique quand l’Europe» lui livre «certes suffisamment pour qu’elle ne perde pas, mais pas assez pour qu’elle libère l’ensemble de son territoire», a critiqué dans le même journal la députée Marie-Agnes Strack-Zimmermann, membre des libéraux du FDP également alliés au gouvernement, qui réclame depuis plusieurs mois l’envoi de Taurus en Ukraine.
Les appels en ce sens ont redoublé ces derniers jours en Allemagne, de la part de membres de ces deux partis mais aussi de l’opposition conservatrice, alors que Moscou a multiplié les bombardements meurtriers sur plusieurs villes ukrainiennes, dont la capitale Kiev.
Le Taurus est l’un des missiles les plus modernes de l’armée de l’air allemande. Les armes sont en mesure de trouver leur cible même à haute altitude et à grande distance, et peuvent par exemple détruire des bunkers.
Le chancelier Scholz a décidé début octobre de ne pas les livrer pour le moment.
Cette décision est motivée par la crainte que le territoire russe soit également touché par ces armes de précision d’une portée de 500 kilomètres. Interrogé mercredi, son porte-parole Steffen Hebestreit a indiqué que la position du gouvernement n’a pas changé. «Nous observons la situation et agissons en conséquence», a-t-il dit lors d’une conférence de presse.
Des F16 danois dans six mois
Par ailleurs, la donation d’avions de combat américains F-16 par le Danemark à l’Ukraine, très attendue par Kiev, devrait avoir lieu au deuxième trimestre 2024, une fois la formation des pilotes terminée, a indiqué hier Copenhague. «Selon le calendrier actuel, la donation devrait avoir lieu au deuxième trimestre 2024», a indiqué, dans un communiqué, le ministère danois de la Défense, alors que des pilotes ukrainiens sont actuellement formés sur le sol danois. «Il s’agit notamment de finaliser la formation du personnel ukrainien qui exploitera l’avion après la donation», est-il précisé.
Le Danemark, qui remplace ses F-16 par des F-35 plus modernes, a promis à l’Ukraine 19 appareils. Les Pays-Bas, qui participent à la formation des pilotes ukrainiens, doivent en donner 42 mais n’ont pas dévoilé leur calendrier.
Dans ses vœux du Nouvel An, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré que les pilotes de son pays maîtrisaient déjà ces appareils qu’il compte voir voler dans les cieux ukrainiens cette année.
«Le calendrier de la formation dépend de plusieurs facteurs, tels que les conditions matérielles et météorologiques», a toutefois prévenu le ministère danois. Depuis février 2022, le soutien militaire du Danemark à l’Ukraine s’élève à 16,8 milliards de couronnes (2,2 milliards d’euros).