L’appel de l’UA intervient alors que des colonnes de combattants du M23, alliés à des troupes rwandaises, sont entrées hier dans le centre de Bukavu, grande ville de l'est de la RDC.
L'Union africaine (UA) a mis en garde hier contre une «balkanisation» de la République démocratique du Congo (RDC), alors que des combattants du M23 alliés à des troupes rwandaises sont entrés dans Bukavu. «Nous ne voulons pas d'une balkanisation» de la République démocratique du Congo, a plaidé lors d'une conférence de presse le commissaire à la paix et la sécurité de l'UA, Bankole Adeoye, tout en «appelant au retrait immédiat du M23 et de ses partisans de toutes les villes occupées», sans nommer le Rwanda, rapporte l’AFP.
Bankole Adeoye, lors d'une déclaration faite durant le Sommet annuel des chefs d'Etat de l'UA à Addis- Abeba, a également appelé au «respect de la souveraineté, de l'unité politique et de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo», tout comme la veille le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. «La seule façon de résoudre le problème dans l'est de la RDC est que toutes les parties s'assoient autour de la table, et l'Union africaine est prête à jouer ce rôle de médiation», a-t-il également affirmé.
L’appel de l’UA intervient alors que des colonnes de combattants du M23, alliés à des troupes rwandaises, sont entrées hier dans le centre de Bukavu, grande ville de l'est de la RDC. Le groupe armé antigouvernemental était entré vendredi soir dans les quartiers périphériques de la capitale du Sud-Kivu, peu après avoir pris le contrôle de l'aéroport provincial situé à une trentaine de kilomètres.
«Sanctions»
La chute de la cité d'un million d'habitants, tombée sans résistance des forces armées congolaises (FARDC), donne au M23 et son allié rwandais le contrôle total du lac Kivu, après la prise, fin janvier, de Goma, capitale de la province voisine du Nord-Kivu. L'essentiel des forces armées congolaises a quitté Bukavu vendredi, abandonnant des armes qui ont été récupérées par des civils et des bandits.
Après le départ des autorités militaires et civiles, la ville a été livrée aux pillages à la tombée de la nuit et toute la journée de samedi. Le M23 a indiqué, samedi dans un communiqué, attendre de la population de Bukavu qu'elle s'organise «en comités de vigilance pour assurer la sécurité». Le groupe armé a également exigé «le retrait immédiat» des soldats burundais qui appuient l'armée congolaise dans la province.
Hier, des tirs résonnaient encore dans certains quartiers, notamment près d'une base militaire de la ville. Depuis la récente intensification du conflit, les appels de la communauté internationale à une désescalade et un cessez-le-feu se sont multipliés, jusqu'ici en vain, sur fond de crainte d'une guerre régionale. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réitéré samedi, à l'ouverture du Sommet de l'Union africaine dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba, un appel à «éviter à tout prix une escalade régionale».
Le gouvernement britannique a, lui aussi, dit hier sa crainte d'un «conflit régional plus large». La diplomatie française a appelé, dans une déclaration, au «retrait sans délai» des forces rwandaises et s'est dite prête à prendre des «sanctions». L'Union européenne a, de son côté, indiqué dans un message sur X examiner «en urgence toutes les options à sa disposition». La RDC, qui réclame depuis des mois des sanctions contre le Rwanda, s'est félicitée par la voix de sa Première ministre à Addis-Abeba d'un «changement de narratif» de la communauté internationale. Environ 4000 militaires rwandais sont présents dans l'est de la RDC, selon l'ONU.
Dans le conflit qui dure depuis plus de trois ans, Kinshasa accuse Kigali de vouloir contrôler l'exploitation et le commerce de minerais utilisés dans les batteries et les équipements électroniques, mais aussi de tenter de s'approprier des terres pour l'agriculture et l'élevage. Le Rwanda dément et affirme que sa sécurité est menacée par certains groupes armés présents dans la région, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda, créées par d'anciens responsables hutus du génocide des Tutsis au Rwanda.