Un premier groupe de réfugiés fuyant le Nagorny-Karabakh est entré hier en Arménie, rapporte l’AFP. Quelques dizaines d’habitants de ce territoire, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées, sont arrivés au centre d’accueil mis en place par le gouvernement arménien à Kornidzor. Certains réfugiés ont déclaré qu’ils venaient du village frontalier d’Eghtsahogh, tandis que d’autres ont affirmé avoir parcouru de plus longues distances dans cette zone montagneuse du Caucase.
Les forces de l’Azerbaïdjan poursuivaient en parallèle leurs opérations visant à rétablir leur contrôle total sur le Nagorny-Karabakh, après leur offensive qui suscite des inquiétudes quant au sort des 120 000 personnes vivant dans cette région majoritairement peuplée d’Arméniens, où l’Azerbaïdjan a remporté une victoire militaire éclair. Les autorités arméniennes du Nagorny-Karabakh ont annoncé hier que les civils laissés sans logement à cause des dernières violences seraient transférés en Arménie avec l’aide des soldats de maintien de la paix russes, présents sur place depuis la précédente guerre, en 2020.
L’Azerbaïdjan s’est engagé à permettre aux combattants rebelles qui rendraient leurs armes de quitter la zone vers l’Arménie. Le ministère azerbaïdjanais de l’Intérieur a annoncé hier qu’il organiserait des convois par car pour les anciens combattants, ajoutant que certains pourraient également partir en voiture. Les séparatistes et les responsables de Bakou ont eu jeudi une première série de pourparlers en vue de la «réintégration» du Nagorny-Karabakh.
Cette enclave, qui a été rattachée en 1921 par le pouvoir soviétique au territoire azerbaïdjanais, a été par le passé le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques de l’URSS que sont l’Azerbaïdjan et l’Arménie : l’une de 1988 à 1994 (30 000 morts) et l’autre à l’automne 2020 (6500 morts). L’opération militaire azerbaïdjanaise, qui s’est achevée en 24 heures mercredi, a fait au moins 200 morts et 400 blessés, d’après les séparatistes arméniens.
Alliances «inefficaces»
Par ailleurs, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a annoncé hier un revirement d’alliance, tournant le dos à Moscou après l’invasion du Nagorny-Karabakh par l’Azerbaïdjan. Dans une allocution télévisée, il a qualifié d’«inefficaces» les alliances actuelles de son pays, dans une allusion à ses relations avec Moscou héritées de l’époque où l’Arménie faisait partie de l’Union soviétique.
Car l’Arménie est encore membre de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire chapeautée par la Russie. «Les systèmes de sécurité extérieure dans lesquels l’Arménie est impliquée se sont révélés inefficaces pour protéger sa sécurité et ses intérêts», a déclaré N. Pachinian, déstabilisé par cette invasion du Nagorny-Karabakh, contre laquelle il n’a pas engagé l’armée arménienne. «L’Arménie n’a jamais renoncé à ses obligations ni trahi ses alliés. Mais l’analyse de la situation montre que les systèmes de sécurité et les alliés sur lesquels nous comptons depuis longtemps se sont fixé pour tâche de montrer notre vulnérabilité et l’incapacité du peuple arménien à avoir un Etat indépendant», a-t-il ajouté.
Ceci dit, le Premier ministre arménien Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliev ont prévu de se rencontrer en Espagne le 5 octobre à Grenade (sud) avec la participation du président français Emmanuel Macron, du chancelier allemand Olaf Scholz, et du président du Conseil européen Charles Michel, a déclaré le Conseil de sécurité arménien dans un communiqué.
De son côté, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, rencontrera aujourd’hui son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev, dans l’enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, nichée entre l’Arménie et l’Iran et frontalière de la Turquie, a annoncé hier la présidence turque. Les «derniers développements» au Nagorny-Karabakh seront au cœur de la rencontre, a indiqué la Présidence dans un communiqué.