Conflit du Nagorny Karabakh : L’enclave presque entièrement désertée par sa population arménienne

01/10/2023 mis à jour: 01:15
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100 000 réfugiés ayant fui en Arménie par crainte de représailles

La république séparatiste du Nagorny-Karabakh a presque entièrement été désertée hier par ses habitants après la victoire éclair de Bakou, avec plus de 100 000 réfugiés ayant fui en Arménie par crainte de représailles de l’Azerbaïdjan. 

«100 437 personnes» sont maintenant «entrées en Arménie» depuis la capitulation du 20 septembre, selon Nazeli Baghdassarian, la porte-parole du Premier ministre, soit plus de 80% des 120 000 Arméniens qui vivaient officiellement dans l’enclave avant l’offensive azerbaïdjanaise. «Il reste quelques centaines de fonctionnaires, d’urgentistes et de personnes ayant des besoins spéciaux, qui se préparent également à partir», a écrit sur X (ex-Twitter) l’ancien médiateur des droits du Nagorny-Karabakh, Artak Beglarian, précisant que ces informations ne sont «pas officielles». 
 

De son côté, l’ONU a annoncé avoir reçu le feu vert pour l’envoi ce week-end d’une mission dans le territoire afin d’évaluer principalement les besoins humanitaires. 
 

Au total, près de 600 morts sont à déplorer dans le sillage de l’offensive militaire. Les combats ont causé la mort d’environ 200 soldats dans chaque camp. 

Bakou a accusé Erevan de la mort d’un soldat posté à la frontière entre les deux pays hier, une allégation immédiatement démentie par l’Arménie. L’enclave a décrété jeudi la dissolution spectaculaire «de toutes les institutions gouvernementales (...) au 1er janvier 2024», signant ainsi la fin de l’existence de «la République du Nagorny-Karabakh». Ses habitants paniqués ont quitté leurs foyers par peur de représailles. 
 

Accusés de «terrorisme»

Cette région à majorité chrétienne a fait sécession de l’Azerbaïdjan à majorité musulmane à la désintégration de l’URSS. Elle s’est opposée pendant plus de trois décennies à Bakou, notamment lors de deux guerres entre 1988 et 1994 et à l’automne 2020. Elle a été massivement militarisée et tous les hommes y ont eu l’expérience des combats. 

Leur peur est nourrie, selon Erevan, par une série d’«arrestations illégales», bien que les autorités azerbaïdjanaises se soient engagées à permettre aux rebelles qui rendraient leurs armes de partir. Plusieurs responsables de l’enclave ont été placés en détention, accusés de «terrorisme» et d’autres crimes, à l’image de l’ancien responsable des Affaires étrangères, David Babaïan, arrêté vendredi. 
 

Environ 2000 personnes ont défilé dans le centre d’Erevan hier en solidarité avec Rouben Vardanian, qui a dirigé le gouvernement séparatiste de l’enclave de novembre 2022 à février 2023 et a été arrêté mercredi alors qu’il tentait de rejoindre l’Arménie. 
 

L’exode a ravivé les accusations d’un «nettoyage ethnique», Erevan ayant lancé un nouvel appel à la Cour internationale de justice (CIJ), réclamant des mesures urgentes pour protéger les habitants de l’enclave. Et les opposants au Premier ministre Nikol Pachinian, jugé responsable de la débâcle, ont rassemblé 3000 personnes en fin de journée devant son bureau à Erevan, après avoir mis en sourdine ces derniers jours leurs critiques pour accueillir les réfugiés.
 

Erevan rejette la faute sur la Russie, son alliée traditionnelle, censée garantir depuis 2020 le plein respect du cessez-le-feu et qui n’est pas intervenue.
 

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