Conflit du Nagorny-Karabakh : Cessez-le-feu entre Bakou et les séparatistes arméniens

21/09/2023 mis à jour: 17:14
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Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a confirmé le désarmement des forces du Nagorny-Karabakh, dans le cadre d’une trêve - Photo : D. R.

Selon les séparatistes, ce cessez-le-feu a été décidé, après une médiation des forces russes de maintien de la paix déployées dans le territoire depuis le dernier conflit, il y a trois ans.

Un cessez-le-feu a été annoncé, hier, au Nagorny-Karabakh où les séparatistes arméniens ont accepté de déposer les armes et de négocier sur la réintégration de ce territoire à l’Azerbaïdjan, au lendemain du déclenchement d’une offensive militaire d’envergure, selon l’AFP, citant les belligérants.

Cette annonce est une victoire majeure pour le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, dans sa volonté de prendre le contrôle de cette région disputée depuis des décennies entre Bakou et l’Arménie et théâtre de deux guerres, l’une de 1988 à 1994, l’autre à l’automne 2020. Cette fois-ci, un assaut militaire azerbaïdjanais de 24 heures aura suffi à faire plier les séparatistes acculés par la puissance de feu de Bakou et la décision de l’Arménie de ne pas leur venir en aide.

Le bilan humain s’établit, pour l’instant, à 32 morts.  «Un accord a été conclu sur le retrait des unités et des militaires restants des forces armées de l’Arménie (...) et sur la dissolution et le désarmement complet des formations armées de l’Armée de défense du Nagorny-Karabakh», a indiqué la présidence séparatiste, dans un communiqué.

Elle a annoncé, en outre, de premiers pourparlers concernant «la réintégration» à l’Azerbaïdjan de ce territoire où les tensions s’intensifiaient ces derniers temps. Ils doivent se dérouler aujourd’hui dans la ville azerbaïdjanaise de Yevlakh, située à 295 km à l’ouest de Bakou.

Dans une allocution prononcée à la nation, hier, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a déclaré que son pays n’a «pas participé» à la rédaction de l’accord de cessez-le-feu. «Nous avons pris note de la décision des autorités du Karabakh de cesser les hostilités et de déposer les armes», a-t-il affirmé à la télévision, ajoutant que l’Arménie n’a plus d’unités militaires dans la région depuis août 2021.

Il est «très important» que les combats cessent dans cette enclave, a-t-il ajouté. L’opposition reproche à N. Pachinian, qui a dénoncé, la veille, des appels à un «coup d’Etat» dans son pays, d’avoir été responsable de la défaite militaire en 2020. Des heurts ont opposé, avant-hier, à Erevan, des manifestants le qualifiant de «traître» et exigeant sa démission devant le siège du gouvernement.

Selon les séparatistes, ce cessez-le-feu a été décidé, après une médiation des forces russes de maintien de la paix déployées dans le territoire depuis le dernier conflit, il y a trois ans. Dans la foulée des séparatistes, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a confirmé le désarmement des forces du Karabakh, dans le cadre d’une trêve qui devait entrer en vigueur à 09H00 GMT ainsi que l’ouverture de ces négociations.

Dans ses premières déclarations depuis le lancement de l’offensive de Bakou, Ilham Aliev a affirmé, un peu plus tôt hier, que son assaut s’arrêterait «si (les séparatistes arméniens) déposaient les armes».Les autorités azerbaïdjanaises ont annoncé, mardi, le lancement d’une opération «antiterroriste» au Nagorny-Karabakh, après la mort de six personnes dans l’explosion de mines posées, selon elles, par des «saboteurs» arméniens. Selon le défenseur des droits humains en Arménie, les combats ont fait au moins 32 morts, dont deux enfants, et plus de 200 blessés.

Les autorités séparatistes arméniennes ont annoncé, pour leur part, l’évacuation, avant-hier, de plus de 7000 civils de 16 localités tandis que le contingent de la paix russe présent au Nagorny-Karabakh a évacué, de son côté, plus de 2000 civils des zones les plus dangereuses, selon le ministère russe de la Défense.

Les séparatistes ont affirmé que plusieurs villes du Nagorny-Karabakh, dont la capitale Stepanakert, ont été ciblées par des «tirs intensifs» des forces militaires de Bakou visant aussi des infrastructures civiles. La mairie de Stepanakert a appelé, hier matin, ses habitants à rester dans les abris et à ne pas fuir. Quant à l’Arménie, qui a dénoncé une «agression de grande ampleur» à des fins de «nettoyage ethnique», elle a assuré ne pas avoir de troupes au Nagorny-Karabakh, laissant entendre que les séparatistes avaient combattu seuls face aux soldats azerbaïdjanais.

Près d’un siècle de conflit

L’Arménie et l’Azerbaïdjan commencent à se disputer le Nagorny-Karabakh depuis 1917. Peuplé en majorité par des Arméniens, le Haut-Karabakh est rattaché à la république soviétique d’Azerbaïdjan en 1921 par Staline. Il bénéficie, toutefois, d’un statut d’autonomie à partir de 1923. Un statut qui restera inchangé jusqu’aux dernières années de l’Union soviétique.

Lors de la dislocation de l’URSS en 1991, le Naorny-Karabakh organise un référendum, boycotté par la communauté azerbaïdjanaise, et proclame son indépendance vis-à-vis de Bakou, avec le soutien d’Erevan. Toutefois, cette indépendance n’a été reconnue par aucun Etat membre de l’ONU. Avec le départ de l’armée soviétique de la région, une escalade de violences inter-ethniques mène à une guerre ouverte. Plus de 30 000 personnes y trouvent la mort. Un cessez-le-feu sera négocié par Moscou, le 17 mai 1994.

Un nouveau conflit éclate à l’automne 2020 faisant 6 500 morts en six semaines. Un accord de cessez-le-feu, négocié cette fois encore par la Russie, prévoit que l’Arménie rende à l’Azerbaïdjan la plupart des territoires conquis pendant la guerre de 1991-1994. Une écrasante défaite pour Erevan. En dépit de la présence de forces d’interposition russes, des incidents armés entre forces arméniennes et azerbaïdjanaises se sont régulièrement produits depuis ce cessez-le-feu, les deux belligérants s’en rejetant la responsabilité.


 

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