Conflit au Soudan : Un avertissement pour le voisin du Sud selon l’ONU

03/08/2023 mis à jour: 21:12
AFP
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L’ONU appelle le gouvernement de Juba à agir rapidement pour consolider la paix

Le conflit au Soudan est un «avertissement» pour son voisin du Soudan du Sud, a estimé hier le chef de la mission de l’ONU dans le pays, appelant le gouvernement de Juba à «agir rapidement» pour consolider la paix et permettre la tenue d’élections en décembre 2024, rapporte l’AFP.
 

Ces élections, les premières dans le plus jeune pays du monde qui a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, étaient initialement prévues en février 2023 avant d’être reportées. Elles doivent marquer la fin d’une «période de transition», après un accord de paix qui a mis fin en 2018 à cinq ans d’une sanglante guerre civile entre les rivaux Salva Kiir et Riek Machar ayant fait au moins 380 mille victimes et des millions de déplacés. 

Mais en dépit de la création d’un gouvernement d’union nationale dans lequel S. Kiir est président et R. Machar vice-président, la mise en application de cet accord avance peu, laissant le pays en proie aux violences politico-ethniques, à l’instabilité économique et à l’urgence humanitaire. 

«La situation au Soudan constitue un avertissement pour le Soudan du Sud. Elle renforce l’impératif d’agir rapidement pour renforcer les fondements de la paix, de la stabilité et d’une gouvernance inclusive», a déclaré le chef de la mission de l’ONU au Soudan du Sud, Nicholas Haysom, en conférence de presse. «Il ne reste plus que 17 mois (...) avant les élections de décembre 2024», a-t-il rappelé, affirmant que des «décisions-clés (...) doivent être prises afin d’ouvrir la voie à la tenue d’élections pacifiques, inclusives et crédibles ». 

«La simple tenue d’élections ne suffit pas», a-t-il ajouté, estimant qu’«un environnement politique et civique propice est nécessaire pour tous les partis politiques, les groupes de la société civile, les médias et tous les Sud-Soudanais».
 

L’ONU a, à plusieurs reprises, dénoncé l’attitude des dirigeants sud-soudanais pour leur répression des libertés publiques, leurs querelles incessantes qui alimentent la violence et leur détournement des fonds publics. Le président Salva Kiir est pour l’instant le seul candidat déclaré à l’élection de 2024. Le chef de l’Etat a assuré début juillet que le scrutin ne serait pas une nouvelle fois reporté. 
 

La guerre qui fait rage au Soudan depuis le 15 avril a fait au moins 3000 morts et des millions de réfugiés. Selon l’ONU, 190 mille personnes ont fui au Soudan du Sud, venant aggraver une situation humanitaire déjà fragile dans ce pays parmi les plus pauvres du monde. Selon Ocha, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, 9,4 des 17 millions de Sud-Soudanais ont besoin d’aide humanitaire.
 

Famine

Par Ailleurs, les Nations unies ont indiqué, hier, que les trois mois et demi de guerre au Soudan ont poussé près de 4 millions de personnes à fuir leurs foyers tandis que plus de 20 des 48 millions d’habitants font désormais face à une situation de crise alimentaire. «Plus de 20,3 millions de personnes, soit plus de 42% de la population du pays», l’un des plus pauvres au monde, font face «à une insécurité alimentaire aiguë», a annoncé l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans un communiqué. 

Le nombre de personnes ayant fui à l’étranger les combats au Soudan avoisine lui les 930 mille tandis que celui des déplacés dans le pays dépasse les 3 millions, selon un dernier bilan de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).Pour la FAO, les déplacements causés par la guerre opposant l’armée soudanaise dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, contribuent à aggraver l’insécurité alimentaire. 

La guerre a détruit les infrastructures, mis le secteur agricole au pas alors qu’avant la guerre, un Soudanais sur trois souffrait déjà de la faim. Aujourd’hui plus de la moitié des Soudanais ont besoin d’aide humanitaire pour survivre, les ONG et l’ONU disent être privées d’accès. Selon la FAO, «6,3 millions de Soudanais sont déjà en situation d’urgence (phase 4) de la classification sur la sécurité alimentaire (CIP) de l’ONU tandis que la phase 5, la plus élevée, correspond à la situation de famine.» 
 

Au Darfour-Ouest, où les violences sont les plus intenses et où des civils sont ciblés pour leur appartenance ethnique, «plus de la moitié de la population souffre de faim aiguë», d’après l’agence onusienne. A Khartoum, les combats continuent à rythmer le quotidien des plusieurs millions d’habitants enfermés chez eux, soumis à de sévères pénuries d’eau, de nourriture et d’électricité par une chaleur étouffante. 
 

Mercredi, un porte-parole de l’armée a affirmé à la télévision que des frappes aériennes ont «tué et blessé des dizaines de rebelles» dans le sud de la capitale. En 2021, les deux généraux avaient évincé ensemble les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute en 2019 de la dictature islamiste Omar Al-Béchir. 
Mais des dissensions sont apparues concernant l’intégration des paramilitaires à l’armée et depuis le déclenchement du conflit, le général Daglo accuse l’armée d’avoir voulu précipiter le retour des membres du parti désormais interdit du Congrès national de Béchir.

Le groupe paramilitaire a de nouveau accusé hier l’armée de «conspirer» avec l’ancien régime. L’armée «camoufle» les activités des officiels du Congrès national, dont certains se sont échappés de prison dans les premières semaines du conflit pour «se ré-emparer du pouvoir», dénoncent les FSR. 
 

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