La ministre des Affaires étrangères du Kosovo a déclaré hier que le pays est ouvert à la tenue de nouvelles élections dans quatre municipalités où la nomination de maires albanais a conduit à des affrontements entre soldats internationaux et minorité serbe. «Nous sommes ouverts à de nouvelles élections dans ces quatre municipalités» du nord du Kosovo, a déclaré Donika Gervalla-Schwarz lors d’une visite à Prague.
Des manifestations ont éclaté au sein de la minorité serbe du Kosovo après l’installation par le gouvernement kosovar de maires d’origine albanaise dans quatre villes du nord du Kosovo, après des élections locales largement boycottées par les Serbes. Lundi, des militaires turcs sont arrivés au Kosovo pour renforcer la Force multinationale dirigée par l’Otan après des affrontements avec des manifestants serbes au cours desquels 30 de ses soldats ont été blessés.
A l’issue d’une rencontre avec son homologue tchèque Jan Lipavsky, la ministre kosovare a estimé que «pour avoir de nouvelles élections, nous avons besoin d’étapes intermédiaires, car déclarer de nouvelles élections alors que l’autre partie déclare qu’elle les boycottera à nouveau n’a pas de sens». Elle a accusé le président serbe, Aleksandar Vucic, d’avoir joué un rôle dans les violences récentes en voulant «rendre le Kosovo instable» et changer «la réalité des Balkans». «Je suis profondément convaincue que cette violence n’est pas liée à ces quatre municipalités, ni à ces élections», a-t-elle appuyé.
Impasse
Les Serbes, qui représentent environ 6% de la population du Kosovo, sont restés largement fidèles à Belgrade, en particulier dans le Nord où ils sont majoritaires. Les autorités du Kosovo et de la Serbie ont été sommées de désamorcer les tensions.
La minorité serbe du Kosovo a boycotté les élections locales d’avril dans le Nord, permettant aux Albanais ethniques de prendre le contrôle des conseils locaux malgré une participation de moins de 3,5%. «Nous condamnons cette violence et en même temps nous montrons que nous sommes ouverts (...) à trouver des moyens non seulement pour arrêter cette violence maintenant, mais aussi pour prendre des mesures pour prévenir la violence à l’avenir», a déclaré Mme Gervalla-Schwarz.
Le Kosovo a déclaré son indépendance de la Serbie en 2008, mais Belgrade, ainsi que la Chine et la Russie, ne reconnaissent pas cette décision. Cinq pays de l’Union européenne (UE), l’Espagne, la Grèce, la Roumanie, la Slovaquie et Chypre, ne reconnaissent pas non plus l’indépendance du Kosovo.
La guerre du Kosovo, où vivent 1,8 million d’habitants en très grande majorité albanais, a pris fin en 1999 avec une campagne de bombardements de l’Otan emmenée par les Etats-Unis. La minorité serbe compte 120 000 membres, dont un tiers environ vivent dans le Nord. Belgrade exige l’application d’un accord de 2013 prévoyant la création d’une association de dix municipalités à majorité serbe.
Mais nombre de Kosovars albanais craignent la création d’un gouvernement parallèle contrôlé par Belgrade. La Serbie et le Kosovo n’ont guère progressé sur cette question, entre autres, depuis qu’ils se sont engagés en 2013 dans un dialogue parrainé par Bruxelles visant à normaliser leurs relations, une condition, pour les deux pays, d’adhésion à l’UE.
Le 31 juillet, Pristina a annoncé un délai de deux mois pour le remplacement des plaques, provoquant troubles et mécontentements. Après une médiation de crise de l’UE, elle a toutefois accepté de repousser la date de mise en œuvre à la fin de l’année 2023.