Conférence sur les migrations en Libye : Pour une «nouvelle stratégie» face à la crise

18/07/2024 mis à jour: 21:33
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Le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, recevant la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni

Une conférence sur les migrations s’est ouverte à Tripoli hier en présence de dirigeants ou représentants de 28 pays méditerranéens et africains, afin d’établir un cadre «stratégique» face à la crise de l’immigration irrégulière, rapporte l’AFP. 

 «Nous avons une responsabilité morale» envers ces populations qui «traversent le désert et la mer» au péril de leur vie, a assuré le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, en ouverture du Forum sur les migrations trans-méditerranéennes (TMMF). Il a prôné «une nouvelle stratégie pour des projets de développement» dans les pays d’origine afin de freiner ces flux migratoires car «on ne peut résoudre cette crise qu’à la racine». 

La Libye, située à 300 kilomètres des côtes italiennes, est, avec la Tunisie, l’un des principaux pays de départ en Afrique du Nord pour des milliers de migrants, en majorité d’origine subsaharienne, cherchant à rejoindre clandestinement l’Europe. «La Libye s’est retrouvée prise entre les pressions de refoulements (des pays) européens et le désir de migration» des Africains, selon A. Dbeibah dont le pays miné par les divisions et violences depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi peine à retrouver une stabilité sécuritaire. Il a réitéré le refus de «tout projet d’installation définitive» des migrants en Libye alors que le ministère de l’Intérieur a récemment évoqué la présence de «près de 2,5 millions d’étrangers» en Libye (sur 7 millions d’habitants) dont «70 à 80% entrés de manière illégale». La Libye a été accusée à plusieurs reprises par des ONG et organisations internationales d’abus à l’encontre des migrants, dont des «meurtres, disparitions forcées, tortures, esclavage, viols». 

Présente à Tripoli, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a appelé à combattre «avec une approche multilatérale» le trafic d’êtres humains, «l’un des réseaux criminels les plus puissants au monde». Mme Meloni a dénoncé des organisations qui «décident de qui a le droit ou non de vivre dans nos pays», estimant que «l’immigration illégale est l’ennemie de la migration légale». Comme elle a défendu l’octroi par son gouvernement de dizaines de milliers de permis de séjour «avec des quotas élargis pour les pays qui nous aident à lutter contre les trafiquants d’êtres humains».


Entre le début de l’année et le 16 juillet, l’Italie a recensé l’arrivée de 30.348 migrants de Méditerranée centrale, en baisse de 61% sur un an, avec 17.659 personnes parties de Libye (-39% sur un an) et 11.001 de Tunisie (-75,74%), selon le ministère de l’Intérieur.


Mme Meloni a également mis en avant «le Plan Mattei» consistant dans des investissements en Afrique, selon une approche de «coopération à parité» pour «résoudre les problèmes des deux parties». Elle a souhaité que le plan italien soit «complété par d’autres initiatives» au niveau européen et du G7. 


Affrontements

Par ailleurs, des combats ont opposé des groupes armés locaux dans la nuit de mardi à mercredi dans la banlieue est de la capitale libyenne, causant la mort d’une femme, selon des médias locaux et les services de secours. Des affrontements à l’arme moyenne et légère ont éclaté tard dans la nuit à Tajoura, ville située à une vingtaine de kilomètres à l’est de Tripoli, proche de l’aéroport de Mitiga et des stations balnéaires très fréquentées par les habitants, les nuits d’été. 

Une «femme est décédée touchée à la tête» par une balle perdue lors de ces combats, a indiqué mardi soir sur la télévision locale Libya Al-Ahrar, Oussama Ali, porte-parole du service des ambulances et secours. Les combats ont provoqué un mouvement de panique sur les plages dont l’évacuation a été coordonnée par les services de secours.

Les causes de ces violences restent inconnues mais selon des médias locaux et les réseaux sociaux, les heurts ont éclaté à cause de différends entre deux groupes armés qui contrôlent la ville et l’arrestation d’un membre d’un groupe par l’autre. Les affrontements à l’arme lourde sont récurrents entre groupes armés dans l’ouest de la Libye, malgré leur affiliation au gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli.

 Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est déchirée par les violences et divisée entre deux camps rivaux, avec à l’ouest le gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah, reconnu par l’ONU, face à un exécutif parallèle affilié au camp du puissant maréchal Khalifa Haftar, qui règne sur l’est et une partie du sud.

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