Issa Hayatou (1946-2024) n’est plus. Il s’éteint jeudi à Paris, des suites d’une longue maladie. Il est décédé la veille de son 77e anniversaire.
L’homme, qui a dirigé la Confédération africaine de football (CAF) pendant 39 ans (1988-2017), n’était pas destiné à occuper ce poste. Issu d’une tribu de Rois à Gaoua, il a taté les sports-co, l’athlétisme où il a occupé un important poste de responsabilité, avant que le ministre des Sports le nomme au poste de secrétaire de la Fédération de football (Fecafoot) où il s’est fait remarquer au début des années 1980.
A cette époque, la CAF se préparait à trouver un remplaçant à l’Éthiopien Tessema. Le passage de témoin a eu lieu à Rabat, à l’occasion de la CAN qu’a organisée le Maroc. Des dirigeants ont été très actifs dans l’élection de Issa Hayatou à la tête de la CAF (1988 ). Il avait 44 ans. Depuis ce jour, il a marqué son passage à la tête de la CAF. Il a régné sur la CAF pendant 39 ans. Et le mot n’est pas assez fort pour décrire son mode de fonctionnement. Il a fait bon usage de sa cours.
Redoutable tacticien, il a su mettre à profit la gueguerre que se menaient la FIFA et l’UEFA. Il s’est appuyé sur la loi du nombre de voix que détenait la CAF (54 voix) pour contraindre la FIFA à augmenter le nombre de places des pays africains qualifiés à la Coupe du monde de la FIFA. Il a obtenu gain cause. Grâce à l’essor du football africain, Issa Hayatou a intégré le gouvernement (COMEX ) de la FIFA et du CIO. Mieux, il s’est présenté à l’élection au poste de président de la FIFA sans parvenir à déloger Joseph Sepp Blatter. En 2015, en plein scandale du Qatargate, il a remplacé Joseph Sepp Blatter au poste de président de la FIFA.
L’arrivée de Gianni Infantino à la FIFA a scellé le sort d’Issa Hayatou, traduit devant la commission d’éthique et suspendu de toutes activités liées au football. L’Italo-Helvète, avec la complicité de nombreux dirigeants sportifs africains, a facilement obtenu ce qu’il cherchait.
A savoir éjecter le Camerounais de la CAF et le remplacer par des individus effacés et sans envergure. Aveuglé par le pouvoir absolu qu’il détenait, Issa Hayatou allait offrir sa tête sur un plateau à ses ennemis. Tout est parti, à l’été 2015 de reconduire le contrat avec Sport Five, une filiale du groupe Lagardère. Les deux parties étaient liées par un contrat depuis 1993. Sport Five bénéficiait d’un contrat avec une grosse faveur (la préemption). Issa Hayatou s’est appuyé sur cet article pour signer un nouveau contrat avec ce partenaire historique qui s’étendait sur 12 ans avec à la clé 1 milliard 200 millions de dollars. Une société égyptienne, Production, a déposé plainte contre la CAF pour non-respect des procédures pour les avis d’appel d’offres à la concurrence. Issa Hayatou et le secrétaire général de l’époque, le Marocain Hicham El Amrani, ont eu à faire à la justice égyptienne. Depuis jeudi, Issa Hayatou n’est plus là pour défendre son honneur.