Concert de Gema Caballero au Festival européen d’Alger : Une fiesta flamenca très «caliente»

02/07/2022 mis à jour: 05:43
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Photo : D. R.

La célèbre «cantaora», la chanteuse espagnole Gema Caballero et la danseuse Sara Calero, accompagnées par Luis Mariano à la guitare et Raul Dominguez, aux percussions, ont fait grimper la température lors d’une fiesta ayant embrasé le public du Théâtre national algérien, jeudi soir.

Eh bien oui, l’Espagne a réussi à bonder le TNA. Archicomble, sold out, et tous les étages. Pourquoi ? Parce que les Algériens, les mélomanes aiment, adorent le flamenco. Un genre musical espagnol qui leur est proche.

La musique andalouse, l’Andalousie et sa civilisation. Une musique, un son, d’une inspiration arabisante. Donc, les maîtres mots étaient «caliente, calor, fiesta». Chaleur et fête, musicalement parlant mais pas politiquement bien sûr.

Ainsi, on découvrira une diva qui a du coffre chantant avec ses tripes des sortes «d’arabesques» et fresques instrumentales et lyriques telles que Flores ! (Tanguillo), A Graná me quiero ir (Zambra), Con delirio (Granaina y media), La calle de Alcalá (Caracoles), Lo traigo andao (Fantasía popular), No me bajo (Cantes de columpio), Engo sola (Campo), El panteón triste (Serrana), El primer renglón (Malagueña y jabera) ou rncore Inesilla y brillante (Romance y panaderas).

Sara Calero, une danseuse ayant du «chien andalou»

Et ce fut la passion furieuse et ardente du flamenco. La gracieuse danseuse Sara Calero a fait résonner les planches du Théâtre national algérien. Entre les encouragements de la diva Gema Caballero «olé» très cher à la tauromachie et «tauromachisme», «baila» (danser), la danseuse Sara Calor, telle une torera dans une corrida, «appuiera sur le plancher» du TNA, et s’élancera dans une chorégraphie virevoltante défiant la gravité, une danse effrénée sensuelle, gracieuse et fougueuse. Et ce, ponctuée, par ce tapage «nocturne», cette sérénade, emmenée par «las palmas».

Ces claquements de mains, appelés dans le vocabulaire espagnol du flamenco «palmas», sont un type de percussions produits par les claquements rythmés générés par la frappe des doigts d’une main sur la paume de l’autre, ou par la frappe d’une paume sur l’autre de chacune des deux mains. Ils accompagnent communément la musique et la danse du flamenco. D’ailleurs, le public accompagnera lui aussi ces «las palmas» qui appellent, qui invitent à la danse. Bref, Sara Calero, une ibérique danseuse ayant du «chien andalou».

Simona Abdallah, une «batteuse», moissonneuse d’ovations

La première partie a été assurée par la percussionniste Simona Abdallah. C’est une joueuse de derbouka. Elle nous vient du Danemark. Elle est d’origine palestinienne. Simona Abdallah est saluée comme la première percussionniste féminine d’origine arabe. Elle joue de la derbouka, un instrument traditionnellement joué par les hommes. Sa passion et son talent la poussent à briser les barrières et à échapper à un environnement oppressant.

Sa musique combine des sons traditionnels avec des rythmes modernes. Simona Abdallah s’identifie comme danoise palestinienne. Ses parents ont fui au Liban pour l’Allemagne, où elle est née en 1979.

La famille a ensuite déménagé au Danemark, où Simona a passé son enfance dans la deuxième plus grande ville du Danemark, la ville portuaire venteuse d’Aarhus. «Je suis heureuse de trouver parmi vous, ici, en Algérie…J’ai appris la musique juste par l’oreille. D’une manière empirique, autodidacte. J’avais chez-moi, plus de 500 cassettes (K7) de musique égyptienne. D’Abdelhalim Hafez, Oum Kalsoum…

J’ai grandi avec cette musique arabe, orientale…», confiera Simona Abdallah. En fait, Simona Abdallah, à la derbouka, évolue en semi-recording (live et pré-enregistrement des instruments musicaux). Simona Abdallah revisitera le «tarab al arabi», le chant arabe d’Oum Kalsoum, celui d’Abdelhalim Hafez à travers Zay El Hawa. Et le public battra la mesure avec elle et copieusement. En l’accompagnant sur ces rythmes caractéristiques de derbouka d’Egypte. Les rythmes baladi, saïdi et masmoudi.

Mohamed Rouane l’initie au «berouali »

Simona Abdallah, ayant déjà collaboré avec le king du raï Khaled, invitera sur scène le grand instrumentiste algérien Mohamed Rouane, pour en fait une «jam session», un interlude jazzy, chaâbi, andalou, gypsy. Une improvisation où Mohamed Rouane initiera Simona au «berouali ou hedi», ce rythme typiquement algérois très «dance». Ils seront longuement ovationnés par l’assistance acquise à ce genre de roulements de derbouka et aux riffs hispanisants et algérianisants de Mohamed Rouane. «C’est sûr, je vais me mettre à apprendre le rythme algérien.» Simona Abdallah, Mohamed Rouane et une jeune diplomate danois, au piano finiront le spectacle avec le titre Caravan.

Du pur jazz, du pur bonheur. Caravan est enregistré pour la première fois le 19 décembre 1936 par Barney Bigard and his jazzopators Mais le morceau acquiert la célébrité avec la version enregistrée le 18 mars 1937 par l’orchestre de Duke Ellington pour le label Master Records. Dans ces mêmes années, Irving Mills écrira des paroles pour Caravan, chantées notamment par Ella Fitzgerald.

Ce thème, habile fusion du style jungle, caractéristique de la première manière du Duke, et d’exotisme moyen-oriental, rencontrera un grand succès international et connaîtra pléthore d’adaptations et reprises dans tous les styles et genres de musique confondu.

Travel Diaries, voyage vernis, au bout des ongles

Le mercredi soir Théâtre national d’Alger a accueilli la formation autrichienne Travel Diaries menée par Beate Reiermann et Edith Lettner. Elles ont toutes deux été influencées et inspirées par leurs voyages, des études intenses et des collaborations avec des musiciens exceptionnels du monde entier. Leurs compositions reflètent leurs diverses expériences musicales et apportent une base colorée d’improvisation et de dynamiques interactions.

Comme des odeurs épicées qui persistent dans leurs bagages, les aspects de la musique africaine, latino-américaine, espagnole ainsi que les sons et les rythmes du Moyen-Orient, l’Asie Mineure et le Caucase ont fait leurs entrées dans leur répertoire jazzy.

Ce pot-pourri d’éléments musicaux offre une source inépuisable de créativité pour ces deux pures musiciennes extrêmement agiles. En 2020, elles ont invité la dynamique percussionniste et batteuse Maria Petrova à enrichir leur futur CD avec la diversité de sa palette instrumentale. Maria est l’une des percussionnistes les plus polyvalentes et les plus recherchés en Autriche et à l’étranger, et également parfaite pour ce projet avec ses rythmes et ses grooves variés.

Bernadette Hengst, le talent «teuton »

La seconde partie de soirée du mercredi a été animée par une artiste allemande. Bernadette Hengst ou son nom de scène Bernadette La Hengst (née en 1967 à Bad Salzuflen) est une chanteuse et musicienne allemande de pop. Elle fut notamment chanteuse et guitariste du groupe de Hambourg Die Braut haut ins Auge. Comme beaucoup de musiciens de la dite Hamburger Schule, Bernadette La Hengst vient de Bad Salzuflen et s’installe à Berlin en 1987 pour être actrice.

En 1988, elle se rend à Hambourg, où elle fonde le groupe Die Braut haut ins Auge en 1990 avec Peta Devlin (basse), Barbara Haß (guitare), Katja Böhm (batterie) et Karen Dennig (orgue). Elle travaille également avec d’autres musiciens de Hambourg comme Huah!, Rocko Schamoni et les Mobylettes.

Après la dissolution de Die Braut haut ins Auge en 2000, Bernadette La Hengst entame une carrière solo. En 2010, elle, Oliver M. Guz et Knarf Rellöm forment Die Zukunft et sortent un disque Sisters & Brothers.

En 2012, l’album Integrier mich, Baby est issu d’une collaboration en 2011 avec le Théâtre Thalia de Hambourg auprès de personnes qui apprennent la citoyenneté allemande ; elle s’intéresse à des groupes sociaux marginaux, en particulier pour la façon dont la société les traite.

Il y a aussi un projet théâtral avec des sans-abri à Fribourg-en-Brisgau. L’album se fait en collaboration avec Rocko Schamoni, GUZ, Die Aeronauten et Peta Devlin.

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