La rétinopathie diabétique est la principale complication du diabète, causée par l’altération progressive des petits vaisseaux de la rétine. Il s’agit d'«une maladie irréversible, aggravée par la durée d’évolution du diabète et son déséquilibre. La paroi des vaisseaux s’altère, entraînant une perte d’étanchéité et des zones d’occlusion. Les anomalies de la rétine doivent être détectées, surveillées et au besoin traitées afin de prévenir les complications oculaires du diabète».
Dans cette optique, et à l’occasion de la Journée mondiale du diabète, célébrée cette année sous le thème «Eduquer pour prévenir l’avenir», le centre hospitalo-universitaire (CHU) de Constantine s’est associé avec la polyclinique de Boumerzoug pour une journée de dépistage de cette pathologie. «Cette journée de dépistage concerne les adultes diabétiques de type 1 ou 2, quel que soit leur âge, ayant bénéficié d’un fond d’œil (examen ophtalmologique destiné à étudier les structures de l'œil à l'arrière du cristallin, et plus particulièrement la rétine) il y a plus d’un an et sans rétinopathie connue», a-t-on appris auprès du CHU. L’équipe d’ophtalmologistes, initiatrice de cette opération, a tablé sur un nombre de consultations conséquent, au vu du nombre croissant des diabétiques.
«Les patients, qui auront au préalable rempli des fiches de renseignements, seront soumis à des prises de photographies par l’orthoptiste. Un ophtalmologiste procédera à la lecture des photographies du fond de l’œil, avant la remise des résultats», est-il expliqué. Selon une étude transversale de la cohorte réalisée en 2019, portant sur des diabétiques de type 1 ou 2, vus dans des consultations spécialisées dans 4 wilayas de l’est du pays, à savoir Batna, Khenchela, Oum El Bouaghi et Annaba, la prévalence de la rétinopathie diabétique chez le diabétique de type 1 est de 31,58%, et de 18,99% pour le type 2. «Malgré les progrès considérables en matière de prise en charge du diabète sucré, la rétinopathie diabétique demeure un problème important de santé publique et continue à peser lourdement sur l’économie des Etats et sur le quotidien des patients», est-il conclu. Parmi les conséquences, il est souligné une cécité de 3,17% des malades et une perte de poste de travail de 3,20% d'entre eux.
LE COÛT DE LA PRISE EN CHARGE
L’Algérie enregistre 4 millions de diabétiques, ce qui constitue une charge financière très lourde pour l’Etat en matière de prise en charge, d’autant que cette pathologie entraîne d’autres complications graves qui pourraient être prévenues. Rien que pour la rétinopathie diabétique, les dépenses de traitements médicaux sont importantes.
Selon un site électronique spécialisé, citant une publication scientifique intitulée «Estimations de coûts et intérêt médico-économique de la méthode automatique dans le dépistage précoce», ce coût est estimé à 3,5 milliards de dinars en 2023.
La prévention précoce, de l’avis de la communauté médicale, reste le premier rempart contre la progression de la maladie et, par conséquent, à la réduction des dépenses liées à la prise en charge. C’est ce qui amène les pouvoirs publics à réactiver le plan de lutte contre les facteurs de risque des maladies chroniques.
A ce propos, la directrice adjointe de la prévention des maladies non transmissibles au ministère de la Santé, le Dr Djamila Nadir, a confirmé, à la veille du lancement des campagnes de sensibilisation contre le diabète, la redynamisation de la commission sectorielle de lutte contre cette maladie en 2022, outre son évaluation en 2023 dans le cadre de la coopération avec l’OMS en Algérie, «dans la perspective de formuler des recommandations concernant le plan national de lutte intégrée contre les maladies métaboliques».