La semaine a été marquée par une effervescence autour de la question des salaires des joueurs et accessoirement des entraîneurs. L’affaire a connu une forte poussée de fièvre lorsque la direction de l’ES Sétif a publié les montants (salaires et primes) versés au joueur Akram Djahnit, le capitaine de l’équipe.
Tout est parti de la défaite (0-1) concédée au stade du 5 Juillet face au Raja de Casablanca en phase de poules de la Ligue des champions (CAF). La publication des documents, versements d’importantes sommes d’argent dans le compte du joueur sétifien a mis à nu, une fois de plus, le professionnalisme en Algérie. En fait de professionnalisme, il n’a que le nom et surtout aucun rapport avec le vrai professionnalisme qui a cours sous d’autres cieux.
En Algérie, il existe un professionnalisme «marrant», moqué par tous mais validé par les parties concernées (MJS, FAF, LFP, les clubs eux-mêmes et toutes les autres entités qui gravitent autour, à savoir les dirigeants, joueurs, entraîneurs, intermédiaires, médias… Chacun trouve son compte. Le débrayage des joueurs du MC Oran qui ont séché une séance d’entraînement pour signifier leur refus de continuer à jouer sans percevoir leurs salaires, a ajouté une couche aux problèmes qui secouent le professionnalisme Taiwan.
Que faire ? D’abord, revenir aux fondamentaux. C’est-à-dire obliger les clubs, dits professionnels, à se conformer aux exigences de la nature de leur activité. Les mécanismes pour réguler cette dernière existent. Ce qui fait défaut c’est leur application. Il y a quand même une batterie de textes, s’ils étaient mis en œuvre sans complaisance, la foire aurait cessé depuis longtemps.
Ensuite, il y a une absence flagrante de volonté de redresser la situation de la part de tous ceux qui gèrent ce dossier. A commencer par les premiers concernés, c’est-à-dire la Fédération, la Ligue de football professionnel et enfin les clubs. Tous les trois se complaisent dans les mauvais acquis et réflexes pris depuis l’instauration du professionnalisme «marrant», il y a plus de dix ans.
Enfin, et c’est le plus dramatique, il y a le laisser-aller érigé en stratégie, couvert par l’impunité. Ce fourre-tout avec l’épitaphe de «football professionnel» est un non-sens à plusieurs degrés. La bonne gouvernance est quasi-absente. La gestion n’a aucun rapport avec les règles en la matière. La seule constance dans le domaine c’est la production et la multiplication de la faillite.
La Fédération et la Ligue de football professionnel couvrent cette faillite en maintenant en vie, artificiellement, des sociétés sportives par actions en faillite et qui ne pourront jamais honorer leurs dettes. La FAF et la LFP ont trouvé la solution, depuis toujours. Avoir recours aux droits télé pour «éponger» un tant soit peu la dette des clubs juste pour leur permettre de s’aligner au départ de la compétition (championnat).
C’est une très mauvaise solution, doublée d’un mauvais choix. La règle est d’admettre en championnat, et la coupe bien sûr, que les clubs qui présentent un bilan qui ne soit pas négatif. Le pire, c’est que ces clubs n’ont même pas la possibilité de présenter des garanties pour couvrir leur déficit. La valeur de leur capital-joueurs ne signifie rien car dans leur écrasante majorité les joueurs attendent des mois et parfois des années pour prendre leur argent… qu’ils ne verront jamais.
Les infrastructures et installations ne sont pas la propriété des clubs pour qu’elles soient hypothéquées, ou bénéficier de prêts de la banque, la valeur de l’action, n’en parlons pas !
Les recettes aux guichets sont plus qu’insignifiantes. Que reste-t-il ? Rien, sauf pour les plus chanceux que le coup de pouce des autorités locales et la générosité de quelques sponsors aiguillés sur certains clubs (pas beaucoup) et pas d’autres (très nombreux). La solution est entre les mains des joueurs, mais à condition qu’ils se constituent en syndicat, une association, un groupement de footballeurs pour défendre leurs droits.
Dans ce cas, ils pourraient assigner la Fédération et la Ligue de football professionnel devant les tribunaux pour non-protection. A deux ou trois exceptions, l’écrasante majorité des clubs vit dans la précarité. Une grève générale des joueurs professionnels ferait bouger les lignes.
Les prestidigitateurs ont toujours abusé de la crédulité de ceux qui les croient, les yeux fermés. A chaque crise financière aiguë, des petits malins recourent à la solution miracle, les droits télé comme si une goutte d’eau remplirait un océan. Le moment est venu d’arrêter ce simulacre de professionnalisme auquel ne croient que ceux dont il remplit les poches et gonfle les comptes en banque.