L’ affaire Berkane, en cours de traitement au niveau du Tribunal arbitral du sport ( TAS de Lausanne ), est abondamment commentée en Algérie et au Maroc. Normal. La où ça ne l’est plus, c’est lorsque des confrères marocains s’approprient le droit de donner des leçons sur le sujet, les textes et la réglementation sur lesquels vont se pencher les membres du Tribunal arbitral du sport à Lausanne pour se prononcer sur l’affaire Berkane encore pendante.
Des journalistes marocains ont pris des postures qui dépassent le cadre de leur métier. Ils cherchent à prendre de haut leurs confrères algériens en répétant doctement ce que leur souffle leur maître mais néanmoins sujet du Roi et quelques voix insignifiantes de la coquille vide qu’est devenue la Confédération africaine de football (CAF) depuis que le président de la FIFA, Gianni Infantino, l’a placée sous sa botte. Les attaques de la presse marocaine visant la presse algérienne ont un objectif essentiel : faire croire que le cours de l’histoire est inscrit en faveur du Makhzen.
C’est une vue de l’esprit et une grotesque manipulation. L’affaire Berkane que la Fédération algérienne de football (FAF) et l’USM Alger ont porté devant le TAS livrera ses secrets après le 17 mai 2024, comme l’a indiqué le TAS à toutes les parties concernées par cette affaire.
Les donneurs de leçons marocains seraient bien inspirés de relire la lettre que le président de l’Union cycliste internationale (UCI), le Français David Lappartient, a adressé au président de la Fédération marocaine de cyclisme le 7 septembre 2023. La missive avait pour objet de rappeler à la fédération citée ses obligations statutaires en matière de séparation du sport et de la politique.
La Fédération marocaine s’était inscrite dans le calendrier international pour organiser une compétition (de cyclisme) et avait pris la liberté de faire la promotion à des articles de presse où les slogans politiques étaient légion.
Le président de l’ UCI n’a pas manqué de dénoncer ces actes et de mettre en garde leurs auteurs en mentionnant qu’«en mai 2023, nous avons constaté des manquements qui pourraient être basés sur des intérêts politiques et non sportifs. Nous vous écrivons sur d’autres aspects qui reflètent un manquement de neutralité dans la promotion des épreuves susmentionnées (cyclisme )... la lettre d’invitation contient un slogan de nature politique qui ne peut-être contesté. L’équipe régionale inscrite sous le nom «Sahara occidental marocain» en apposant le drapeau marocain plutôt qu’un drapeau représentant la région...
Nous devons insister que seule l’ONU dispose de la compétence de déterminer le statut du Sahara occidental, en vertu du droit international. A ce jour, le statut demeurant indéterminé. Toute institution sportive se doit de respecter cette position et de rester neutre vis-à-vis de la question du Sahara occidental. Un devoir de reserve est exigé sur cette question de la part de toute organisation impliquée dans l’organisation cycliste.
De telles communications et actions politiques dans le contexte du sport sont incompatibles avec les principes fondamentaux de séparation du sport et de la politique. La promotion faite par la Fédération marocaine autour des épreuves cyclistes est contraire au principe de neutralité qui prévaut selon la charte olympique». La messe est dite par le président de l’UCI, membre du CIO.
Les Marocains auront-ils suffisamment de cran et de courage pour habiller leurs athlètes avec des équipements sportifs avec des slogans politiques, comme ils l’ont fait avec l’équipe de Berkane avec la complicité flagrante de la CAF ? Jamais ! Aux journalistes marocains donneurs de leçons d’expliquer pourquoi lors des compétitions sportives organisées sous l’égide du CIO et de la FIFA, on ne voit aucun slogan politique comme celui transcrit sur le maillot de la Renaissance de Berkane ?