Il s’appelle Mehdi Debbrah, a 26 ans et vient d’arriver en Algérie à pied, depuis Paris où il est né. Ce n’est pas à cause du prix des billets d’avion ou des pénuries en France avec l’hiver qui approche, mais c’est un marcheur, qui profite de sa tournée pour récolter des dons afin de lancer des projets humanitaires.
Bien sûr, en réalité il n’a pas fait tout le trajet à pied, puisqu’il est parti en Suisse, en Italie pour rejoindre la Tunisie, en bateau, étant donné que Mehdi n’a pas encore les capacités de marcher sur l’eau. Ce qui pose une question : peut-on faire Paris-Alger à pied ?
Il faut passer par l’Italie, puis la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, l’Albanie, le Monténégro, la Grèce, puis la Turquie, la Syrie, en guerre, Israël, où il ne fait pas bon être Algérien, l’Egypte, où il ne fait pas très bon être Algérien, la Libye, en guerre, la Tunisie et l’Algérie en paix. Cet impossible périple renseigne en fait sur l’état du monde, très peu sécurisé depuis le nouvel ordre mondial et les guerres au nom des droits de l’homme. La faute à qui ?
C’est selon, à cause des dictateurs qui donnent des occasions aux grandes puissances pour détruire leur pays ou à cause des grandes puissances justement qui ont décidé de détruire tout ce qui n’est pas dans l’axe. Mehdi n’a donc pas pu faire réellement Paris-Alger, mais on peut se rassurer, même BHL ne peut aller à pied de Beni Saf où il est né à Almeria en Espagne, 200 kilomètres à vol d’oiseau ou en bateau.
Il doit pour ce faire d’abord aller à Beni Saf, ce qui n’est pas évident, puis à Remchi où il va avoir quelques problèmes, puis passer par Nedroma où il aura à craindre quelques escarmouches, puis entrer clandestinement en territoire marocain qui n’est pas entièrement acquis, pour arriver à Sebta d’où il pourra aller à Gibraltar à la nage et Almeria, où il risque encore de faire de mauvaises rencontres avec des Algériens installés là-bas. La morale ? cause de gens bien sûrs d’eux-mêmes, le monde est de moins en moins sûr.