Commémoration. Il y a 61 ans, le 31 janvier 1962 : Des condamnés à mort s’évadent d’une prison de haute sécurité à Blida

31/01/2023 mis à jour: 01:51
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A 3h le 31 janvier 1962, 32 moudjahidine, dont 26 condamnés à mort devant être exécutés une heure après, s’évadent de la prison de Blida suite à une opération majestueusement menée par les services de renseignement du Front de libération nationale (FLN), selon le témoignage de l’un d’eux, à la veille de la commémoration de cette opération.

Il s’agit du moudjahid Senouci Benmisra de Blida, actuellement à la tête de l’Association nationale des anciens condamnés à mort (1954 et 1962), qui a affirmé dans son témoignage que l’«ingéniosité» des services de renseignement algériens qui ont planifié cette évasion a sauvé 32 moudjahidine, parmi eux 26 condamnés à mort, qui ont réussi à s’enfuir de la prison vers 3h du matin le 31 janvier 1962, alors que l’exécution était fixée pour 4h. «Aucun de nous n’était au courant de l’opération à l’exception de l’officier Dira qui en avait informé un des gardiens de la prison, un Algérien dénommé Madani, chargé d’exécuter le plan avec son collègue français, un ami de la cause algérienne, quelques heures seulement avant la mise en œuvre du plan, pour en préserver le secret», a-t-il raconté à l’APS. Après avoir été informés de la décision des responsables de la prison de Blida d’exécuter les 26 moudjahidine à l’aube du 31 janvier, les renseignements du FLN ont commencé à planifier leur évasion de cette prison, réputée être un établissement de haute sécurité.

Les moudjahidine concernés furent informés du plan d’évasion juste avant sa mise en œuvre avec l’aide de deux gardiens de prison, un Algérien et un Français, qui ont ouvert les portes des cellules vers 3h, se sont dirigés vers la cour de la prison et ont coupé les fils électriques qui entouraient l’établissement, mitoyen avec le siège de la gendarmerie française, pour permettre aux moudjahidine d’en escalader les murs avec une corde et de s’enfuir. Le moudjahid Benmisra a révélé qu’aucun des condamnés à mort, lui y compris, n’était au courant de l’intention des responsables de la prison de les exécuter ce matin-là. «Nous l’avons su après notre évasion de la prison», a-t-il dit, ajoutant que «les moudjahidine, qui ont fait le serment de sacrifier leur vie pour l’indépendance de l’Algérie et la dignité de son peuple, n’ont jamais craint la mort».

Toujours selon le même moudjahid, le gardien de prison français a «refusé de s’enfuir» avec eux. «Il nous a demandé de l’attacher et nous a remis son arme, pour éloigner tout soupçon sur son implication dans l’évasion», a-t-il dit.

Le gardien algérien, qui était en contact avec les cadres du FLN, les a, par contre, accompagnés. Ils ont pris d’abord la direction des monts Chréa, où ils ont passé la nuit dans la région de Ben Ali, alors recouverte de neige, avant de rejoindre le maquis le lendemain, en application des instructions du commandement du FLN.

Les autorités coloniales en alerte maximale

Les autorités coloniales françaises se sont lancées dans un véritable branle-bas de combat à la découverte de l’évasion des moudjahidine de la prison de Blida. Une large campagne de ratissage a été engagée tout le long des monts de l’Atlas blidéen, mais aucun évadé n’a été capturé, raconte le moudjahid Benmisra. Le lendemain de l’évasion, alors qu’ils se dirigeaient vers le lieu du rendez-vous fixé par le commandement du FLN, ils sont tombés dans une embuscade de l’armée française. L’accrochage s’est soldé par la mort au champ d’honneur du moudjahid officier Yahiaoui Benmalik, originaire de M’sila. Lui-même et le moudjahid Retal Boualem ont été blessés mais ont, néanmoins, réussi à échapper à l’ennemi. Après de vaines tentatives de capturer les moudjahidine en fuite, les autorités françaises ont procédé à l’exécution du directeur de la prison française de Blida, huit jours après cette évasion, après l’avoir accusé de «complicité avec les dirigeants de la Révolution algérienne», a précisé le même moudjahid.

Il a souligné, à l’occasion, que parmi les moudjahidine évadés de la prison de Blida, beaucoup sont toujours en vie, citant, entre autres, Mohamed Dira de Sour El Ghozlane, Rahmouni Belkheir de Laghouat, Abddayeme Abddayeme et Rabih Tina de Biskra, et Omar Bezzaz de Constantine. Le moudjahid Boutiara, natif de Berrouaghia (Médéa), est décédé peu après l’indépendance, a-t-il ajouté.

Les 32 moudjahidine évadés de la prison de Blida à l’aube le 31 janvier 1962 étaient issus de différentes régions du pays, mais ont préféré poursuivre le combat pour l’indépendance de l’Algérie  à partir de la Wilaya historique IV, où ils sont restés. En fait, ils risquaient d’être arrêtés sur le chemin du retour, en raison de la multiplication des points de contrôle par l’armée française, qui n’a pas digéré l’évasion et n’arrivait pas à réaliser comment tous ces moudjahidine ont pu s’enfuir d’une prison de haute sécurité et, de surcroît, mitoyenne su siège de la gendarmerie française.

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