Les 78 policiers et six employés d'une compagnie pétrolière retenus depuis le jeudi 2 mars par des manifestants dans le sud-ouest de la Colombie ont été libérés, a annoncé vendredi le président Gustavo Petro. «Grâce aux efforts des ministres de la Défense et de l'Intérieur, les membres de la police et les employés de la compagnie pétrolière retenus à San Vicente del Caguan Caqueta ont été libérés», a annoncé le dirigeant de gauche sur Twitter, au lendemain de violentes manifestations qui ont fait deux morts.
Désamorcer la crise
Des fonctionnaires du gouvernement colombien, du bureau du médiateur et de celui du procureur général se sont rendus dans la matinée de vendredi dans la région pour désamorcer la crise. Les manifestations contre la compagnie pétrolière Emerald Energy ont commencé en novembre. Les protestataires reprochent à l'entreprise de ne pas avoir tenu certaines promesses faites aux habitants de la région, comme des constructions d'infrastructures et 40 km de routes goudronnées.
«J'irai moi-même dialoguer avec les paysans sur leurs besoins, leurs plaintes, leurs revendications. (...) Les actions violentes anéantissent non seulement la possibilité d'avoir un gouvernement populaire progressiste, mais aussi les chemins vers la paix», a ajouté Gustavo Petro dans un communiqué envoyé à la presse. Il a par ailleurs exhorté la justice «d'enquêter et d'identifier les criminels qui devront être jugés».
Les manifestations contre la compagnie pétrolière Emerald Energy, basée en Grande-Bretagne et filiale du groupe d'État chinois Sinochem, se sont soldées jeudi par des affrontements avec les forces de l'ordre. Au-delà des individus retenus, un paysan et un policier ont été tués et plusieurs personnes ont été blessées, selon le bureau du Défenseur du peuple.
«Meurtres, enlèvements et autres actes de violence»
«Nous apprécions que les parties se soient engagées dans un processus de dialogue qui permettra de mettre un terme à la tension générée par les affrontements entre les communautés paysannes et les forces de l'ordre», a souligné le bureau du médiateur. Selon l'institution chargée de veiller au respect des droits humains en Colombie, «les personnes reçues étaient en bonne condition physique apparente».
Des vidéos diffusées par les médias locaux ont montré un incendie et des groupes de manifestants armés de bâtons traînant au sol un policier qui les supplie de ne pas le passer à tabac. Le bureau du procureur a annoncé qu'il allait enquêter sur les «meurtres, enlèvements et autres actes de violence», commis en marge des manifestations.