Colombie : l'armée présente ses excuses pour avoir exécuté des civils

04/10/2023 mis à jour: 06:30
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Le père d'un civil assassiné assiste aux excuses publiques du gouvernement pour les exécutions extrajudiciaires à Bogota et Soacha, à Bogota, le 3 octobre 2023

Le mardi 3 octobre, l'armée colombienne a fait un geste historique en présentant des excuses aux familles de civils décédés des mains de soldats, victimes de la pratique tristement célèbre connue sous le nom de « faux positifs ». Ces civils avaient été faussement présentés comme des guérilleros tués au combat.

Selon la Juridiction spéciale pour la paix (JEP), un tribunal spécial chargé d'enquêter sur les pires crimes commis pendant le conflit colombien, entre 2004 et 2008, pas moins de 6402 civils ont perdu la vie dans le cadre de cette politique scandaleuse. Dans certains cas, les victimes civiles étaient habillées en tenues de guérilla pour dissimuler leur véritable identité.

Lors d'une cérémonie à Bogota, le général Luis Ospina, chef de l'armée, a déclaré : « Nous reconnaissons que des membres de l'armée ont commis des actes épouvantables qui n'auraient jamais dû se produire ». Il a ajouté que les responsables de ces assassinats et leurs complices avaient terni la réputation et la légitimité de l'institution militaire. Il a conclu en présentant « les excuses les plus sincères » aux familles des victimes. Il s'agit là d'un des plus grands scandales impliquant l'armée colombienne pendant son conflit avec les guérillas d'extrême gauche.

La plupart des femmes présentes à la cérémonie ont exprimé leur désir de connaître la vérité sur les personnes qui ont donné l'ordre de tuer ces civils dans le but de manipuler les statistiques de lutte contre la guérilla, en échange d'avantages tels que des congés et des décorations, entre 2004 et 2008.

Selon des organisations de victimes, des membres de l'armée avaient abusé de la confiance de jeunes hommes en leur promettant des emplois avant de les exécuter. Certains commandants de l'armée avaient nié que de telles pratiques aient été systématiques, les qualifiant d'inventions de groupes de gauche cherchant à discréditer les forces de l'ordre.

Toutefois, certains militaires ont affirmé devant la JEP avoir subi des pressions de la part de leurs supérieurs, notamment de Mario Montoya, un général à la retraite et ancien chef d'état-major de l'armée de terre, très proche de l'ancien président de droite Alvaro Uribe. Montoya a été inculpé en août dernier par la JEP pour crimes contre l'humanité en relation avec le meurtre et la disparition de 130 civils présentés à tort comme des guérilleros morts au combat.

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