A l’initiative du Gras (Unité de recherches en sciences sociales), un colloque international «sur les crises au quotidien» est organisé depuis hier au niveau de l’amphithéâtre Talahite de l’université Docteur Taleb (ex-IGMO) à Oran.
Un colloque, considéré comme un aboutissement du fait de résulter, aux dires de Mohamed Mehboul, son initiateur, «d’un long processus de recherches de 32 ans sur les questions socio-sanitaires, conduit au sein de Gras». Ce rendez-vous scientifique a donc permis, dit-il, de privilégier «le point de vue» des différents acteurs sociaux «dans le but de comprendre de l’intérieur les sens qu’ils attribuent à leur quotidienneté avec toutes ses contraintes et ses incertitudes».
«Le langage des crises, étaye-t-il dans son intervention d’ouverture, peut être pertinent en élucidant ce qui cristallise dans le quotidien des populations, en identifiant précisément ses enjeux politiques, économiques et sociaux pour permettre la production de connaissances».
Faisant référence à l’écrivain français Jean Giono, lorsqu’il écrit «ma sensibilité dépouille la réalité quotidienne de tous ses masques», le Pr Mebtoul affirme être convaincu que la littérature, dans sa façon de produire le récit dans ses multiples nuances, -captant avec subtilité la parole des personnes-, «est une façon de mettre à nu ce que les dominants refusent de ‘voir’ ou de reconnaître au cœur des dynamiques sociales au quotidien».
«La vie quotidienne, avec ses multiples insignifiances (selon le philosophe Henri Lefèbvre) n’est pourtant pas sans pertinence pour appréhender profondément ces mondes sociaux et professionnels au quotidien fonctionnant souvent dans l’invisibilité, le silence, la défiance, l’indignité, l’errance sociale et psychique», dit-il, avançant que ces multiples flous «à la fois cognitifs et socio-organisationnels marquent profondément les rapports sociaux au quotidien.»
Enfin, il dira que ce sont quatre thématiques qui structurent ce rendez-vous scientifique de deux jours (hier et aujourd’hui), à savoir «travail et migrations» ; «langue, discours et éducations» ; «santé et société» et enfin «droit et citoyenneté».
Pour la matinée d’hier, quatre intervenants ont pris la parole à tour de rôle : Eric Hamraoui (philosophe du CNAM-CRTD de Paris), Mehdi Larbi (sociologue de l’université Ibn Khaldoun de Tiaret), Daniel Migairou (praticien en médiation singulière, doctorant en philosophie du CNAM-CRTD de Paris) et enfin l’écrivain algérien Tawfiq Belfadel, qui a lu des extraits de son dernier roman.