Ces dernières semaines, les mélomanes d’Oran se pâment d’admiration pour un collectif musical qui vient de naître et s’impose déjà sur la scène artistique. Il s’appelle Vengo et est constitué de plusieurs groupes et musiciens.
Il a vu le jour il y a moins de deux mois de cela et depuis, à rythmes très réguliers, il organise des concerts de haute facture, drainant à chaque fois beaucoup de monde.
Si on va chercher du côté de son étymologie, Vengo signifie «Je viens» en espagnol, et à vrai dire, nous explique le musicien Yacine Bouha, un des représentants de ce collectif, la véritable origine se trouve dans un film au titre éponyme, réalisé par Tony Guatlif, un gitan d’origine algérienne. «Vengo est un avant tout un collectif qui vient d’une nécessité de présenter de la bonne musique instrumentale (flamenco, salsa, jazz) ou encore du bon raï ancien dans les restaurants, les bars et les salles de théâtres et de spectacles», explique Yacine Bouha qui dit que le collectif de Vengo a fait le constat que la ville d’Oran, qui se targue d’être la capitale musicale de l’Algérie, ne recense que peu d’alternative au raï actuel (davantage connu sous le nom de raï-business). «Et nous, en tant que musiciens soucieux de l’avenir de la musique oranaise et algérienne, on veut présenter une alternative à ça».
De ce fait, le collectif Vengo est né récemment, après quelques éléments déclencheurs, comme la fête de la musique organisée à l’Institut Cervantès en 2021, aux dires de Yacine Bouha, d’une véritable «movida» musicale avec notamment le groupe de rock-jazz alternatif Reverse, ou encore, le 5 mai dernier, à l’occasion de la Journée internationale du jazz, qu’avait organisée l’Institut Cervantès d’Oran. C’est ainsi que le collectif Vengo est né.
Depuis, les concerts s’organisent à rythme hebdomadaire dans quelques restaurants de la ville, mais le collectif ne compte pas en rester là. «Cet été 2023, il est prévu beaucoup de projets de concerts, notamment dans les restaurants oranais, mais pas que ! On a parlé avec Mourad Senouci, directeur du théâtre régional d’Oran qu’on salue, et il nous a permis déjà de programmer une date avec lui.
On espère préparer quelque chose pour le public oranais au théâtre de même qu’on veut se produire à Alger et partout ailleurs en Algérie», explique-t-il. Notons que samedi dernier, un groupe affilié à Vengo, en l’occurrence Covalagua Jazz Band, a joué au Théâtre de la fourmi d’Oran en présence d’un public de connaisseurs. Amine Naas, créateur de ce groupe, nous explique que Covalagua Jazz Band se veut un hommage à ce lieu emblématique oranais, rasé il y a quelques années et dont la traduction latérale de l’espagnol signifie «la cave d’eau».
L’ambition de Covalagua Jazz Band est de chanter le terroir oranais tout en le mêlant à la salsa. Samedi dernier, 9 musiciens étaient sur scène, entre percussionnistes, batteurs, saxophonistes, pianiste, bassistes et autre. S’ils ont repris des morceaux anthologiques comme Besame Mucho, Kessass, ils ont pris soin de les mêler, se fiant entièrement à leur feeling, à des airs algériens. Hassraa ya Wahran est la seule chanson du répertoire de Covalagua à avoir été chantée, ce jour-là, par Amine, Naas, où se mélangeaient, dans un combo audacieux, la salsa, le flamenco et le raï.