Depuis quelque temps, la wilaya de Constantine s’est engagée dans d’importantes opérations de relogement visant à offrir une vie plus décente aux familles vivant dans des logements précaires. Un geste salutaire qui vient soulager une partie de la population.
Cependant, ce programme a aussi révélé ses limites, laissant plusieurs familles sur la touche, en proie à une exclusion qui suscite mécontentement et indignation. Ainsi, une quarantaine de familles de la cité Sakiet Sidi Youcef, connue sous l’ancien nom de «La Bum», dans la commune de Constantine, dénoncent le retard de leur relogement promis par les autorités locales.
La patience érodée, ces pères et mères de famille fustigent leur exclusion des grandes vagues de relogement initiées depuis le début de l’année, alors même que leurs conditions de vie, à leurs dires, sont devenues intolérables. Les habitations de ces familles, situées en face de l’immeuble 2003, non loin du tribunal de Ziadia, sont classées parmi les bidonvilles les plus vétustes de la wilaya.
Marquées par une dégradation avancée, ces habitations exposent les résidents à des coupures d’électricité fréquentes, exacerbées par les intempéries, et à des fléaux sociaux sévissant au sein du quartier, tels que la toxicomanie et les comportements déviants, rendant la vie commune de plus en plus difficile. Pire encore, l’insalubrité du quartier attire rongeurs et serpents, lesquels, provenant de l’oued situé à proximité, constituent une menace constante pour les enfants, tout particulièrement lors des fortes pluies susceptibles de provoquer des inondations.
Cette situation, alliée au risque d’effondrement des habitations, exacerbe la précarité d’un quotidien déjà miné par l’absence de gaz, obligeant les résidents à de longs déplacements pour se procurer des bouteilles de gaz, vitales durant cette saison hivernale.
À ce jour, ajoutent les concernés, «aucun plan concret de relogement ne leur a été proposé, et les démarches entreprises par ces habitants pour défendre leur cause auprès des autorités locales sont demeurées vaines».
Ces familles habitant l’un des rares bidonvilles existant encore dans la commune espèrent qu’en raison de leur faible nombre, elles pourraient aisément être intégrées aux futurs plans de relogement. Elles espèrent ainsi «bénéficier d’une allocation dans les logements récemment construits à Ali Mendjeli, notamment dans les unités de voisinage 20 ou 21».
Douze ans d’attente
Les témoignages recueillis auprès des concernés rappellent que leur quartier avait été inscrit dès 2013 sur la liste des habitations précaires destinées à la démolition, avec la promesse que les résidants seraient relogés et que les terrains seraient récupérés pour de nouveaux aménagements. Hélas, cette décision est restée lettre morte, et douze ans plus tard, les habitants demeurent suspendus à une attente sans fin.
La lenteur de ce processus, fulminent-ils «a engendré l’extension des familles, l’augmentation du nombre d’individus par foyer et, avec elle, la multiplication des difficultés sociales, plongeant de nombreuses familles dans un dénuement accentué.» La frustration des habitants est palpable ; ils dénoncent la marginalisation de leur quartier par les autorités et le rejet de leurs demandes de relogement, bien qu’un recensement ait été réalisé par la municipalité il y a plusieurs mois. Leurs démarches régulières et demandes d’informations auprès des autorités locales n’ont guère abouti, et ils soulignent avec amertume que leur relogement aurait dû figurer parmi les priorités, au même titre que ceux des quartiers de Djaballah 1 et Djaballah 2, déjà relogés lors des premières phases. Toutefois, sans explication, leur dossier semble avoir été écarté.
Se rendant à la daïra de Constantine pour obtenir des précisions, les résidants n’ont reçu pour seule réponse que «leurs dossiers de logement n’avaient pas encore été transmis pour numérisation et intégration au registre national». De retour à la municipalité pour plus de détails, il leur a été indiqué que cette formalité était superflue, les dossiers ayant déjà été déposés par les délégations municipales compétentes pour les quartiers concernés par le relogement.
Face à cette situation, les résidants expriment leur perplexité : «Pourquoi notre quartier doit-il subir un avenir aussi incertain ?» Aujourd’hui, désabusées, ces familles endurent des conditions de vie d’une dureté extrême, aggravées par la perspective d’un hiver rigoureux, après un été déjà éprouvant.